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La Russie envisage de « sortir » du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires


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En septembre, il fut rapporté que la Russie était probablement sur le point de procéder à un nouvel essai de son missile de croisière à propulsion nucléaire « 9M730 Bourevestnik » [ou Burevestnik, code Otan : SSC-X-9 Skyfall] depuis son centre de Pankovo, situé dans l’archipel de Nouvelle-Zemble, en mer de Barents. Il n’aura pas fallu attendre trop longtemps pour en avoir la confirmation…

En effet, le 5 octobre, lors du forum international du club Valdaï, organisé à Sotchi, le président russe, Vladimir Poutine, a affirmé que les « travaux » relatifs aux armes « invincibles » qu’il avait présentées en mars 2018 étaient « pratiquement terminés ». Et d’ajouter : « Un dernier test réussi a eu lieu avec le Bourevestnik, un missile de croisière à propulsion nucléaire de portée mondiale » [celle-ci serait de 22’000 km, ndlr]. La Russie aurait donc réussi là où les États-Unis ont échoué, en renonçant, dans les années 1960, à leur programme « Pluton », après avoir investi plus de 2 milliards de dollars.

Évidemment, l’affirmation du chef du Kremlin ne peut pas, pour le moment du moins, être corroborée de manière indépendante. D’autant plus que les précédents essais du Bourevestnik n’auraient pas tous été concluants [avec probablement un accident survenu sur la base de Nyonoksa, en 2019] et que Moscou maintient un certain flou sur le développement de ses futures armes « stratégiques ».

C’est par exemple le cas du missile intercontinental RS-28 Sarmat, qui, pouvant emporter jusqu’à 15 ogives nucléaires mirvées, aurait une capacité de « bombardement orbital fractionné » [OGTch, pour Orbital’noi Golovnoi Chasti]. Selon Iouri Borissov, le chef de l’agence spatiale Roscosmos, cet engin serait déjà entré en service… alors que, à Sotchi, M. Poutine a affirmé que les travaux le concernant étaient « presque terminés ».

Quoi qu’il en soit, s’agissant du développement de nouvelles têtes nucléaires, la Russie pourrait se délier de ses obligations liées au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires [TICEN]. C’est en effet ce qu’a suggéré M. Poutine.

« J’entends déjà des appels à commencer, par exemple, des essais des armes nucléaires », a-t-il dit. « Les États-Unis ont signé un traité approprié sur l’interdiction des essais nucléaires, et la Russie l’a signé. La Russie l’a signé et ratifié, et les États-Unis ont signé, mais n’ont pas ratifié », a-t-il ensuite rappelé. Aussi, Moscou pourrait « théoriquement retirer son accord pour la ratification », a-t-il continué.

Effectivement, parmi les pays dotés de l’arme nucléaire [ou supposés l’être, comme Israël et la Corée du Nord], seuls la France, le Royaume-Uni et la Russie ont signé et ratifié le TICEN. Or, pour qu’il puisse entrer en vigueur, il faut que les 44 États figurant dans son annexe 2 [c’est à dire ceux possédant des réacteurs nucléaires à usage civil] l’aient ratifié. Ce qui n’est donc pas le cas. Aux États-Unis, le Congrès s’est ainsi opposé à sa ratification en 1999.

La sortie de la Russie du TICEN pourrait être annoncée sans tarder. « Le Conseil de la Douma d’État [chambre basse du Parlement russe, ndlr] va discuter, lors de sa prochaine réunion [prévue le 9 octobre], de la question sur la sortie de la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires », a en effet indiqué son président, Viatcheslav Volodine, via un communiqué diffusé dans la foulée des propos de M. Poutine. « La situation dans le monde a changé. Washington et Bruxelles ont déclenché une guerre contre notre pays [*]. Les défis actuels demandent de nouvelles solutions », a-t-il fait valoir.

Pour rappel, la Russie a déjà suspendu sa participation au New START, qui est le dernier traité de contrôle des armements impliquant la Russie et les États-Unis, ceux sur les Forces conventionnelles en Europe [FCE] et les Forces nucléaires intermédiaires [FNI] ainsi que celui appelé « Ciel ouvert » ayant déjà été dénoncés tant par Moscou que par Washington.

[*] C’est la Russie qui a lancé une guerre contre l’Ukraine, NDLR


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