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REVELATION : les secrets entre John Fru Ndi et Paul Biya dehors

Le deuxième tour était attendu en 1997, alors que des élections législatives et présidentielles se profilaient à nouveau. Lors des élections parlementaires, John Fru Ndi choisit de s’allier à Bello Bouba Maïgari, le troisième homme de 1992. Bien que leurs formations politiques aient remporté 37% des suffrages, elles n’ont pas réussi à empêcher le RDPC de remporter 109 des 180 sièges de députés, au milieu de soupçons de fraudes. Le 12 octobre 1997, le « chairman » refuse cette fois-ci de participer à l’élection présidentielle, tout comme l’UNDP, l’Union démocratique du Cameroun et l’Union des peuples africains (UPA). Paul Biya est réélu avec 92,6% des voix, rappelle Jeune Afrique.

Le temps du SDF est-il déjà révolu alors que Paul Biya renforce sa mainmise politique ? Dès 1997, les scores électoraux du parti commencent à chuter de manière inexorable, en partie en raison des dissensions au sein de l’opposition et des soupçons de collusion avec le pouvoir de Yaoundé – des allégations que John Fru Ndi a toujours niées. En 2004, à quelques semaines de l’élection présidentielle, il conteste la désignation d’Adamou Ndam Njoya, président de l’UDC, comme porte-flambeau de la Coalition pour la reconstruction et la réconciliation nationales (CRRN) en vue d’une candidature unique face à Paul Biya.

Malgré les efforts de médiation du cardinal Christian Tumi, John Fru Ndi se présente à l’élection présidentielle avec un programme axé sur le fédéralisme et la décentralisation. Il termine deuxième, avec 17,4% des voix, contre 70,92% pour Paul Biya et 4,48% pour Ndam Njoya. Sept ans plus tard, le duo de tête est le même, mais l’écart s’est encore creusé : 10,71% pour le leader de l’opposition contre 77,99% pour le président sortant. Le SDF est de plus en plus accusé d’être une opposition de façade, le parti se contentant, selon ses détracteurs, de conserver sa deuxième place et ses sièges à l’Assemblée nationale.

Les derniers jours du « chairman »

En 2018, John Fru Ndi ne se présente pas à l’élection présidentielle. Joshua Osih, premier vice-président du SDF, est alors choisi pour représenter le parti lors de l’élection. Il termine quatrième avec 3,35% des voix, loin derrière les 71,28% de Paul Biya et les 14,23% de Maurice Kamto. Le parti des socialistes camerounais perd sa deuxième place nationale. Il semble que le moment de la reconstruction soit venu, ainsi que celui des dissensions internes. Affaibli par la maladie, John Fru Ndi est brièvement enlevé en 2019 par des séparatistes anglophones alors qu’il se rendait aux funérailles d’un de ses lieutenants à Kumbo, dans le Nord-Ouest.

Cependant, le « chairman » – qui tient Paul Biya pour responsable du conflit qui endeuille les régions anglophones du pays, son ancien bastion – vit surtout ses derniers jours au milieu d’une lutte de clans. Il assiste à la division entre les partisans de Joshua Osih et ceux de Jean-Michel Nintcheu, un autre cadre élevé du parti qu’il a fondé. Relégué au second plan par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto et affaibli par les luttes internes, le SDF n’est aujourd’hui plus que l’ombre de sa puissance qui faisait tant trembler Paul Biya au début des années 1990. John Fru Ndi n’est plus. Cependant, l’objectif de l’alternance démocratique demeure, et l’héritage du « chairman » est à reprendre.

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