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Silence d’Etat autour des faits reprochés à Bruno Bidjang


Honni au début de ses ennuis judiciaires par le Groupe l’Anecdote et son promoteur, qui n’ont pas hésité à l’accuser d’avoir fait des «déclarations portant atteinte aux institutions républicaines», le chouchou du Zomloa des Zomloo vit en parfaite intelligence avec son créateur au sein de la prison principale de Kondengui. De quoi s’interroger sur les mobiles cachés d’une procédure judiciaire dont la première audience publique est prévue ce 14 mars.

Cf est en principe le 25 mars prochain que démarre le procès en audiences publiques de l’affaire Martinez Zogo. Mais, en attendant, l’un des 17. mis en cause de cette procédure criminelle, M. Bidjang Oba’a Bikoro Bruno François, pour ne pas le nommer, comparaît en audience publique ce jeudi, 14 mars 2024, devant le Tribunal militaire de Yaoundé (TMY). Dans cette procédure qui le concerne de façon solitaire, en tout cas au stade actuel des informations disponibles, le directeur des médias du Groupe l’Anecdote répond de l’infraction de «propagation de fausses nouvelles».

Depuis son interpellation le 7 février dernier par la gendarmerie, où il s’était présenté lui-même après avoir été informé, on ne sait comment, qu’il était recherché suite à un message-porté du commissaire du gouvernement près le TMY, le concerné a savamment entretenu le mystère sur les faits à l’origine de son incarcération, laissant libre cours à toutes les spéculations.

Les personnes qui se présenteront dans la salle d’audience du TMY jeudi prochain pour suivre l’ouverture de ce procès auront donc principalement à cœur de savoir ce qui est précisément reproché à l’homme des médias, au-delà de la qualification juridique qui lui a été notifiée le 23 février dernier au moment de sa mise en détention provisoire à la prison principale de Yaoundé.

Il n’est pas sûr qu’ils en repartent suffisamment édifiés, même si la procédure pénale prévoit qu’avant l’ouverture des débats proprement dits, le tribunal présente au prévenu «la prévention», c’est-à-dire qu’il lui soit lu, par le greffier audiencier et à haute voix, l’accusation telle que formulée à son sujet dans l’acte de saisine du juge.

Le tribunal lui demandera ensuite s’il plaide coupable, puis s’il entend se faire juger tout de suite. Il s’agit de l’accomplissement d’une sorte de rituel. Donc, même s’il répond qu’il est prêt à se faire juger, il n’est pas exclu que la suite du procès soit renvoyée à une autre date.

A quelle sanction judiciaire s’expose M. Bruno Bidjang par rapport au procès public qui démarre jeudi prochain ? Selon l’article 113 du code pénal, qui traite de la propagation de fausses nouvelles, une infraction de la famille des atteintes à la sûreté intérieure de l’Etat, «celui qui émet ou propage des nouvelles mensongères, lorsque ces nouvelles sont susceptibles de nuire aux autorités publiques ou à la cohésion nationale» est sanctionné d’un emprisonnement de trois (03) mois à trois (03) ans et d’une amende de cent mille (100.000) à deux millions (2.000.000) francs.

Plaider coupable ?

D’après certaines sources, le directeur du pool des médias du Groupe l’Anecdote projette de plaider coupable, ce qui signifie qu’il entend reconnaître devant le public qu’il est effectivement responsable des faits qui lui sont reprochés. Si cette information se confirme, cette attitude pourrait empêcher le tribunal de fouiner avant de rendre sa décision. C’est une stratégie qui augmente les chances pour le prévenu de bénéficier de larges circonstances atténuantes tors de sa condamnation et de bénéficier d’une remise en liberté rapide.

D’ailleurs, son mandat de détention provisoire n’a pas fixé la durée de son incarcération. Il est simplement écrit sur le document que le régisseur de la prison principale doit «le conduire sous bonne et sûre escorte à l’audience du TMY siégeant à la descente du Génie militaire le 14 mars 2024 à 8h précis».

