InternationalSociété

une Alliance longue de 75 ans


En tant que membre fondateur, le Grand-Duché profite aussi, 75 ans après le 4 avril 1949, d’une protection garantie par ses 31 alliés de l’OTAN. L’invasion russe en Ukraine domine cet anniversaire.

Pile 75 ans après la signature, à Washington, du Traité fondateur par 12 pays, l’Alliance atlantique – mieux connue sous son acronyme OTAN – se trouve face à un nouveau moment charnière. Aujourd’hui, les désormais 32 États membres sont appelés à trouver un terrain d’entente sur un soutien durable à l’Ukraine, en grande difficulté face à l’agresseur russe.

Le secrétaire général, Jens Stoltenberg, a mis sur la table la proposition d’un fonds d’aide doté de 100 milliards d’euros. «Nous discutons de la manière d’établir un cadre plus robuste et plus prévisible», a déclaré le Norvégien, hier, en ouverture de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN, invités à célébrer le 75e anniversaire de l’alliance, née sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale. Or, il n’est pas sûr que les 32 représentants des États membres auront quelque chose à célébrer. «Je ne crois pas que cela ait beaucoup de sens de discuter de contributions individuelles ici à nouveau et de jongler avec des chiffres», a lancé dès hier la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock.

Bettel à Trump : «Pas de mitraillettes en or»

Son homologue luxembourgeois s’est montré plus ouvert. «Nous serions amenés à contribuer à hauteur de 33 à 35 millions d’euros par an à ce fonds d’aide. Il reste pas mal de questions à clarifier, dont celle de savoir si cette enveloppe supplémentaire va être attribuée à notre effort de défense. Cela est d’autant plus important que l’on n’atteint pas encore le seuil des 2 % du PIB», expliquait Xavier Bettel, joint hier par téléphone. Une décision finale devra être prise par le Conseil de gouvernement.

Le chiffre clé est tombé. Censés fournir depuis 2014 un effort de défense équivalant à 2 % de leur PIB, seuls 18 pays sont aujourd’hui dans les clous. Le Grand-Duché est toujours la lanterne rouge avec une contribution de 0,83 %, soit quelque 700 millions d’euros.«Atteindre ce cap des 2 % n’est pas de la charité, même si je n’aurais jamais pensé devoir investir autant dans la défense. Or, nous avons pendant de trop longues années omis d’agir.» Sur la décennie écoulée, avec Xavier Bettel à la tête du gouvernement tricolore (DP-LSAP-déi gréng), l’effort de défense du Luxembourg a été quadruplé. «Il faut continuer à investir de manière intelligente. J’ai une fois fait remarquer à Donald Trump (NDLR : président américain de 2017 à 2021) que l’on ne pouvait pas acquérir des mitraillettes en or» pour atteindre le cap des 2 %, reprend le ministre des Affaires étrangères.

En attendant la feuille de route détaillée pour augmenter à «moyen terme» l’effort de défense à 2 % du revenu national brut (RNB) et non pas du PIB – une concession obtenue pour ne pas être «pénalisé» par la richesse créée par les plus de 220 000 travailleurs frontaliers –, le nouveau gouvernement continue d’investir sur quatre fronts : terre, air, espace et cyber (lire ci-dessous).

L’alliance avec l’OTAN ne se limite toutefois pas au volet financier. L’armée luxembourgeoise a ainsi engagé, sur les 30 dernières années, plus de 1 500 soldats dans le cadre des missions pour le maintien de la paix, notamment dans les Balkans, en Afghanistan et au Mali. Depuis 2017, des militaires sont déployés sur le flanc est de l’OTAN. Actuellement, ils sont 25 à être présents (en rotation) en Roumanie et 6 autres en Estonie. Au-delà du volet «boots on the ground», le Luxembourg fait partie intégrante de trois des huit coalitions capacitaires visant à soutenir l’Ukraine : l’«Artillery coalition» (fourniture de canons et d’obus), l’«Air Force Coalition» (financement de la formation de pilotes de combat) et l’«IT Coalition», où la Défense luxembourgeoise assure le lead avec l’Estonie.

«La Moldavie et la Géorgie tremblent»

Un autre défi majeur de l’OTAN sera d’enfin mieux coordonner la production et l’acquisition d’armes. «Les États-Unis disposent de quatre types d’armes et de quatre types d’hélicoptères. En Europe, on dispose de 30 types différents. Ce n’est plus tenable», fustige le ministre Bettel. Dans ce contexte, l’agence de soutien et d’acquisition de l’OTAN (NSPA), basée au Luxembourg, doit assumer un rôle central, comme le souligne la ministre Backes. Le 15 février dernier, elle avait souligné face à ses pairs «l’importance des acquisitions conjointes ainsi que du renforcement des capacités de production de notre industrie de défense».

Tous ces efforts sont nécessaires pour assurer que «l’Ukraine ne perde pas la guerre», mais aussi pour garantir le bouclier de protection qu’assure l’OTAN pour plus d’un milliard de personnes. «La Finlande et la Suède n’ont pas rejoint par plaisir l’Alliance. Il est à constater que les menaces visent des pays non membres. En Géorgie ou en Moldavie, les gens tremblent», indique Xavier Bettel. L’objectif ultime serait de retrouver et de faire perdurer la paix, «sans que l’on subisse un quelconque chantage». Salutations à Vladimir Poutine et Donald Trump.


Le Luxembourg sur quatre fronts

BUDGET La feuille de route pour augmenter l’effort de défense à 2 % du Revenu national brut (RNB) sera dévoilé en juillet (1,1 milliard d’euros en l’état actuel). En 2028, l’effort de défense équivaudra à 1 % du PNB. Les 696,3 millions d’euros pour 2024 représentent 0,83 % du PIB.

TERRE L’armée est présente avec 25 militaires en Roumanie et 6 soldats en Lituanie. À l’horizon 2030 sera opérationnel le bataillon belgo-luxembourgeois, composé de 700 membres, dont 350 militaires grand-ducaux.

AIR L’«armée de l’air» est composée de la flotte binationale de 7 avions de transport (photo) du type A400M (420 millions d’euros sur 35 ans), des avions de ravitaillement MRTT (598,4 millions d’euros sur 30 ans) et des avions Awacs (détection et commandement). Le budget pour renouveler la flotte reste à définir.

ESPACE Depuis 2015, le Grand-Duché a investi plus de 720 millions d’euros dans des satellites d’observation et de communication : GovSat-1 (225 millions d’euros), Luxeosys (309 millions d’euros) et le système O3b mPOWER (195 millions d’euros sur 3 ans).

CYBER La capacité de cyberdéfense se concentre actuellement sur l’IT Coalition, dirigée avec l’Estonie. En 2023, une première enveloppe de 23 millions d’euros a été débloquée. Entretemps, 10 pays de l’OTAN soutiennent la coalition. Le Royaume-Uni a l’intention de suivre prochainement.



Source link

Please follow and like us:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

RSS
Follow by Email
YouTube
Pinterest
LinkedIn
Share
WhatsApp