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Sommes-nous réellement prêts pour un changement radical ? (Par Halimatou Keita)


De 2021 à nos jours nous peuple sénégalais, nous sommes livré à un combat sans merci dans l’optique de renverser le gouvernement de Macky Sall que nous jugeons nocif pour les intérêts du pays et de la population. Je figure parmi cette jeunesse qui a porté ce combat, par ce que je suis aussi d’avis qu’une gouvernance reste inutile et insensée s’elle ne peut pas avoir un impact positif dans le quotidien des citoyens concernés et s’elle est fondamentalement basée sur l’injustice, le népotisme, le clientélisme politique, les détournements de derniers publics, les magouilles et j’en passe. Nous avions soif de cette rupture prônée et incarnée par Ousmane Sonko et son parti PASTEF.

Alors, nous y sommes enfin!

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Cette rupture que sous souhaitons et qui a tant hanté notre sommeil est enfin en train de prendre forme! Son excellence Bassirou Diomaye Faye représente désormais le président de la République du Sénégal et est appelé à mettre en œuvre ce projet de rupture.
Et j’avoue que ce n’est pas la première fois que nous nous battons pour les mêmes causes. La lutte pour la conservation de nos acquis démocratiques et l’émergence de notre pays remonte depuis les indépendances. C’est justement la raison pour laquelle j’ai tenu à produire cet article qui renvoie à un ensemble de questionnement qu’il est pertinent de se poser. Il s’inscrit, en effet, dans la logique de nous pousser à une introspection sur nos rapports avec ce changement radical que nous désirons tant. Une connaissance ayant remarqué mon engagement pour cette lutte m’a posé une pertinente question lors de notre échange. La question est la suivante: oui les causes pour lesquelles nous luttons sont nobles mais sommes-nous réellement prêts pour ces changements qu’implique l’émergence d’un pays?

Autrement dit, sommes-nous prêts à sortir de notre zone de confort, à renoncer à la facilité que nous confère, à certains égards, ce système qui prévaut actuellement et contre lequel nous luttons? De manière plus détaillée, sommes-nous prêts à renoncer à la corruption, aux coups bas contre notre prochain? Sommes-nous réellement prêts à accepter la règle de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut en nous privant ainsi de l’utilisation peu éthique des réseaux de relation pour atteindre certains privilèges ou postes lorsque nous n’avons pas les compétences requises? Sommes-nous prêts à accepter d’être soumis à l’obligation du respect de la ponctualité, de l’assiduité, du sérieux et de la rigueur au travail sous peine de sanctions en cas de manquement à ces règles? Sommes-nous vraiment prêts à respecter l’autre, ses droits peu importe son genre, son âge, origine, son appartenance religieuse, ethnique etc. de la même façon que nous respectons notre propre personne? Sommes-nous prêts à respecter la biodiversité, à cesser la déforestation? Sommes-nous aussi prêts à fournir les efforts nécessaires pour maintenir propre notre pays et éviter de jeter des ordures par terre et à poser bien des actes que je m’abstiendrai de nommer mais qui favorise l’insalubrité? Sommes-nous vraiment prêts à nous détourner de ces pratiques de contournement du système pour obtenir rapidement les permis de conduire dans des conditions qui mettent en danger notre vie ainsi que celle de toute la population et à avoir la patience de nous soumettre à une formation d’une à deux années, le temps d’acquérir les outils nécessaires à l’assimilation d’une formation de conduite pratique et responsabilisante avant d’obtenir les permis? Sommes-nous prêts à subir des sanctions rigoureuses en cas de violation du code de conduite que l’on soit conducteur ou piéton? Sommes-nous prêts à entretenir entre nous une relation de solidarité sincère comme le font d’autres communautés pour ne pas les citer? Sommes-nous prêts à souhaiter et à nous réjouir de la réussite de l’autre sans pour autant poser un acte visant à le détruire, pour briser son élan afin de s’assurer qu’il reste au même niveau ou même descendre à un niveau plus bas?

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Sommes-nous prêts à soutenir nos business entre compatriotes pour faciliter la réussite de chacun? Sommes-nous prêts à mettre à la disposition de l’autre les informations dont nous détenons et qui sont indispensables à sa réussite afin de la lui faciliter? Sommes-nous réellement prêts à tous ces changements? Sommes-nous prêts à inculquer à nos enfants le sens du travail sérieux et rigoureux, le vrai sens du patriotisme, les valeurs de l’intégrité, de la dignité, de l’autonomie, du respect de l’autre, de la diversité et j’en passe afin que les prochaines générations soient suffisamment outillées pour prendre le relais et gérer de manière vertueuse la cité? Sommes-nous réellement prêts à…, et aussi à…?

La liste est non exhaustive mais un réel changement, le développement auquel nous aspirons nécessite tout ceci et bien d’autres résolutions. Sommes-nous prêts à consentir à tous les sacrifices nécessaires afin que puisse régner dans notre pays une gouvernance sobre et vertueuse qui se transmettra de génération en génération? Que pensons-nous êtres à l’origine de nos maux? Posons-nous les bonnes questions? Pourquoi, des indépendances à nos jours nous sommes dans un éternel recommencement, toujours là à nous battre pour les mêmes causes, les mêmes dérives de nos dirigeants, au moment où beaucoup d’autres pays ont déjà résolu tous ces soucis depuis fort longtemps et en sont à un autre niveau de lutte? Pourquoi, à notre avis, nos dirigeants ont -ils tous comme dénominateur commun cet égoïsme, ce déficit de sens du patriotisme, de la transparence, de l’honnêteté envers leurs peuples. Nos dirigeants viennent de nous et tout ce qu’ils font existe largement au sein de la société entre compatriotes ! Sommes-nous prêts à nous remettre en question, à repenser notre manière d’interagir avec l’autre, à revoir à l’éducation que nous inculquons à nos enfants?

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Une chose est sûre, si nous ne sommes pas prêts à nous faire violence pour l’émergence de notre patrie, le dirigeant le plus sérieux, patriotique et rigoureux au monde faillirait à sa mission, pas par incompétence ou par manque de volonté mais par ce que nous ne sommes pas prêts pour ces sacrifices. Pire, nous risquons de voir en lui notre pire ennemi et nous nous dresserons contre lui. Je vous renvoie à la pièce théâtrale « Un DG peut en cacher un autre » de Darray Kocc qui illustre bien cette dernière assertion et qui reste encore d’actualité!

Cela dit, oui nous sommes parvenus à renverser le gouvernement de Macky Sall avec ce que cette lutte farouche a engendré comme dégâts matériels, financiers, humains, psychologiques etc. et avons réussi à élire Bassirou Diomaye. Cependant, il ne suffit pas d’élire un président soucieux des enjeux de sa population et doté d’un fort sens de patriotisme pour prétendre à un développement. Le changement commence par nous, nos efforts individuels et collectifs. Pour cela remettons nous en question d’abord te revoyons notre posture pour lui faciliter la mission.

HALIMATOU KEITA, SOCIOLOGUE DE LA FAMILLE ET DE L’ÉDUCATION, RELATIONNISTE EN DEVENIR!



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