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travailler moins de 40h, oui ou non ?


Seuls le LSAP, déi Lénk, le KPL et Volt s’engagent à réduire la durée du travail hebdomadaire. Tous les autres partis plaident pour davantage de flexibilité, voire pour l’introduction de plus de congés spéciaux.

Est-ce bien raisonnable de réduire le temps de travail alors que les entreprises sont confrontées à une pénurie de main-d’œuvre? Voici la question de base qui accompagne le débat sur la semaine de 40 h, l’une des thématiques qui divisent le plus les partis en lice pour les élections législatives du 8 octobre.

Le LSAP a figuré parmi les premiers à sortir du bois en revendiquant le passage à la semaine de 38 h sans perte de salaire. «Il faudra le faire dans le dialogue et non pas l’imposer du haut vers le bas. Cela ne se fera pas non plus du jour au lendemain. Mais il est surtout important de pouvoir en discuter, car le monde du travail est en évolution», argumente Taina Bofferding, co-tête de liste dans le Sud, à l’occasion d’une table ronde organisée, mardi, par nos confrères du Tageblatt. «La digitalisation et la robotisation vont mener à une redistribution du travail. Il vaut mieux anticiper», ajoute la ministre sortante de l’Intérieur.

Le DP voit rouge

Un veto est aussitôt émis par le DP. «Vu les énormes difficultés existantes, notre crainte est que l’économie étouffe. Je vois mal aussi comment on peut créer la même richesse en travaillant moins, mais verser toujours les mêmes salaires. D’ailleurs, si cette mesure était tellement bénéfique, pourquoi ne voit-on pas davantage d’entreprises et de salariés sauter le pas alors que légalement, c’est déjà parfaitement possible ?», s’interroge le ministre Claude Meisch, candidat à sa réélection dans le Sud. Le parti libéral se range dans le camp de ceux qui plaident pour une plus grande flexibilité, avec notamment l’introduction d’un compte épargne-temps.

Pour rester dans la coalition sortante, déi gréng ne s’avancent pas trop sur la question, renvoyant aussi dans leur programme vers une réduction du temps de travail liée à de nouveaux congés pour familles. Meris Sehovic, le coprésident du parti, fait cependant une petite ouverture. «Il faudrait peut-être entamer une phase test qui serait accompagnée scientifiquement. L’idée serait de procéder de la sorte pour dégager des solutions sectorielles», développe-t-il.

La revendication du LSAP n’est finalement soutenue que par trois petits partis, dont un seul qui siège à la Chambre. Il s’agit de déi Lénk qui plaide même pour la semaine de 32 h, toujours sans réduction de salaire. «Cela rendrait justement les emplois plus attractifs. Et une réduction du temps de travail ne se traduirait pas forcément par un besoin plus important de salariés. Il s’agit d’une question de progrès social», affirme l’ancien député Marc Baum. Il rappelle que le Luxembourg a fixé en 1919 une première limite à 48 heures par semaine, avant de passer à 40 heures en 1970. «L’idée est de diminuer le seuil d’une heure par an, tout en effectuant une évaluation permanente», ajoute le candidat sudiste.

Le KPL plaide pour la semaine de 35 h, tandis que Volt est en faveur de la semaine de 4 jours, soit également 32 heures (lire en détail ci-dessous).

Irréaliste aux yeux de l’ADR. «Il serait certainement préférable de travailler moins pour le même revenu, mais vu le manque de main-d’œuvre, une telle mesure créerait plus de problèmes qu’elle n’amènerait de solutions. D’ailleurs, nous estimons que travailler 40 heures n’est pas si dramatique. Au Luxembourg, on bénéficie de plus de jours de congés que dans d’autres pays», argumente le président Fred Keup, également favorable à une flexibilisation du travail au lieu de réduire la durée hebdomadaire.

Un veto également émis par le CSV

«Travailler 40 heures n’est pas de trop. C’est plutôt la qualité du travail qui compte, avec notamment la création de bureaux satellites aux frontières et un recours renforcé du télétravail», enchaîne Chris Bernard, représentant du Parti pirate à la table ronde du Tageblatt.

