Tensions autour de l’aide russe en blé destinée à la Centrafrique : deux entreprises camerounaises accusées de trahison
La réception d’une cargaison de 50 000 tonnes de blé offerte par la Russie à la République centrafricaine suscite des tensions au Cameroun. Initialement destinée à transiter simplement par le pays, cette assistance humanitaire prend une tournure controversée avec la demande de vente formulée par le Directeur général des Douanes et Droits indirects de la Centrafrique aux minoteries camerounaises.
Le Groupement des industries meunières du Cameroun (Gimc) s’oppose fermement à cette vente et propose plutôt de mettre à disposition des installations de transformation du blé au profit de la Centrafrique. Cependant, deux entreprises locales, la Société des céréales du Cameroun (SCC) et Africa Foods Distribution, propriétaire de la marque Broli, auraient décidé de contourner le Gimc et de négocier directement avec le ministre camerounais du Commerce.
La SCC, minoterie appartenant au défunt milliardaire camerounais Kadji Defosso, aurait acquis la cargaison de blé russe dans le but de le transformer en farine pour la revendre à l’État centrafricain. Pour financer cette opération, la SCC aurait convaincu Africa Foods Distribution, propriétaire de la marque Broli, de devenir son partenaire.
Au sein de l’interprofession, ces deux entreprises sont désormais considérées comme des « traîtres » à l’organisation. Certains membres craignent que la farine résultante soit vendue sur le marché camerounais à un prix relativement bas, inondant ainsi le marché national.
Les craintes au sein du Gimc sont exacerbées par le fait que la SCC, en acquérant ce blé russe, pourrait potentiellement dominer une grande partie du marché local. Certains redoutent que la SCC ne rétrocède pas la farine à la RCA, mais la vende sur le marché camerounais à des prix compétitifs, mettant ainsi en péril les autres producteurs de farine.
Les autorités camerounaises et les observateurs suivent de près l’évolution de cette situation qui pourrait avoir des répercussions sur les marchés alimentaires locaux et régionaux. En attendant, SCC et Africa Foods Distribution restent silencieuses face à ces accusations de trahison formulées par les membres du Gimc.
