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Le rectorat de Versailles au cœur d’une nouvelle polémique, Attal condamne un courrier envoyé à un père


« Un courrier type écrit par un juriste au fond d’un couloir », « un manque de considération » ou encore « l’absence de prise en compte de la situation ». Ce père de famille des Yvelines en veut terriblement au rectorat de Versailles. En cause, les réponses envoyées par celui-ci aux familles qui dénoncent des faits, comme celle reçue par les parents de Nicolas, le lycéen qui s’est donné la mort début septembre à Poissy après avoir été victime de harcèlement.

Une nouvelle lettre dont le ministre de l’Éducation, Gabriel Attal, « condamne fermement » le ton ce vendredi. Il avait déjà qualifié de « honte » samedi dernier un courrier du rectorat envoyé en mai aux parents de Nicolas, les menaçant de dénonciation calomnieuse. Dans la foulée, le ministre a convoqué les recteurs d’académie en début de semaine pour provoquer « un électrochoc à tous les niveaux » contre le harcèlement scolaire.

D’après les premières remontées de l’audit mené dans l’académie de Versailles, « d’autres courriers de ce type ont été envoyés à plusieurs familles », confirme le ministère ce vendredi. Dans d’autres académies ? La Rue de Grenelle n’a « pas d’autres éléments à communiquer » à ce stade, nous indique l’entourage de Gabriel Attal. L’ancien porte-parole du gouvernement a prévu de rencontrer le nouveau recteur pour faire le point dès lundi matin et de « faire la transparence sur l’ampleur de cette pratique, d’y mettre un terme, et d’en tirer toutes les conséquences », indique son cabinet.

Une lettre identique « presque mot pour mot » à celle envoyée aux parents de Nicolas

La nouvelle lettre polémique, envoyée par le service interacadémique des affaires juridiques du rectorat, reprend « presque mot pour mot » les paragraphes de celle reçue par la famille de Nicolas. On y retrouve l’injonction à changer de comportement : « Aussi, dans l’intérêt de votre enfant et par souci d’exemplarité à son égard, je vous enjoins d’adopter une attitude constructive et respectueuse envers les autres membres de la communauté éducative et plus largement tout personnel de l’Éducation nationale qui œuvrent à la prise en charge de votre fille et agit au mieux à son égard. » Puis le responsable écrivant au nom de la rectrice de l’époque, Charline Avenel, prévient : « Je serai contraint, le cas échéant, de prendre toutes les mesures nécessaires, tant au bon fonctionnement du service pub qu’à la protection et à la sécurité des personnels qui y concourent. »

« Il est évident qu’il s’agit de courriers type, envoyés dans une logique de défense. Mais sur des situations aussi douloureuses, ce n’est vraiment pas adapté. Cet usage, sans doute dicté par un manque de personnel dans l’administration, est d’une froideur déplorable. Il serait préférable de mettre les moyens pour organiser de la médiation, des rencontres physiques », commente Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du syndicat enseignant Sgen-CFDT.

Le père reproche à l’établissement de ne pas avoir alerté la police

Pour le père de famille, ces quelques lignes sont à mille lieues de ce qu’il attendait. Dans un mail envoyé à l’institution, il expliquait les faits qui l’avaient poussé à porter plainte à la mi-mars au commissariat de Conflans-Sainte-Honorine. En cause des attouchements répétés par un animateur sur sa fille « sous couvert de chatouilles », dénonçait-il.

Mais aussi la gestion de cette affaire par la direction de l’école et celle des affaires scolaires de la ville « qui n’ont pas prévenu la police ni les parents comme ils auraient immédiatement dû le faire » mais ont alors renvoyé la jeune fille en classe après l’avoir entendue. « Après investigation, il est apparu que la procédure en vigueur dans ce cas de figure a été entièrement respectée », se défend pourtant le rectorat.

En demandant des explications à la directrice « qui ne voulait pas que j’enregistre notre conversation », l’homme reconnaît s’être « énervé » et avoir « claqué la porte » en menaçant d’attaquer « pour non-assistance à personne en danger ». Ce qu’évoque également le courrier de l’institution en condamnant des propos et un comportement « inacceptables » face au personnel de l’Éducation nationale dont le professionnalisme et l’intégrité n’avaient pas à être remis en cause de la sorte ».

« On ne cherche pas à plomber l’institution mais savoir ce qui s’est passé »

L’animateur, « qu’on nous a présenté comme étant un peu gauche » a été immédiatement mis à pied. « La seule réponse que j’ai eue est celle de la mairie », explique le père de famille. Pour le reste, il évoque « un mur » : « On nous explique juste que c’est de notre faute, que c’est nous qui condamnons sans preuve. »

Et le papa d’ajouter : « On ne cherche pas à plomber l’institution. Tout ce qu’on veut, c’est savoir ce qui s’est passé. » Au lieu de ça, « il n’y a aucune place pour les victimes dans le système », déplore-t-il.

Mis en lumière par le courrier reçu par les parents de Nicolas, rendu public le 16 septembre dernier, ces courriers ont provoqué un tollé. Plusieurs membres de l’académie de Versailles ont depuis reçu des menaces de mort et des insultes, sur les boîtes mail professionnelles et sur les réseaux sociaux. Une plainte a été déposée mercredi.



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