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Témoignage : « Ma mère m’a dit que j’étais grosse et moche, et que je ne me marierais jamais » (podcast Grossophobia)


En cette nouvelle année, nombreux sont les Français qui ont pris de bonnes résolutions. Un sondage Ipsos révèle que ces dernières tournent essentiellement autour du bien-être et de l’apparence physique. Ainsi, 37 % des sondés souhaitent perdre du poids, 44 % aimeraient manger plus sainement et 51 % ont la ferme intention de faire plus de sport. Des résultats qui ne sont pas anodins, dans notre société où règne la culture des régimes, et qui prône la minceur comme un idéal à atteindre pour être heureux. Ainsi, dans l’imaginaire collectif, le surpoids et l’obésité sont synonymes de paresse et de manque de volonté.

Grossophobia, le podcast qui déconstruit les idées reçues sur le poids

C’est justement pour mieux comprendre les phénomènes en jeu dans la prise de poids et déconstruire les idées reçues autour de la surcharge pondérale que la journaliste Pauline Capmas a créé le podcast Grossophobia. Celui-ci mêle des interviews d’expert et des témoignages de personnes qui subissent ou ont subi de la grossophobie – une discrimination malheureusement bien trop courante.

Ci-dessous, nous vous proposons d’en découvrir un extrait. Il s’agit d’un échange avec Olga Brochard, fondatrice du Club Mojo – des thérapies de groupe pour les femmes souffrant d’hyperphagie ou ayant une relation compliquée avec la nourriture. Elle nous raconte son rapport difficile avec la nourriture depuis l’enfance et introduit le concept d’alimentation intuitive.

Témoignage d’Olga Brochard, fondatrice du Club Mojo

Enfant, j’ai toujours été grande, et donc je pesais plus lourd que mes copines. Je me comparais à elle et j’avais l’impression de prendre trop de place. D’autant que je recevais beaucoup de remarques : « géante », « girafe », etc. Ma taille et mes formes ne correspondaient pas aux idéaux de la féminité et, très longtemps, je ne me suis pas sentie féminine. Il y avait tout de même un aspect positif à ma taille, puisque j’ai pu intégrer une agence de mannequin pour enfants. J’étais aussi dans l’équipe de voleyball olympique junior à St Petersbourg, et cette activité sportive m’a aidée a être plus à l’aise avec mon corps.

Puis j’ai déménagé et j’ai arrêté le volley. Avec la puberté, autour de 12-13 ans, mon corps a commencé à changer et mon agence m’a fait comprendre que je n’avais plus la taille qu’il fallait pour être mannequin. Cela m’a beaucoup blessée, d’autant que mes copines étaient restées dans l’agence. A ce moment-là, je pense que j’utilisais un peu la nourriture pour combler le manque et les peurs.

Le début des régimes… et des troubles du comportement alimentaire

Vers mes 16 ans, ma mère m’a dit que j’étais grosse et moche, et que si je restais grosse et moche, je ne me marierais jamais. Aujourd’hui, je comprends que cette remarque n’était que le reflet de ses propres complexes, mais sur le moment, c’était dur à entendre. A partir de là, j’ai commencé à faire tous les régimes possibles, avec ma mère. J’ai commencé par le régime Dukan. Etant une personne très disciplinée, lorsque je tenais, je tenais longtemps.

Très vite, j’ai développé une véritable obsession de la nourriture : ma vie ne tournait plus qu’autour de ça. Les plats étaient préparés en avance. Si je mangeais à l’extérieur, c’était la panique totale. Je me rappelle d’une fois où j’étais au restaurant avec des amis. J’ai commandé le plat le moins calorique sur le menu, c’est-à-dire le gaspacho. Dans ce gaspacho, il y avait 3-4 petits croûtons. Comme je faisais Dukan, je ne pouvais pas manger de glucides alors je les ai enlevé. Ma meilleure copine m’a fait alors remarquer que « c’était vraiment n’importe quoi ».  Je me rappelle à quel point j’étais énervée qu’elle ne me soutienne pas. Même si, en fait, elle avait raison.

