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La frégate danoise Iver Huitfeldt a eu des problèmes de radar et de munitions lors d’une attaque houthie


En janvier, le Parlement danois a donné son feu vert au déploiement de la frégate de défense aérienne HDMS Iver Huitfeldt en mer Rouge, au sein de la coalition navale « Gardien de la prospérité », créée à l’initiative des États-Unis afin de protéger le trafic maritime contre les attaques des rebelles houthis, liés à l’Iran.

Étant donné que celles-ci affectent les activités de l’armateur Maersk, l’une de ses entreprises les plus importantes, le Danemark est forcément concerné par la situation en mer Rouge. D’où cette décision.

« Nous avons répondu au souhait que le Danemark fasse partie de [la] coalition [Gardien de la prospérité]. Il ne s’agit pas d’un pseudo-travail militaire. C’est une situation sérieuse dans laquelle le Danemark affirme qu’il assumera également la responsabilité politique de mettre un terme à ce qui se passe », avait alors commenté Troels Lund Poulsen, le ministre danois de la Défense.

Le 9 mars, la frégate HDMS Iver Huitfeldt a abattu quatre drones kamikazes [ou munitions téléopérées – MTO] sur les quinze que venaient de lancer les rebelles houthis depuis le Yémen en direction de navires croisant dans le sud de la mer Rouge.

« Nous étions conscients dès le départ que cette tâche impliquait une forte probabilité de recours à la force armée. C’est désormais chose faite et je suis fier que le navire et l’équipage aient fait ce pour quoi ils ont été envoyés de manière professionnelle, à savoir protéger la liberté de navigation », s’est alors félicité le général Flemming Lentfer, le chef d’état-major de la Défense danoise.

Mais d’après le site spécialisé Olfi, cette séquence a failli très mal tourner pour l’équipage danois.

Pour rappel, les trois frégates appartenant à la classe « Iver Huitfeldt » emportent jusqu’à 56 missiles surface-air, à savoir 32 RIM-66 Standard [ou SM-2] et 24 RIM-162 Evolved SeaSparrow Missile [ESSM] d’une portée de 50 km. Leur armement est complété par deux canons principaux OTO Melara de 76 mm et par un système CIWS Oerlikon de 35 mm. Enfin, elles sont dotées d’un radar de surveillance longue portée SMART-L et d’un radar multifonctions APAR [Active Phased Array Radar] fournis par Thales Nederland. Le tout est mis en oeuvre par le système de gestion de combat C-FLEX, conçu par le groupe danois Terma A/S.

Selon un message Otan à diffusion restreinte daté du 13 mars et publié par Olfi, le commandant du HDMS Iver Huitfeldt, le Kommandørkaptajn [ou capitaine de frégate] Sune Lund, a fait état d’un dysfonctionnement entre le radar APAR et le système C-FLEX, ce qui a empêché le tir de missiles RIM-162 ESSM pour intercepter les drones hostiles durant trente minutes.

Mais le plus grave est que, selon l’officier danois, ce problème ne serait pas nouveau… et qu’il aurait été « ignoré » pendant des années parce qu’il n’y avait pas « d’urgence » à le résoudre.

Outre ce dysfonctionnement, le commandant de la frégate danoise a également indiqué que la moitié des obus tirés par les deux tourelles de 76 mm n’ont eu « aucun effet » sur les cibles hostiles… Parce qu’ils ont explosé prématurément, parfois juste après leur sortie du canon. « Tous les obus en dotation ont plus de trente ans. Ils ont été munis d’une fusée de proximité en 2005, ce qui semble inadapté pour le combat réel », a-t-il écrit dans le message relayé par Olfi. « Je dois souligner le caractère critique et inacceptable d’envoyer une frégate dans un environnement hostile avec des munitions constituées de ce type d’obus instables », a-t-il insisté.

À noter que, déployée au sein de la force navale européenne Aspides, la frégate allemande Hessen a aussi connu quelques mésaventures, en manquant d’abattre un drone américain MQ-9 Reaper qu’elle avait considéré comme hostile. En outre, il est apparu, plus tard, qu’elle avait eu également des difficultés pour tirer des missiles RIM-162 ESSM. Or, comme le HDMS Iver Huitfeldt, elle est équipée de radars Smart-L et APAR. Mais son système de gestion de combat est différent.

Quoi qu’il en soit, cette affaire ne va pas en rester là, le ministre danois de la Défense ayant exigé l’ouverture « immédiate » d’une enquête. « C’est très grave, et c’est pourquoi j’ai demandé une explication », a-t-il dit, le 2 avril. D’autant plus que, selon ses dires, il n’avait pas été informé des dysfonctionnements de la frégate, dont le déploiement a été visiblement écourté puisqu’elle est déjà sur le chemin du retour.

De son côté, l’état-major danois a cherché à temporiser.. « L’image dressée par les médias de la situation est basée sur un instantané, où beaucoup de choses restent encore floues. À la suite de l’incident, un certain nombre d’observations de nature technique concernant les capteurs et les armes ont été réalisées. Elles sont actuellement en cours d’analyse. Il est donc trop tôt pour en tirer des conclusions claires. La seule chose que l’on peut dire avec certitude à ce stade, c’est que la frégate a abattu quatre drones et que les procédures et tactiques ont fonctionné », a-t-il répondu au journal Avisen Danmark.

Photo : Ministère danois de la Défense





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