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Selon le renseignement militaire français, des pays africains sont déçus par les armements achetés à la Chine


Les équipements militaires de facture occidentale ne sont pas forcément les plus prisés par la plupart des pays africains, contrairement à ceux proposés par la Russie et la Chine. En outre, selon une récente note de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, les ventes de la base industrielle et technologique de défense [BITD] chinoise ne cessent de progresser sur le continent, au point de supplanter celles de son homologue russe, comme en Afrique subsaharienne, où elles représentent 19 % du marché.

Cette tendance est-elle durable ? En tout cas, la Chine se donne les moyens pour qu’elle le soit, alors que la production des industriels russes de l’armement est absorbée par la guerre en Ukraine.

Dans le même temps, des pays africains liés à la France par des accords de défense – quand ils n’accueillent pas des troupes françaises sur leur sol – se sont laissés séduire par du matériel chinois. C’est, par exemple, le cas de la Côte d’Ivoire, dont les forces armées ont récemment pris possession de blindés VN22B fournis par le groupe chinois Norinco. Le Sénégal l’avait précédée quelques mois plus tôt…

Au Sénat, en juin dernier, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait laissé entendre que l’offre des industriels français de l’armement n’était pas toujours adaptée aux besoins exprimés par les pays africains.

« Il est indéniable que les armées des pays partenaires réalisent également d’importants efforts budgétaires pour monter en puissance. L’armée sénégalaise, l’armée ivoirienne, par exemple, n’ont plus rien à voir avec ce qu’elles étaient voilà dix ou quinze ans. Or leurs besoins en équipement et en capacités sont toujours présents. Et nos industriels ont parfois pu décourager certaines armées de pays amis, jugeant les contrats trop peu importants. La nature ayant horreur du vide, ce sont nos concurrents qui ont pris la place… », avait en effet expliqué M. Lecornu.

Et d’ajouter : « Il y a une réflexion clef à mener avec la Direction générale de l’armement [DGA], avec la BITD et avec le monde bancaire, notamment la Banque publique d’investissement [BPI], afin de trouver des solutions pour tous ces pays et leur permettre de continuer à monter en puissance. Nous devons être présents pour les aider dans leurs efforts, ce qui passe également par les équipements ».

À l’Assemblée nationale, lors d’une audition sur la menace sécuritaire en Afrique [le compte-rendu a été publié ces derniers jours], le Directeur du renseignement militaire [DRM], le général Jacques Langlade de Montgros, a détaillé l’approche de Pékin en Afrique.

« La Chine, pour défendre ses intérêts et apparaître comme une puissance responsable, déploie une offre militaire au profit d’États africains. Elle le fait sous trois formes : un engagement accru dans les opérations militaires de paix de l’ONU, l’approfondissement des relations de défense avec la presque totalité des pays d’Afrique et l’exportation d’armements vers des États africains », a-t-il d’abord rappelé. « Il existe une base chinoise à Djibouti depuis quelques années et la Chine essaye désormais de créer une base sur la façade atlantique », a-t-il en outre confirmé.

Au sujet des « souhaits des États africains en matière d’armement », a poursuivi le DRM, « nous constatons que les matériels utilisés sont de plus en plus létaux et montent en gamme et en technicité ». Mais « il faut être conscient des forces et des faiblesses du soutien que nos compétiteurs fournissent en matière d’armement », a-t-il souligné.

En effet, si « ces matériels sont assez compétitifs » au regard des ressources budgétaires « limitées de certains États africains », ils peuvent s’avérer décevants.

« Certains pays sont déçus par ces équipements. D’une part, ils ne sont pas toujours performants. C’est notamment le cas d’armements chinois qui ne répondent pas aux espérances initiales de leurs acheteurs. D’autre part, il n’y a pas toujours de maintien en condition opérationnelle, singulièrement pour les équipements russes, la Russie se concentrant actuellement sur ses besoins propres au détriment des matériels vendus aux pays africains », a en effet expliqué le général Langlade de Montgros.

« Dans ce domaine, notre rôle est d’évaluer les capacités des matériels détenus par les armées africaines et les performances de nos compétiteurs pour aider notre BITD », a-t-il conclu.

Photo : VN22B livré à la Côte d’Ivoire – capture d’écran, via X/Twitter





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