« Je mettais toute ma valeur dans mon corps, dans le chiffre qui s’affichait sur la balance »

Quand on est dans ce monde des régimes, on ne voit même pas qu’il y a un autre monde qui existe. On pense que les personnes minces autour de nous ont de la chance, qu’elles ont une bonne nature, qu’elles ne nous comprennent pas… C’est très difficile de se rendre compte qu’on a un problème de comportement alimentaire, puisque les réseaux sociaux et les médias nous nourrissent avec l’idée qu’il faut être toujours plus mince.

Il y a quelques personnes pour qui la nourriture est un non-sujet. Mais la grande majorité des gens va nous féliciter quand on perd du poids. Je voyais que, lorsque je maigrissais, les gens s’émerveillaient. Moi, je mettais toute ma valeur dans mon corps, dans le chiffre qui s’affichait sur la balance et la taille sur l’étiquette des vêtements. Et c’était une course sans fin, car on ne peut pas chercher l’amour des autres de cette façon.

Obsession des régimes et effet yoyo

Tout cela a duré très longtemps. J’ai eu le temps de commencer puis terminer mes études, de déménager en France, me marier puis déménager en Nouvelle-Calédonie. Puis, j’ai eu deux enfants. Après chacune de mes grossesse, mon seul but était de perdre du poids : je faisais du sport, je controlais tout ce que je mangeais, la charge mentale était énorme. Même quand j’ai atteint mon poids le plus bas – à la limite de la maigreur, selon l’IMC – je n’étais toujours pas contente. J’ai beaucoup fait le yo-yo, car même si j’étais toujours au régime, il m’arrivait de « craquer », étant donné que le corps a quand même besoin d’énergie.

Enfin, j’ai eu un déclic. Des événements dans ma vie m’ont fait beaucoup réfléchir sur le sens de l’existence, et j’ai réalisé que mon espace mental était occupé à 80 % par ce que je pouvais manger pour perdre du poids, et la manière de compenser d’éventuels écarts pour ne pas grossir. J’ai vendu ma première entreprise et j’ai voulu créer quelque chose dans ce domaine-là. C’était la naissance de Club Mojo.

Club Mojo : des thérapies de groupe pour apaiser sa relation avec la nourriture

Club Mojo propose des programmes pour aider les femmes à apaiser leur relation avec la nourriture, faire la paix avec leur corps et avoir davantage confiance en elles. Ces programmes prennent la forme de thérapies de groupe, menées par des experts spécialisés dans les troubles du comportement alimentaire (TCA). Ils reposent également sur une approche psycho-comportementale de la diététique, selon les principes du GROS (groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids).

Cette approche repose sur un constat : les restrictions ne marchent pas. Au contraire, elles ont même tendance à empirer (ou générer) les troubles du comportement alimentaire. Un diététicien qui a une approche psycho-comportementale ne vous dira jamais ce que vous pouvez manger (ou non). Il va plutôt travailler sur votre relation avec la nourriture, en essayant de comprendre pourquoi est-ce que vous culpabilisez lorsque vous mangez, pourquoi vous mangez lorsque vous n’avez pas faim, pourquoi vous faites des crises d’hyperphagie, etc. Pour que, finalement, la nourriture prenne sa juste place dans votre vie : quelque chose de positif, dont vous avez besoin pour avoir de l’énergie et qui peut même vous procurer du plaisir.

Ecoutez cet échange avec Olga Brochard en intégralité, ainsi que tous les épisodes du podcast Grossophobia sur votre plateforme d’écoute préférée (Apple Podcast, Spotify, Deezer…).

Logo du podcast Grossophobia

crédit photo : Grossophobia

Lire aussi : Très Cool Aujourd’hui : le guide audio pour surmonter les troubles du comportement alimentaire



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