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L’aide de l’ONU à Gaza menacée de paralysie, discussions autour d’une «pause» humanitaire


Les pourparlers s’intensifient ce mercredi pour un « cessez-le-feu » ou une « pause » humanitaire dans la bande de Gaza où l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) pourrait devoir cesser ses opérations dans la soirée faute de carburant.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé mardi devant le Conseil de sécurité à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » et condamné les « violations claires du droit humanitaire » dans le territoire palestinien, bombardé sans discontinuer et où l’aide n’arrive que parcimonieusement.

Ces déclarations se sont attiré une violente réaction du ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen. « Monsieur le secrétaire général, dans quel monde vivez-vous ? », lui a-t-il lancé.

Les États-Unis estiment qu’un cessez-le-feu ne « bénéficierait qu’au Hamas ».

Toutefois, « des pauses humanitaires » dans les combats pour permettre de l’aide doivent être « considérés », a nuancé le secrétaire d’État américain Antony Blinken devant le Conseil de sécurité, tandis que le président Joe Biden a estimé que l’acheminement de l’aide n’était « pas assez rapide ».

« Une seule mission » 

Soumise à un blocus israélien depuis que le mouvement islamiste Hamas y a pris le pouvoir en 2007, la bande de Gaza est placée depuis le 9 octobre en état de « siège complet », sans eau, électricité ni nourriture.

Ce siège du territoire de 362 km² où s’entassent 2,4 millions de personnes s’accompagne de bombardements sans relâche du territoire par Israël, en représailles à l’attaque du Hamas sur son sol le 7 octobre.

En prélude à une probable offensive terrestre, ces bombardements se sont intensifiés au cours des derniers jours. « Nous sommes avant la prochaine étape, elle est en route (…) nous avons une seule mission, écraser le Hamas », a réaffirmé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu devant ses troupes mardi.

« Rien ne saurait justifier » les « souffrances » des civils à Gaza

Plus de 1 400 personnes ont été tuées en Israël, la plupart des civils fauchés par balles, brûlés ou mutilés le jour de l’attaque du Hamas, selon les autorités. Des centaines de combattants du Hamas avaient infiltré Israël depuis Gaza, semant la terreur lors de cette attaque, d’une violence et d’une ampleur sans précédent depuis la création de l’État d’Israël en 1948. Environ 220 otages israéliens, étrangers ou binationaux ont en outre été recensés par Israël, emmenés à Gaza.

Mardi, le Hamas a affirmé que 5 791 personnes avaient été tuées par les bombardements de représailles israéliens depuis le début du conflit, en majorité des civils dont 2 360 enfants. Le président français, Emmanuel Macron, a jugé mardi que « rien ne saurait justifier » les « souffrances » des civils à Gaza, aux côtés du président palestinien Mahmoud Abbas en Cisjordanie occupée, après une visite de solidarité en Israël où il a insisté sur la libération des otages et plaidé pour une coalition internationale contre le Hamas.

Emmanuel Macron est le premier dirigeant occidental à se rendre au siège de l’Autorité palestinienne depuis le début de la guerre. Il est arrivé mardi soir à Amman en Jordanie, deuxième étape de sa tournée régionale.

« Le temps presse » 

Lundi soir, deux Israéliennes ont été relâchées par le Hamas, après deux otages américaines trois jours plus tôt. L’une d’elles, Yocheved Lifshitz, 85 ans, a raconté avoir « traversé l’enfer » lors de son enlèvement par des hommes à moto dans le kibboutz Nir Oz. Elle a ajouté qu’elle avait été « battue » puis emmenée dans « un réseau de tunnels souterrains », mais qu’elle avait ensuite été « bien traitée » pendant sa captivité de plus de deux semaines.

Le Qatar, impliqué dans les efforts visant à libérer les otages, a dit avoir « bon espoir » de parvenir à d’autres libérations. Une cinquantaine de camions d’aide internationale sont arrivés à Gaza depuis samedi en provenance d’Égypte via le poste-frontière de Rafah, le seul point de passage vers Gaza qui ne soit pas sous contrôle israélien. « Une goutte dans un océan de besoins », a jugé mardi Antonio Guterres.

« Sans carburant, l’aide ne peut être acheminée, les hôpitaux n’ont pas d’électricité et l’eau potable ne peut être purifiée ou même pompée », a-t-il ajouté. « Le temps presse. Nous avons un besoin urgent de carburant », a déclaré Juliette Touma, directrice de la communication de l’UNRWA, qui craint de devoir arrêter sinon ses opérations mercredi soir. Six hôpitaux ont déjà dû fermer leurs portes en raison du manque de carburant, selon l’Organisation mondiale de la santé mardi.

La livraison de carburant continue cependant d’être exclue par Israël. « Non, pour l’instant, nous n’avons aucun intérêt à ce que la machine militaire du Hamas reçoive davantage de carburant, et nous n’avons pas autorisé de carburant », a déclaré le conseiller de Benjamin Netanyahu, Mark Regev, sur la chaîne CNN.

Depuis le 15 octobre, l’armée israélienne appelle les civils du nord de la bande de Gaza à évacuer vers le sud. Toutefois, les frappes continuent aussi de toucher le sud.

Au total, au moins 1,4 million de Palestiniens ont fui leur foyer depuis le début de la guerre selon l’ONU et des centaines de milliers de déplacés sont massés dans des conditions humanitaires catastrophiques dans le sud, proche de la frontière égyptienne. « Nous demandons au monde entier qu’il intervienne et arrête la guerre. La plupart de ceux qui meurent sont des enfants », a appelé Ibrahim Abou Jazar, qui s’est réfugié dans une école de Rafah.

Frappes contre la Syrie

Face à un risque d’embrasement du conflit, le président français a appelé l’Iran, puissant soutien du Hamas, et ses alliés régionaux, le Hezbollah libanais et les Houthis au Yémen, à « ne pas prendre le risque d’ouvrir de nouveaux fronts ».

Antony Blinken a adressé mardi une mise en garde à l’Iran, déclarant que les États-Unis agiraient de manière « décisive » à toute attaque.

L’armée israélienne a elle annoncé mercredi qu’elle avait frappé des infrastructures militaires en Syrie en réponse à des tirs mardi en direction d’Israël, où les sirènes d’alerte aux roquettes avaient de nouveau retenti dans le sud et le centre du pays.

Dimanche, des frappes israéliennes avaient mis hors service les deux principaux aéroports de Syrie, ceux d’Alep et Damas, tuant deux employés selon des médias officiels syriens.

En Cisjordanie, trois personnes ont été tuées lors d’une attaque israélienne près du camp de réfugiés de Jénine, ont rapporté des médias palestiniens mercredi.

L’armée israélienne a confirmé avoir mené des « activités antiterroristes » dans la région où, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), au moins 95 Palestiniens ont été tués depuis le début du conflit.



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