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les hommes prennent leurs responsabilités


Remboursées à 100% depuis 2023, les vasectomies sont en plein essor. Rencontre avec une urologue du CHL et un homme qui a sauté le pas.

Depuis le 1er avril 2023, la vasectomie est remboursée à 100 % par la Caisse nationale de santé. Une gratuité qui a motivé une prise de conscience chez beaucoup d’hommes et qui a déclenché un véritable afflux chez les urologues. En presque un an, quelque 262 opérations de ce genre ont été réalisées au Grand-Duché.

Il y a deux ans, Nicolas, coiffeur à Dudelange, sautait le pas et décidait de subir cette intervention irréversible. Il raconte comment la vasectomie a permis à son couple de gagner en sérénité.

Comment s’est déroulée votre réflexion ?

J’ai trois enfants et après la naissance de notre dernière fille, ma compagne a pris une pilule qui a eu des effets sur ses règles. Elles se sont arrêtées. Nous ne trouvions pas cela normal. Nous ne voulions plus d’enfants et après réflexion, j’ai décidé de me faire opérer. La décision s’est prise rapidement, sans beaucoup d’hésitation. C’était il y a deux ans, j’avais quarante ans.

Comment avez-vous pris connaissance de ce type d’opération ?

Un ami de mon beau-père l’avait fait. Il m’a donné des informations ainsi que le contact d’un urologue dans une clinique au Kirchberg. J’ai obtenu un premier rendez-vous durant lequel nous avons parlé de mes antécédents et de l’opération. Il m’a expliqué en quoi consiste une vasectomie, son caractère irréversible, combien de temps cela aller durer, les démarches à suivre par la suite et m’a renseigné sur les possibles douleurs après l’opération. À la fin de la consultation, nous avons fixé le jour de l’opération.

La vasectomie n’a eu aucun impact sur mon désir

Pouvez-vous nous décrire le jour J ?

La vasectomie a été faite plusieurs mois après le premier rendez-vous. L’urologue m’avait demandé de venir dès 8 h du matin à la clinique et m’avait prévenu que je ressortirais vers midi. Je n’étais pas stressé à l’idée de me faire opérer. L’intervention a duré quinze minutes durant lesquelles j’étais sous anesthésie générale. Tout s’est très bien passé et comme prévu, je suis sorti aux alentours de 12 h.

Avez-vous eu des douleurs après la vasectomie ? 

J’ai ressenti une impression de gonflement pendant une semaine au niveau des points de suture. Pour en avoir discuté avec d’autres hommes, j’ai réagi un peu plus fort. J’ai eu des difficultés à marcher durant un temps, les frottements me faisaient mal. Je dirais qu’il a fallu un mois et demi avant un retour total à la normale sans aucune gêne.

Et par rapport à votre désir ?

La vasectomie n’a eu aucun impact sur mon désir et sur mes érections. Je ne sais pas pourquoi, je craignais quant à la première éjaculation, mais tout s’est bien passé. À ce niveau-là également, tout était comme avant.

Après l’opération, avez-vous eu d’autres rendez-vous avec un urologue ?

En théorie, j’aurais dû réaliser un spermogramme trois mois après l’opération pour vérifier que mon sperme est bien stérile. J’en avais déjà fait un lorsque nous essayions d’avoir notre premier enfant avec ma nouvelle compagne, car cela se fait rapidement et sans aucune douleur. Malheureusement, pour la vasectomie, je n’ai pas trouvé le temps de me rendre à la clinique et les semaines sont passées…

Ne plus être obligés de se protéger nous a fait gagner en sérénité

En 2022, l’opération n’était pas encore prise en charge par la sécurité sociale. Combien aviez-vous déboursé ?

Cela m’avait coûté environ 1 500 euros.

Votre choix de la vasectomie a-t-il fait réagir dans votre entourage ? 

Je n’ai eu aucune réaction négative, personne n’a été choqué par cette opération. Cela a éveillé la curiosité de certains, qui m’ont demandé des renseignements. Le fait de passer le pas démocratise l’opération.

Aujourd’hui, pouvez-vous nous décrire ce qu’a apporté cette opération dans votre quotidien ?

