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Mauvaise digestion : et si vous faisiez de la dyspepsie ?



La dyspepsie peut ressembler à une gastro-entérite de l’extérieur. Et pourtant, ce n’est pas le cas du tout !

Actuellement 5 à 10 % de la population française en est affectée.

Mal digérer peut arriver à tout le monde. Or, si ce problème devient chronique et dure depuis plus de 6 mois, on peut parler de dyspepsie.

La dyspepsie résulte d’un dysfonctionnement de l’estomac. Elle affecte la partie supérieure du tube digestif, c’est-à-dire le creux de l’estomac (épigastre) et l’œsophage.

La personne qui souffre de troubles dyspeptiques ressent une lourdeur sur l’estomac, des difficultés à digérer, des nausées et des brûlures stomacales parfois vives. La dyspepsie ne doit pas être assimilée à une gastrite, cette dernière étant une inflammation de la muqueuse de l’estomac. « La dyspepsie fonctionnelle est souvent appelée à tort ‘gastrite’ « , souligne la Société Nationale Française de Gastro-entérologie.

Cette pathologie peut être consécutive à une autre maladie, ou de cause inconnue. Top Santé fait le point avec le Dr Robert Chollet, gastro-entérologue et hépatologue.

Un dysfonctionnement de l’estomac

On parle de dyspepsie non fonctionnelle, si votre état résulte d’une pathologie digestive (ulcère gastroduodénal, tumeur, pancréatite…) ou si vous avez eu des cancers digestifs dans votre famille. « Elles peuvent également résulter de la prise de certains médicaments : anti-inflammatoires non stéroïdiens, antibiotiques… », explique le Dr Chollet.

Or, si votre dyspepsie est survenue sans cause apparente, on dira qu’elle est fonctionnelle : vous n’avez aucune pathologie qui peut expliquer cette faiblesse. Il s’agit dans ce cas de figure d’un dysfonctionnement de l’estomac. Ces dysfonctionnements sont des troubles digestifs fonctionnels (problèmes de motricité stomacale ralentissant la vidange gastrique). Mais aussi une hypersensibilité du tube digestif (à une nourriture trop riche, acide). En principe, on diagnostique cette dyspepsie en procédant par élimination et en écartant les maladies digestives.

Des facteurs de risque existent, à savoir la consommation de tabac et d’alcool, ou encore le stress, les repas trop copieux, trop riches ou trop acides. La grossesse est un autre facteur de risque : elle est propice aux crises.

Le rôle de la bactérie Helicobacter pylori, longtemps incriminée, ne doit plus être en première place du banc des accusés. Cette bactérie ne serait responsable que de 6 % des cas de dyspepsie fonctionnelle.

Comment reconnaître les symptômes de la dyspepsie ?

La dyspepsie implique souvent un sentiment de satiété précoce et ce qu’on appelle un syndrome de détresse postprandiale : vous ressentez une gêne, une lourdeur immense après un simple repas, des douleurs épigastriques de type brûlure, des ballonnements et en cas de crise des nausées et vomissements.

Il est quasiment impossible de cumuler des excès alimentaires plusieurs jours de suite sans faire une crise. Et lorsque cette dernière survient, les vomissements s’enchaînent et il n’est parfois plus possible de s’alimenter pendant 48 heures.

« En cas de gastro-entérite chez une personne qui souffre de dyspepsie, les symptômes sont encore plus intenses », décrit notre expert.

« Il faut comprendre qu’avec cette affection, votre estomac est sans cesse débordé, surchargé. Il n’est pas en mesure de traiter la nourriture comme il le devrait et met du temps à se régénérer. Ce qui explique pourquoi vous avez le sentiment d’être ballonné après un simple repas ».

Ces symptômes de la dyspepsie peuvent se manifester de façon simultanée avec les symptômes du syndrome de l’intestin irritable. À savoir des palpitations, des troubles du transit (diarrhées ou constipation), des crampes d’estomac, des douleurs au thorax.

Mangez à heure régulière et mastiquez bien

La dyspepsie implique de faire attention à ce que l’on mange.

Des mesures hygiéno-diététiques peuvent apporter une grande amélioration et limiter la survenue de crise. Avec l’âge, les symptômes ne s’améliorent pas, d’où l’intérêt d’adopter une bonne hygiène de vie.

Il s’agit de modifier à la fois sa façon de prendre les repas et le contenu de son assiette. Il est recommandé de s’alimenter à horaires réguliers, en mastiquant bien chaque aliment. Vous constaterez que si pendant les vacances, il vous arrive de manger « en décalé » après une grasse matinée par exemple, vous aurez beaucoup de mal à le supporter. Plus vous mangez tard, plus vous favorisez l’apparition de crises.

Limiter les plats riches en matières grasses et l’alcool

Les plats riches en matières grasses (fritures, plats en sauce) ou épicés doivent être consommés avec modération. Les aliments fermentescibles comme les choux, haricots secs, pois chiches, céréales complètes, lentilles… peuvent aussi générer des douleurs. Les boissons gazeuses, les excitants (alcool, café, thé), les chewing-gums sont à limiter.

Le jeûne intermittent de temps en temps peut aussi vous aider

Pratiquer un jeûne intermittent peut aussi être une piste possible, estime le gastro-entérologue.

Jeûner le soir en dinant très tôt (ou en ne dinant pas du tout si vous avez bien mangé à midi) peut réellement vous aider en cas de dyspepsie. « Toutes les études montrent des effets positifs à pratiquer un jeûne intermittent. En jeûnant, vous aidez votre système digestif à se régénérer plus vite. Et c’est bien ce qui fait défaut dans la dyspepsie. Vous serez moins ballonné et moins sujet aux crises », explique le Dr Chollet.

Certains choisissent de jeûner le matin en sautant le petit-déjeuner. Or, en cas de dyspepsie, il sera plus bénéfique de jeûner le soir. En effet, il est décommandé de s’allonger après un repas. Vous retardez la digestion. Et bien souvent, après le dîner, vous vous couchez devant la TV ou dans votre lit. Le repas du soir ne précède donc pas de dépense énergétique, et c’est ce qui le rend parfois difficile à digérer… et d’autant plus si vous faites de la dyspepsie.

Et comme le rappelle, le Dr Chollet, les problèmes de santé dans nos sociétés modernes proviennent plus souvent d’un excès de nourriture que d’un manque. Et cela a un grand impact sur notre santé.

« Si on prend l’exemple des hommes préhistoriques : leurs repas dépendaient essentiellement de la cueillette et la chasse. Ils pratiquaient donc inconsciemment un jeûne intermittent tous les jours. Leur espérance de vie atteignait 40 ans à cette époque. Or, par la suite, avec l’arrivée de l’agriculture, la nourriture était davantage disponible grâce au blé. A ce moment-là, l’espérance de vie est retombée à 30 ans ! », met en avant le gastro-entérologue.

En effet, plus vous mangez et moins vous bougez, plus vous serez exposés aux maladies. Ce qui ne veut évidemment pas dire qu’il ne faut plus manger !

Avant de vous lancer dans un jeûne intermittent, demandez l’avis de votre médecin ou gastro-entérologue, surtout si vous avez des antécédents de santé.

Merci au Dr Robert Chollet, gastro-entérologue et hépatologue, pour ses explications



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