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[MÀJ] OTAN : «Le Luxembourg est un allié solidaire»


Malgré une contribution limitée à quelque 650 millions d’euros en 2024, la ministre de la Défense assure que les efforts fournis par le Grand-Duché sont grandement «appréciés» dans l’OTAN.

Les 0,7 % du PIB consacrés par le Luxembourg à son effort de défense sont quelque peu trompeurs. Car, par rapport à la taille du pays, et une richesse créée aussi par plus de 220 000 frontaliers, les investissements consentis dans le domaine militaire sont de taille. «Le Luxembourg est un allié solidaire et engagé. Et même si nous n’avons pas d’industrie de défense, on est conscient qu’il faut investir davantage», annonce la ministre Yuriko Backes (DP) depuis Bruxelles.

Lors de sa toute première réunion ministérielle à l’OTAN, l’ancienne diplomate n’a pas été blâmée par ses homologues pour un effort financier encore trop limité. «Nos alliés savent que malgré ce montant limité, le Luxembourg investit beaucoup et participe, ainsi, de manière très importante aux capacités de l’OTAN. Cela n’est pas à sous-estimer», développe Yuriko Backes, que nous avons pu interroger par téléphone au siège de l’OTAN.

Cap de 1 % du PIB : la trajectoire sera dévoilée le 6 mars

La ministre de la Défense confirme que le nouveau gouvernement CSV-DP compte maintenir la trajectoire d’investissement, qui doit mener le Grand-Duché à un effort de défense équivalant à 2 % du Revenu national brut (RNB), un indicateur plus réaliste que le PIB. Ce cap doit être atteint «à moyen terme». En attendant, il est prévu d’atteindre le seuil de 1 % du PIB en 2028, soit près d’un milliard d’euros, contre 573 millions d’euros en 2023 (0,71 % du PIB) et, probablement, une enveloppe d’environ 650 millions d’euros (0,77 %) pour cette année 2024.

«Les tractations pour ficeler le budget 2024 et le budget pluriannuel sont encore en cours. Je ne peux donc pas encore avancer de chiffre concret. Mais le montant final ne sera pas inférieur à celui engagé par mon prédécesseur», informe Yuriko Backes. Le projet de budget de l’État pour la période de mai à décembre va être dévoilé le 6 mars.

L’ancien ministre de la Défense François Bausch (déi gréng) avait avancé, en juin 2022, que la trajectoire pour faire évaluer l’effort de défense, devait progressivement monter, entre 80 et 90 millions d’euros par an, pour atteindre, en 2028, le cap du milliard d’euros, équivalant à 1 % du PIB.

Une feuille de route pour les 2 % du RNB

Il faudra attendre, comme indiqué ci-dessus, quelle trajectoire sera en fin de compte retenu par le nouveau gouvernement. L’objectif restera toutefois inchangé : passer d’un investissement dans la défense de 0,7 % en 2023, à 1 % du PIB en 2028.

Afin d’utiliser à bon escient cet important budget, la ministre Backes a déjà lancé les travaux pour établir une feuille de route, avec comme cap les 2 % du RNB, visée à moyen terme.

Une fois ficelée – a priori avant le mois de juillet prochain – le document sera soumis au Conseil de gouvernement et présenté, dans la foulée, à la Chambre des députés et à la presse.

Ensuite, ce document stratégique, qui doit encore renforcer la position du Grand-Duché dans l’OTAN, sera soumis aux alliés, réunis du 9 au 11 juillet, lors du sommet des 75 ans de de l’Alliance atlantique, organisé à Washington.

La Lituanie et l’Albanie comme partenaires

Plusieurs investissements phares (lire ci-dessous) vont certainement faire partie de ce document, tout comme les contributions en termes de cyberdéfense et communication sécurisée, en coopération notamment avec la Lituanie et l’Albanie. Un soutien de 700 000 euros a été attribué, jeudi, à Tirana.

