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Le chef d’état-major des armées déplore la trop faible « visibilité » des militaires au sein de la société


Malgré les évènements organisés chaque 14-Juillet, les « journées portes ouvertes » des bases et des régiments, les meetings aériens et les missions qu’ils assurent au quotidien, que ce soit sur le territoire national [Héphaistos, Sentinelle] ou sur des théâtres extérieures [avec la couverture médiatique qui en découle], les militaires manquent-ils de visibilité dans l’espace public?

Le chef d’état-major des armées [CEMA], le général Thierry Burkhard, le pense. C’est en effet ce qu’il a affirmé ce 4 octobre, lors d’une audition à l’Assemblée nationale dédiée à l’examen du projet de Loi de finances [PLF] 2024. Et pour lui, cela pourrait expliquer les difficultés en matière de recrutement, à un moment où le format de la réserve opérationnelle doit doubler tandis que les armées auront à renforcer, renouveler et fidéliser leurs effectifs.

« Pour les réservistes comme pour les gens d’active, on a aujoud’hui un vrai problème de visibilité. Il y a le sujet de fidélisation, qui est important, mais il y a aussi celui du recrutement. Et je pense que, aujourd’hui, il y a des gens qui ne viennent pas dans l’armée parce qu’ils ne savent pas qu’on peut venir dans l’armée. Je suis juste provocateur mais, en fait, ce n’est pas si faux que ça », a dit le CEMA.

« Nous, les militaires, on a toujours la sensation d’être extrêmement visibles… Mais, en fait, les militaires sont minuscules : 300’000 hommes sur un pays [de plus de 65 millions d’habitants, ndlr], avec le mode de fonctionnement de la société [que l’on sait]. Les militaires sont en réalité extrêment peu visibles. Je ne sais pas si c’est 50% ou 70% des Français qui peuvent passer la totalité de leur vie sans avoir été au contact de militaires », a poursuivi le général Burkhard. Évidemment, la fin de la conscription n’y est pas pour rien… de même que l’apparition des « déserts militaires » après les réformes conduites en 2008-2014.

En tout cas, a estimé le CEMA, « on doit augmenter notre surface de contact ». Et cela passera par un « travail encore plus étroit avec l’Éducation nationale, avec qui nous sommes déjà en contact, avec des choses qui avancent », a-t-il continué. Les élus – et notamment ceux des commissions parlementaires dédiées à la Défense – ont aussi un rôle à tenir, a-t-il soutenu. Mais il s’agit d’aller encore plus loin, en profitant des exercices en terrain libre…

« Les grands exercices, quand ils se déroulent en terrain libre montrent bien tout ce qu’il y a à exploiter dans ce domaine là. L’exercice Orion l’a montré, avec finalement une augmentation conséquente de la mise en contact de la population avec ses militaires. Et je peux dire que, pour les militaires, c’était quelque chose qui a été extrêmement apprécié et valorisant. Et on travaille pour que, même pour les exercices de moindre niveau, on consacre une partie pour le contact avec la population », a conclu le général Burkhard.

Cette préoccupation au sujet du manque de visibilité des militaires dans la société n’est pas nouvelle. Alors chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Jean-Pierre Bosser l’avait évoquée en 2018, à un moment où il était question de réduire la voilure de l’opération intérieure Sentinelle, lancée après les attentats de janvier 2015. « Peut-être faudra-il revenir à des exercices en terrain libre, pour entretenir cette relation avec les Français? », s’était-il demandé.

Photo : EMA





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