Fokus se dit aussi plus «sceptique», tout en replaçant la discussion dans un autre contexte. «Il serait plus important de réduire le temps de parcours entre le domicile et le lieu de travail. Ce ne sont pas les 40 heures qui sont le problème, mais les heures perdues tous les jours sur la route», avance Luc Majerus. Cela n’empêche pas des réductions du temps de travail plus ciblées.

Et qu’en est-il du CSV, qui vise à revenir au pouvoir? Il plaide assez vaguement pour une «nouvelle organisation du temps de travail» qui ne soit pas imposée du haut vers le bas. «Il nous faut aussi améliorer la « work-family balance« . Pour le reste, une réduction structurelle du temps de travail aggraverait la pénurie de main-d’œuvre, avec un impact négatif sur la croissance et le financement de l’État social», met en avant Georges Mischo, le bourgmestre d’Esch-sur-Alzette.

Les partis Liberté et déi Konservativ ne se positionnent pas sur le temps de travail dans leurs programmes respectifs.

Dans les programmes


LSAP

Le LSAP revendique la semaine de 38 h sans perte de salaire, en passant – dans un premier temps – par des «projets pilotes (…) dans différents secteurs». Il est aussi envisagé de mettre en place un «système d’encadrement et d’aides» pour les entreprises. En parallèle, le LSAP veut passer à 6 semaines de congé légal par an.


DP

Le DP veut des modèles de temps de travail flexibles, grâce à l’annualisation du temps de travail et aux comptes épargne-temps, adaptés aux besoins individuels. Un droit temporaire au travail à temps partiel pour les parents et l’élargissement des congés parental et de paternité (10 à 15 jours) sont d’autres propositions.


Déi gréng

Déi gréng comptent «veiller au bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée (…) en renforçant la mise en œuvre des dispositions existantes relatives à la flexibilité du temps de travail (…)».  L’extension des congés spéciaux et un droit généralisé au temps de travail partiel (parents compris) sont d’autres idées.


CSV

Le CSV plaide pour une «autre organisation du temps de travail» qui ne doit être ni généralisée ni imposée du haut vers le bas. Le dialogue avec les partenaires sociaux doit primer, notamment pour définir des réductions ciblées à l’échelle de l’entreprise et créer, ainsi, un «nouvel équilibre entre travail et vie privée».


déi lénk

D’ici 2030, déi Lénk veut instaurer la semaine de 32 h sans réduction de salaire, notamment par le biais d’un renforcement du régime des conventions collectives. Les PME doivent bénéficier d’aides étatiques durant une période de transition. Dès 2024, déi Lénk veut introduire une 6e semaine de congé payé légal par an.


ADR

L’ADR refuse formellement de toucher à la semaine de 40 h. Le parti se dit néanmoins ouvert à une flexibilisation du temps de travail, à négocier entre le salarié et son patron. Le programme cite aussi une étude selon laquelle une réduction de 10 % du temps de travail nécessite le recrutement de 50 000 salariés en plus.


Fokus

Fokus se dit «sceptique» quant à une «réduction structurelle généralisée» du temps de travail. «Mais nous sommes pour les réductions (…) partout où elles sont possibles, utiles, bénéfiques et socialement productives et pour la mise en place de contreparties», précise le programme. Les parents seraient notamment éligibles.


Pirate

La flexibilisation du temps de travail et le «respect de la vie privée» sont les priorités du Parti pirate. Une période de référence (40 h en moyenne annuelle) et des «cadres mobiles» (commencer plus tôt, terminer plus tard) sont proposés. Le recours renforcé au télétravail est un autre point du programme électoral.


Volt

Volt plaide pour lancer des projets pilotes afin de réduire le temps de travail sans perte de salaire. Le parti dit suivre la mise en œuvre de la semaine de 4 jours au Portugal. Si les tests effectués sont «concluants et améliorent réellement la productivité et la santé mentale», Volt compte introduire ce modèle au Luxembourg.


KPL

Le Parti communiste revendique la semaine de 35 h, sans perte de salaire. En parallèle, la durée de travail maximale doit être respectée à la lettre. Le KPL veut abolir les exceptions qui existent dans ce domaine. En outre, le parti veut obliger les entreprises de plus de 100 salariés à négocier une convention collective.



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