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Pour son ministre de la Défense, l’Allemagne doit « se préparer à la guerre »


Ces derniers mois, notamment en France, on évoque la nécessité pour les forces armées de se préparer à un « engagement de haute intensité » et non à une « guerre ». Au plus consent-on à parler de « guerre hybride » pour qualifier les opérations menés par un « compétiteur » au-dessous du seuil de déclenchement d’un « conflit ».

En Allemagne, le mot « guerre » est d’autant plus tabou qu’il renvoit à un passé difficile – si ce n’est impossible – à assumer. Si, lors de la Guerre froide, ce pays s’est à nouveau doté de forces armées [la Bundeswehr a été créée en 1955, ndlr] sous la subordination de l’Otan, la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’Union soviétique se sont traduits par le délitement de ses capacités militaires, dû à un sous-investissement chronique, par ailleurs favorisé par une opinion publique plutôt pacifiste.

En Allemagne, « personne ne veut devenir ministre de la Défense », avait même souligné la géopoliticienne Ulrike Franke, dans un « podcast » du Collimateur de l’Institut de Recherche Stratégique de l’Ecole Militaire [IRSEM]. Aussi, le réveil a été brutal avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie…

« Vous vous réveillez le matin et vous réalisez qu’il y a la guerre en Europe. […] Dans ma 41e année de service en temps de paix, je n’aurais pas cru devoir vivre une autre guerre. Et la Heer que j’ai l’honneur de commander est plus ou moins ‘à sec’, au point que les options politiques que nous pouvons proposer pour soutenir l’Otan sont extrêmement limitées », avait déploré le général Alfons Mais, le chef d’état-major de la composante terrestre de la Bundeswehr, quelques heures après le début de la guerre en Ukraine.

Désormais, il s’agit de « réparer » la Bundeswehr… D’où la « Zeitenwende » [« tournant » ou « changement d’époque »] annoncé par Olaf Scholz, le chancelier allemand, en mars 2022. Ce qui s’est depuis concrétisé par la création d’un fonds spécial de 100 milliards d’euros afin de remettre à niveau les capacités militaires du pays.

Cependant, certains estiment que le rééquipement et la remise en état de la Bundeswehr n’est pas assez rapide. Ce que Boris Pistorius, le ministre allemand de la Défense, a contesté, lors d’un entretien accordé à la ZDF, le 29 octobre. « Tout ce qui a été gâché en 30 ans et délabré ne peut pas être récupéré en 19 mois », a-t-il fait valoir. « Mais dans trois, quatre ou cinq ans, la Bundeswehr sera complètement différente », a-t-il assuré.

En tout cas, il pourra compter sur l’appui de l’écologiste Robert Habeck, le ministre de l’Économie. « L’Allemagne doit faire davantage pour sa sécurité » et « pour cela, la Bundeswehr aura besoin de beaucoup d’argent », a-t-il dit, dans les pages du « Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung ».

Cela étant, cet effort budgétaire ne sera pas suffisant sans un changement de mentalité outre-Rhin. Et M. Pistorius n’a pas hésité à utiliser le mot « guerre ».

« Nous devons nous habituer à nouveau à l’idée qu’il pourrait y avoir une menace de guerre en Europe », en effet déclaré le ministre allemand de la Défense. Et cela « signifie que nous devons nous préparer à la guerre, que nous devons être capables de nous défendre et d’y préparer la Bundeswehr et la société », a-t-il ajouté.





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