L’affaire Bruno Bidjang présente une particularité c’est le silence qui entoure justement les faits précis de la cause jusqu’ici. Au lendemain de son interpellation intervenue le 7 février 2024 alors qu’il s’était volontairement présenté dans les beaux du Secrétariat d’Etat à la Défense (SED) chargé de la gendarmerie, la rumeur, distillée par un lanceur d’alertes proche du Groupe l’Anecdote, laissait-croire que le journaliste répondait d’un enregistrement vidéo tourné à la veille de l’augmentation des prix des produits pétroliers à la pompe.

Selon l’enquête, disait cette rumeur, M. Bidjang était gardé pour avoir appelé les Camerounais à protester contre la vie chère. Mais, approché le 16 février par Kalara, le lieutenant-colonel Cerlin Bélinga, commissaire du gouvernement, avait totalement réfuté cette allégation. Il demandait à l’auteur de ces lignes de faire preuve de patience pour attendre le dénouement de l’enquête ouverte qu’il disait alors imminent.

L’infraction retenue contre M. Bidjang étant connue depuis le 23 mars 2024, Kalara était reparti à la rencontre du commissaire du gouvernement deux jours plus tard, toujours pour en savoir sur les faits précis reprochés au mis en cause et par quels moyens ils avaient été commis. «Il faut être à l’audience du 14 mars 2024 pour avoir l’information. Je ne puis rien vous dire pour le moment. Je suis tenu par le secret», avait répondu le magistrat- militaire.

«Est-ce que vous maintenez comme vous l’avez dit lors de notre dernière rencontre que l’incarcération de cet homme de médias est sans rapport avec la vidéo en circulation sur les réseaux sociaux ?», avait insisté le reporter de Kalara. Après un petit temps de réflexion, le magistrat-militaire conseillait encore à son interlocuteur d’attendre le 14 mars. C’est donc toujours le flou total à la veille du procès.

La situation est d’autant intrigante qu’en dépit de l’obligation du secret dont se prévaut le commissaire du gouvernement par rapport à ce dossier, les premières réactions du Groupe l’Anecdote, qui emploie Bruno Bidjang, furent déroutantes au tout début de l’affaire, laissant penser que M. Amougou Bélinga et ses proches collaborateurs, en savaient suffisamment sur ce qui est reproché à l’un de ses plus fidèles poulains.

Et même que ce qui lui était reproché était particulièrement grave. C’est d’abord M. Poné Isaac, l’administrateur directeur général (ADG) du Groupe l’Anecdote, qui se fendait d’un communiqué le jour même de l’interpellation de M. Bidjang pour dire qu’il est désormais «strictement interdit» à l’ensemble du personnel du groupe «de faire des analyses, des commentaires ou tout simplement de donner leur avis sur les sujets d’actualité, sur les réseaux sociaux».

Désamour de façade ?

Peu après, Mme Christiane Toufou Ndzana, chef de la division de la communication du Groupe l’Anecdote et porte-parole du président (M. Amougou Bélinga) mettait les pieds dans le plat dans un autre communiqué lui-aussi daté du 7 février «Il nous a été donné de constater que certaines déclarations portant atteinte aux institutions républicaines ont été diffusées par un responsable du Groupe l’Anecdote. Par la présente communication, le Groupe l’Anecdote tient à rappeler s’il en était encore besoin, son attachement aux institutions de la République et à celui qui les incarne. Par conséquent, le groupe se dissocie de tout individu portant un discours contraire à cet idéal. Car, les publications ou propos tenus hors des canaux de communication connus du groupe n’engagent que leurs auteurs», écrivait Mme Toutou Ndzana.

La publication de ce dernier communiqué apparaît d’autant curieuse que le premier a laissé-entendre que les déclarations en cause ont été faites «sur les réseaux sociaux», donc pas dans les médias connus du groupe. Sauf s’il y a anguille sous roche, rien ne justifie-la fébrilité éprouvée par le Groupe l’Anecdote dont le promoteur aurait demandé au Bâtonnier Charles Tchoungang d’interrompre l’assistance apportée à M. Bidjang dès le déclenchement de l’affaire.

De toutes les façons, le porte-parole de M. Amougou Bélinga indique que lesdites déclarations portent «atteintes aux institutions républicaines». Le président du Groupe l’Anecdote en profite pour faire allégeance au régime et au président Biva, en réaffirmant «son attachement aux institutions de la République et à celui qui les incarne».

