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L’armée de l’Air et de l’Espace affectera cinq avions de transport A400M « Atlas » aux territoires d’outre-mer


En octobre 2022, un rapport du Sénat sur la présence militaire dans les outre-mer avait souligné que les moyens des forces de souveraienté en matière de transport aérien tactique étaient « limitées » après avoir été « drastiquement » réduits, suite notamment au retrait du Transall C-160.

Les « Forces armées dans la zone sud de l’océan Indien [FAZSOI] ont ainsi connu une forte baisse de leurs capacités en la matière à la suite du retrait du Transall C-160 en 2015, alors que ce dernier présentait une capacité d’emport bien supérieure à celle du Casa [6 tonnes contre 1,5] et une autonomie de 8 heures au lieu de 6 », était-il souligné dans ce document.

Bien sûr, les FAZSOI ont toujours la possibilié de demander le renfort d’un A400M « Atlas »… mais sous un préavis de 48 heures. Ce qui « pourrait s’avérer trop long en cas de crise impliquant une réaction rapide », avait estimé le rapport. Et le même diagnostic pouvait être posé pour les Forces armées en Polynésie française [FAPF] et les Forces armées en Nouvelle-Calédonie [FANC].

Aussi, pour le rapport, « sans avion de transport à long rayon d’action » et doté d’une capacité d’emport significative, la « capacité de projection de force et l’appui logistique dans les zones de responsabilité permanentes qui relèvent de ces forces demeurera fragile ».

D’ailleurs, l’envoi d’un A400M en Polynésie française dans le cadre de l’opération Résilience, en mai 2020, a illustré, en creux, le déficit capacitaire des FAPF en matière de transport aérien tactique. Sans doute trop bien… Car les possibilités offertes par cet avion ont réduit l’activité des armateurs locaux, dont les bateaux assurent le ravitaillement des atolls polynésiens.

Quoi qu’il en soit, lors d’une audition réalisée pour les besoins d’un autre rapport du Sénat, dédié cette fois à la place des outre-mer dans la stratégie maritime nationale, le directeur du centre des études de sécurité à l’Institut français des relatiosn internationales [IFRI], Élie Tenenbaum, avait établi le même constat.

« Avec les deux Casa dévolus aux FAZSOI, il faudrait 36 heures pour projeter en plusieurs rotations les 150 militaires à Mayotte et 114 heures pour les projeter au Mozambique, alors même que le contrat opérationnel prévoit cette projection en 24 heures », avait-il relevé. « Si nous voulions revoir à la hausse nos ambitions et nos capacités, le déploiement d’un ou deux avions A400M par bassin océanique transformerait radicalement les capacités d’action et les activités des forces de souveraineté », avait estimé M. Tenenbaum.

Ce déficit capacitaire a été pris en compte par la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30…

« Nos forces de souveraineté bénéficieront d’un effort généralisé sur le plan capacitaire [protection, intervention et appuis, infrastructure] et constitueront un premier échelon renforcé immédiatement disponible [présence, protection et action humanitaire] afin de décourager toute tentative de déstabilisation ou de prédation. […] Les capacités d’intervention terrestres durcies seront plus réactives, et profiteront à l’horizon 2030 de la possibilité d’effectuer de l’aérotransport inter-théâtres avec la couverture permanente d’A400M dans l’océan Indien », indique en effet le texte, sans livrer plus de détails.

Des précisions ont été données à l’occasion de la présentation du projet de loi de finances [PLF] 2024 pour la mission « Défense ». PLF qui, pour rappel, prévoit une hausse de 3,3 milliards d’euros du budget des armées [soit +7,5%, hors pensions].

Ainsi, le dossier de presse du ministère des Armées précise que cinq A400M Atlas renforceront les « moyens de nos armées dans les territoires d’outre-mer » au cours de la LPM en cours. De même que, sans surprise, une corvette [issue du programme European Patrol Corvette] et cinq patrouilleurs Outre-Mer [dont deux seront livrés dès 2024]. Et cela s’accompagnera d’un investissement de 800 millions d’euros au profit des infrastructures.

Si les modalités relatives à leur mise en oeuvre restent à préciser, ces cinq A400M « Atlas » pourraient servir l’influence française dans la région Indo-Pacifique… À l’image de ce que fait la Chine qui, en janvier 2022, avait rapidement envoyé de l’aide humanitaire aux îles Tonga après l’éruption d’un volcan grâce à deux avions de transport Y-20. Et pour Pékin, c’était aussi une occasion d’affirmer sa présence dans la région.

« Il y a […] la menace liée à l’influence chinoise : ce n’est pas seulement en construisant des bases qu’on la contrecarrera. Il faut pour cela répondre aux besoins des populations et des pays de la zone », avait expliqué le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA], en évoquant l’Indo-Pacifique lors d’une audition parlementaire. Les « pays riverains ne sont pas focalisés sur l’aspect militaire, car ils ne veulent pas avoir à choisir un camp ou un autre. En revanche ils sont préoccupés à juste titre par le changement climatique, les conséquences des catastrophes naturelles. Nous devons leur apporter une aide en ces domaines, les aider à contrôler leur ZEE [zone économique exclusive], etc. C’est dans cette voie que nous devons avancer », avait-il conclu.

Pour rappel, la LPM 2024-30 prévoit de doter l’armée de l’Air & de l’Espace d’au-moins 35 A400M d’ici 2035. Cet appareil a la capacité de transporter une charge maximale de 37 tonnes [ou 25 tonnes sur 4 500 km ou encore 17 tonnes sur 5 800 km].





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