Cette année, une nouvelle enveloppe, située entre 70 et 80 millions d’euros, va profiter à l’Ukraine, «qui a un besoin urgent, notamment en munitions». En 2022 et 2023, une enveloppe de 170 millions d’euros a déjà été débloquée.

6 000 obus et 4 000 mitrailleuses pour l’Ukraine

La ministre Backes a pu informer, jeudi, que le Grand-Duché allait fournir à Kiev, en cette année 2024, quelque 6 000 obus 115 m (calibre d’artillerie standard de l’OTAN), commandés et financés par la Défense luxembourgeoise, ont déjà pu être livrés à Kiev. S’y ajoutent 4 000 mitrailleuses.

D’autres commandes ciblées, en concertation avec l’État-major ukrainien et les alliés de l’OTAN, sont prévues, toujours par une équipe de spécialistes de la direction de la Défense, scrutant de près le marché de l’armement mondial.

(NDLR : Dans la première version de cet article, les chiffres sur les armes et de munitions, qui seront fournis en cette année 2024 à l’Ukraine – et qui sont financés par le Grand-Duché – sont erronées.  En fait, la Défense luxembourgeoise compte non pas mettre à disposition de l’armée ukrainienne un total de 5 500 obus, mais bien acheminer 6 000 obus 115 m (calibre d’artillerie standard de l’OTAN) sur le front de guerre, dans l’Est de l’Ukraine. S’y ajoute non pas une livraison de 4 500 mitrailleuses, comme énoncé dans un premier temps, mais 4 000 unités de ce fusil automatique.)

 

Terre, air et espace : cap sur le
milliard d’euros investi dans la défense

BATAILLON À l’horizon 2030, les armées belge et grand-ducale vont former un bataillon binational, fort de plus de 700 soldats (350 militaires luxembourgeois). En avril, un premier projet de loi pour l’acquisition de blindés spécialisés sera dévoilé. Le bataillon sera capable d’effectuer «un large éventail de missions», à l’échelle nationale, internationale, multilatérale ou en appui d’organisations comme l’OTAN, l’UE ou encore l’ONU.

Actuellement, 25 soldats sont déployés en Roumanie et 6 autres militaires en Lituanie, le tout dans le cadre de missions de l’OTAN sur son flanc Est.

Actuellement, 25 soldats sont déployés en Roumanie et 6 autres militaires en Lituanie. (Photo : mae)

AVIATION Mardi prochain sera réceptionnée, sur la base de Melsbroek, le dernier A400M commandé par la Belgique (7 avions) et le Luxembourg (1 avion pour 120 millions d’euros). L’exploitation de la flotte binationale, sur une durée de 35 ans, va nécessiter une enveloppe luxembourgeoise de 420 millions d’euros.

En parallèle, 598,4 millions d’euros sur 30 ans vont être consacrés à la flotte multinationale MRTT (transport, évacuation médicale et ravitaillement en vol) dont 259 millions d’euros pour l’acquisition de nouveaux avions et 339,4 millions d’euros pour les coûts opérationnels.

Le Grand-Duché va aussi cofinancer le renouvellement de la flotte Awacs (détection et commandement), exploitée par l’OTAN. Le budget n’est pas encore défini.

Le Luxembourg a réceptionné, en septembre 2020, son A400M. Une enveloppe de 120 millions d’euros a été débloquée. (Photo : julien garroy)

 

SATELLITE Finalement, le fameux satellite d’observation Luxeosys, véritable gouffre financier, sera lancé entre octobre 2024 et janvier 2025, par SpaceX et sa fusée Falcon 9. Le coût total est passé de 170 millions d’euros, en 2020, a finalement 309 millions d’euros en 2023. Il sera possible de réaliser, pour des clients militaires et civils, jusqu’à 100 images haute définition par jour.

Le satellite d’observation Luxeosys (coût : 309 millions d’euros) sera enfin lancé, entre octobre 2024 et janvier 2025, par SpaceX. (Photo : chambre des députés)



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