Je suis psychologue pour enfants et voici pourquoi je ne crois pas du tout en l’éducation positive

Elle compte autant d’adeptes que de détracteurs. L’éducation positive, longtemps plébiscitée, fait désormais débat. Si les ouvrages vantant ses préceptes ont fleuri dans les rayons des librairies, de plus en plus d’experts se font entendre pour lever le voile sur les conséquences néfastes pour les enfants. Parmi les spécialistes qui font entendre leur voix ? Une personnalité bien connue, Caroline Goldman, psychologue pour enfants et adolescents.

En novembre dernier, la fille du chanteur Jean-Jacques Goldman a pris la parole dans l’émission La Matinale, diffusée sur l’antenne suisse RTS. Selon elle, l’éducation positive « ne prend pas en compte le besoin psychique de l’enfant ». « Ce qui cloche dans cette méthode, c’est le déni de besoin psychique des enfants qui ne concerne ni l’amour ni les explications, qui concerne la rencontre avec les limites éducatives et l’apprentissage de la frustration. Dénier que cette réalité existe, c’est mettre les enfants dans la souffrance parce qu’un tiers de leurs besoins psychiques n’est pas entendu. », a-t-elle déclaré sans détours. 

Caroline Goldman, la psychologue qui s’oppose à l’éducation positive 

La psychologue a toutefois tenu à nuancer ses propos. Elle a notamment rapporté que les textes anglo-saxons sur l’éducation positive, eux, brillent par leur justesse, notamment ceux du Conseil de l’Europe. Ils dépeignent cette dernière comme un équilibre subtil entre amour, bienveillance, encouragement, explication du monde et impositions de limites éducatives, incluant parfois des punitions non violentes lorsque la discussion ne suffit pas. Caroline Goldman a aussi souligné que l’explication seule ne résout pas toujours les conflits parentaux.

C’est la traduction française qui pose un problème selon son analyse. Réalisée par des experts autoproclamés sans réelle formation en psychologie ou en pédopsychiatrie, la notion de punitions non violentes a été écartée, tout comme la nécessité d’affronter la frustration, ainsi qu’elle l’a partagé. Cette mauvaise traduction aurait ainsi donné lieu « à une nouvelle forme de psychopathologie ». « Au départ, c’était censé faire du bien, mais je ne vois aucun bien à cette littérature. », a déploré la sœur de Michael Goldman. 

crédit photo : France 2 Caroline Goldman, une psychologue qui rejette l’éducation positive

Des conséquences néfastes sur les enfants du fait de l’éducation positive selon l’experte 

« On ment aux parents sur le réalisme de la méthode. On ne peut pas déclarer que si une société est violente, c’est parce que les parents ont puni les enfants dans la chambre », a conclu Caroline Goldman. À noter que la docteure en psychologie est souvent prise dans les polémiques du fait de son avis tranché. Comme l’éducation positive, elle aussi a son lot de détracteurs. Malgré les controverses, Caroline Goldman reste ferme dans ses convictions. Elle défend l’idée que les enfants ont besoin de limites claires pour se développer, et elle met en avant les vertus du « time out » pour instaurer ces limites de manière respectueuse.

Le « time out », également connu sous le nom de mise au coin, peut être résumé en français par l’expression familière « File dans ta chambre ». Cette pratique éducative implique d’envoyer temporairement l’enfant dans sa chambre ou dans un autre endroit isolé après un comportement jugé inapproprié. La fille de Jean-Jacques Goldman a ainsi fait part de ses inquiétudes face au courant en opposition à ses convictions : « Tous les spécialistes en psychologie de l’enfant et de l’adolescent, parmi lesquels Marcel Rufo, font le constat d’une explosion des troubles du comportement depuis environ huit ans, induite par cette éducation positive mal traduite. », a-t-elle martelé au magazine suisse Femina.

Le « time out », la pratique prônée par Caroline Goldman, qui s’oppose aux principes de l’éducation positive 

« Les tenants de cette idéologie pensent qu’imposer quelque chose à l’enfant est violent, que lui dire non est violent. Mais lorsqu’on ne rencontre pas la limite durant sa jeunesse, on bute éternellement contre elle. », a-t-elle ajouté. Les conséquences selon elle ? « Des enfants déboussolés vont ainsi buter contre ce qui, pour nous, nous semble pourtant une évidence : ne pas agresser ou harceler les autres, ne pas crier au milieu de tout le monde, ne pas répondre grossièrement, ne pas courir au milieu de la route sans porter attention à l’environnement… »

crédit photo : France Inter L’avis clivant de Caroline Goldman, fille de Jean-Jacques Goldman

La période est clé pour Caroline Goldman. « Je crois que nous sommes enfin à une période charnière où l’on prend conscience sérieusement des excès de cette manière d’éduquer. Autrefois, nous souffrions des excès des violences éducatives, et maintenant, nous sommes face à cette tragédie de ces excès de l’éducation positive, avec des parents complètement dépassés par cette liberté sans limites. », a-t-elle rapporté. Des propos qui entraînent bien souvent de vives critiques parmi les thérapeutes qui partagent des avis divergents, tels que Isabelle Filiozat et Catherine Gueguen, qui prônent, quant à elles, la communication non violente et l’abolition des punitions.