Cette femme de ménage sans tabou sur son « travail invisible », “J’incarne la misère sociale”
Ce 4 avril est consacré à la journée mondiale du travail invisible. Si cette réalité est encore méconnue en France, cette journée permet tout de même de mettre en lumière ces personnes qui travaillent dans l’ombre sans véritable reconnaissance, souvent en situation précaire, et qui, pourtant, sont essentielles au bon fonctionnement de la société. Cette femme de ménage est l’une d’entre elles.
Celle dont l’identité n’a pas été dévoilée a tenu à partager son quotidien dans les dédales des bureaux et des salles de réunion encore endormies à travers un témoignage publié sur le site d’actualité HuffPost. Cette travailleuse précaire, invisible aux yeux de tous et pourtant ô combien indispensable, incarne le travail invisible.
Femme de ménage : un travail invisible, mais ô combien essentiel
Elle décrit sans fard ses conditions de travail, l’envers du décor. Son quotidien, elle le compare à celui d’une « Cendrillon des temps modernes ». Faire briller les bureaux, vider les poubelles, dépoussiérer les écrans, nettoyer les miroirs, aspirer la moquette, laver les sols ou encore changer les rouleaux de papier et récurer la cuvette des toilettes sont autant de tâches auxquelles doit s’atteler la femme de ménage, le tout, dans un rythme effréné et sous le regard de ses employeurs.
Elle partage d’ailleurs ce train d’enfer qui lui est imposé : « En deux heures, je dois assurer le nettoyage d’une quarantaine de bureaux, de plusieurs salles de réunion, de sanitaires. Cela représente près de deux minutes par bureau ; à cette cadence infernale, on exige de moi d’être une « Wonder Woman » de la propreté. » Un rythme épuisant pour un salaire minimum, qui plus est. La femme dénonce :« Exténuée, j’ai une reconnaissance de travailleur indigne. »
Femme de ménage : entre travail invisible et précarité
La femme n’a en effet que peu de répit. Chaque jour, elle se lève avant l’aube. Puis, elle parcourt pas moins de 30 kilomètres en transport en commun pour se rendre sur son lieu de travail. Sa présence ne doit pas être remarquée, elle n’a donc pas d’autres choix que de s’astreindre à des horaires morcelés. Elle partage : « Je suis ce que l’on appelle un travailleur précaire. Je trime. »
De plus, comme si cela ne suffisait pas, elle doit de surcroît composer avec la pression exercée sur sa profession, comme elle le souligne : « Mon travail est scruté. Aucun écart n’est toléré. Aucune trace. Aucun grain de poussière. Un cahier de doléances est mis à disposition des salariés des entreprises […] Pourfendeurs ayant le pouvoir d’accabler la femme de ménage et de la faire décamper plus vite que son ombre. »
La résilience des travailleurs invisibles
Malgré l’absence de reconnaissance, une santé physique fragilisée par des gestes répétitifs et des charges lourdes, la femme ne rechigne pas à la tâche. Elle continue parce qu’elle n’a pas le choix comme elle l’explique : « Pour garder sa place, il faut se soumettre aux diktats, aux heures supplémentaires impayées. Car nous sommes interchangeables. […] Alors, je me tais et subis. »
La femme partage ensuite, à travers des mots poignants, le manque cruel de dignité auquel elle est confrontée : « Une injustice qui tenaille les tripes, celles de l’ouvrier non qualifié que je suis, réduit en servitude par le système. […] Un travail pénible, ingrat, intense, qui use le corps et annihile la pensée. Une absence de reconnaissance, une image dégradée. J’incarne la misère sociale. » Pourtant, ces petites mains invisibles et malmenés sont indispensables. Voilà pourquoi, en cette journée mondiale du travail invisible, il est temps de leur donner la place qu’elles méritent.