On constatera, deux semaines plus tard, que l’allusion à l’atteinte aux institutions républicaines correspond parfaitement à l’infraction retenue contre M. Bruno Bidjang, au moment de le placer en détention provisoire à la prison principale de Kondengui.

La diffusion des communiqués de presse n’est pas la seule précaution prise par M. Amougou Bélinga pour convaincre on ne sait trop bien qui 9de la distance prise avec M. Bidjang. *Le jour même de l’arrivée de son collaborateur à la prison principale de Kondengui, ce dernier avait été dirigé au quartier N°10 de ce pénitencier, focal que l’on présente comme l’un des plus inconfortables de ce pénitencier.

Une rumeur savamment orchestrée avait envahie la toile dans la foulée, pour dire l’homme d’affaires avait effectivement pris ses distances avec son poulain. Sauf que divers témoignages concordants venant de cette prison attestent des rapports cordiaux que le «Zomloa des Zomlo’o» entretient avec son collaborateur au sein de la prison. Il n’est par exemple pas rare de voir les deux hommes se partager un le repas, assis l’un à côté de l’autre, comme si les communiqués diffusés ne relevaient que d’une mise en scène.

Il est connu que le promoteur du Groupe l’Anecdote n’a pas une réputation d’homme peureux. Par le passé, d’ailleurs, il a montré à plusieurs occasions qu’il pouvait affronter de très hauts dignitaires parmi les plus influents du régime, hormis le président de la République et sa famille. Les faits reprochés à Bruno Bidjang touchent-ils de ce fait au chef de l’Etat où à son épouse pour justifier les précautions prises par l’homme d’affaires qui sait que la colère présidentielle peut aboutir à son anéantissement total, lui qui n’est qu’une fabrication du régime ?

Cette hypothèse est d’autant plausible qu’au moment de l’interpellation de M. Bidjang, le chef de l’Etat, à travers son épouse, faisait l’objet de virulentes attaques sur les réseaux sociaux de la part de Mme Marlène Emvoutou qu’on sait par ailleurs avoir do bonnes accointances avec l’homme d’affaires.

J. Remy Ngono

Bruno Bidjang est-il accusé d’avoir participé aux attaques contre la première dame, dès tors que l’hypothèse de sa vidéo sur l’incapacité des Camerounais à revendiquer leurs droits est écartée par le commissaire du gouvernement comme source de ses malheurs ? Au cours de l’enquête préliminaire concernant la disparition brutale cto Martinez Zogo, les limiers de la police et de la gendarmerie avaient rassemblé de nombreuses informations»sur les activités mafieuses de ce journaliste.

Dans une conversation avec un de ses collègues retrouvée fors de cette enquête, il affirmait être en mesure de régler son compte à J. Remy Ngono à Paris. Comment ? Il se disait capable, dans l’une de ces conversations, de mobiliser une huitaine de blogueurs et une dizaine de gros bras sur la place parisienne afin de mettre à mal son compatriote, accusé de s’attaquer à M. Amougou Bélinga. Ce sont des faits qui gênent forcément l’image de l’homme d’affaires qui est accusé dans l’affaire Martinez Zogo d’être l’un des commanditaires de la disparition de l’homme des médias.

Dans le contexte de l’interpellation de M. Bidjang, l’hypothèse que les poursuites engagées contre lui pour propagation de fausse nouvelle ne constituent, en fin de compte, qu’un coupe-feu pour l’éloigner artificiellement de son patron fait son petit chemin. Certains des éléments rassemblés par les enquêteurs laissent penser qu’il est un pion important du dispositif de l’homme d’affaires.

Dans un environnement où la justice a déjà montré qu’elle sait se mettre au service des personnes qu’elle a pourtant le devoir de sanctionner, plus rien n’est exclu. Mais, comme le conseille le commissaire du gouvernement, on est à la veille du 14 mars. Attendons de découvrir ce-jour-là si les masques tombent, ce qui est véritablement reproché au concerné au point de faire trembler son patron..»

Kalara





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