Ma compagne et moi-même avons l’esprit plus tranquille. Le fait de ne plus être obligés de se protéger nous a fait gagner en sérénité. C’est un poids en moins pour tout le monde. Aussi, je trouve ça bien que ce ne soit pas toujours à la femme d’endosser la responsabilité de la contraception. D’autant plus que les moyens contraceptifs masculins ont moins d’effets secondaires et ne sont pas douloureux.

«Au CHL, nous nous sommes fixé des limites»

Médecin spécialiste en urologie, le Dr Fleur Story détaille le déroulement de cette opération et la façon dont le CHL gère l’abondant afflux d’interventions concernant des vasectomies.

Qu’est-ce que la vasectomie et comment se déroule cette opération ? 

Il s’agit d’une contraception définitive et irréversible. Le chirurgien ligature les canaux déférents afin de couper la communication pour que les spermatozoïdes ne puissent plus sortir. Seul le liquide séminal sera éjaculé. À l’œil nu, il sera le même mais si l’on observe ce liquide à travers un microscope, plus aucun spermatozoïde ne sera visible.

Quelles démarches doivent faire les hommes qui souhaitent réaliser cette opération ?

Avant l’opération, il est nécessaire de voir un urologue en consultation. Durant ce rendez-vous, il reviendra avec vous sur vos antécédents et vous donnera tous les détails de l’opération. Ensuite, une date est fixée en tenant compte des seize semaines imposées par la Caisse nationale de santé (voir encadré). Au CHL, l’attente est plutôt de six mois. Nous avons fixé ce délai pour limiter le nombre de vasectomies et ainsi avoir plus de temps pour traiter des pathologies plus graves. Le jour de l’opération, celle-ci dure quinze minutes et le patient peut rentrer chez lui ensuite.

Que doit faire le patient après l’opération ? Y a-t-il des choses à faire ou à ne pas faire ? 

Nous déconseillons de faire du sport afin d’éviter les coups. Aussi, il n’est pas nécessaire de rédiger un arrêt de travail. Des douleurs sont possibles au niveau des cicatrices, mais les douleurs chroniques sont vraiment rarissimes.

Pendant les trois mois qui suivent l’opération, le patient doit continuer à utiliser un moyen contraceptif comme le préservatif. À l’issue de ces trois mois, il est nécessaire de réaliser un spermogramme pour vérifier que tout est à zéro. Cela est confirmé lors d’une consultation de contrôle. Après ce dernier rendez-vous, le patient pourra arrêter totalement sa contraception.

Confirmez-vous qu’il y a bel et bien un boom de vasectomies depuis que l’assurance maladie prend cette opération en charge ?

Oui, tout le monde est au courant pour ce remboursement et cela créé un véritable afflux. Au CHL, nous nous sommes fixé des limites pour pouvoir poursuivre nos activités classiques. Je dirais qu’on fait moins de dix vasectomies par semaine.

Quels sont les profils d’hommes qui décident de sauter le pas ? 

Il n’y a pas vraiment de profil. Je dirais qu’il est plus fréquent de voir des personnes de 30 à 40 ans. Ils expliquent que leur compagne a des problèmes avec sa contraception et que le couple ne veut plus d’enfants. Nous voyons plus rarement des jeunes qui ne souhaitent pas avoir d’enfants.

Diriez-vous qu’il y a moins de tabous autour de la vasectomie ? 

Il y a beaucoup moins de tabous autour de la vasectomie. On observe une vraie évolution dans la contraception. Même si on croise encore quelques récalcitrants qui disent qu’on leur enlève leur virilité, le discours a beaucoup évolué. Aujourd’hui, les femmes sont mieux informées quant à leur contraception et les hommes se sentent aussi concernés.

La fin du délai de réflexion

Hier, la ministre de la Santé a profité d’une réponse parlementaire pour annoncer la fin du délai de réflexion, ces seize semaines que les professionnels devaient respecter entre le premier rendez-vous et l’opération et qui devaient permettre d’obtenir le «consentement libre et éclairé» du patient. Ce délai «s’avère être une entrave à l’accès aux soins et n’apporte pas la garantie d’une meilleure information», reconnaît Martine Deprez. Ces quatre mois de réflexion, qui concernent aussi bien la vasectomie que la ligature des trompes, devraient donc disparaître d’ici peu.



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