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Incertitudes sur les finances publiques


Les multiples crises vont affecter les finances publiques. L’économie stagne et le pays pourrait même entrer en récession, prévient le Statec. Les délégations ont eu un état des lieux de la situation.

Au deuxième jour des négociations de la nouvelle coalition CSV/DP, l’enthousiasme de la veille a sans doute cédé la place à un sentiment d’inquiétude en opérant un état des lieux des finances publiques. «Je ne fais pas de promesses», avait répété inlassablement le Premier ministre, Xavier Bettel, pendant la campagne alors que son adversaire, devenu depuis son partenaire politique, promettait moins d’impôts pour tout le monde, donc plus de revenus nets.

Hier, le directeur du Statec, Serge Allegrezza, qui participait aux discussions, a prévenu ses interlocuteurs qu’un risque de récession n’était pas exclu, selon ses déclarations recueillies par nos confrères de la radio 100,7. Le contexte général, «relativement difficile», n’échappe à personne et le formateur, Luc Frieden, avait déjà laissé entendre, hier, au sortir de la première réunion plénière, que la situation macroéconomique et géopolitique entraînait des incertitudes quant aux finances publiques.

Le Statec voit l’économie ralentir depuis la fin de l’année dernière et n’espère pas de reprise avant fin 2024, voire début 2025, à moins qu’une autre crise viennent perturber ces prévisions. Si l’économie luxembourgeoise devait poursuivre son ralentissement, il se pourrait que les prévisions de croissance fixées à 1,5 % se transforment en une récession, au mieux, une stagnation, selon l’analyse de Serge Allegrezza.

 La Chambre de commerce que présidait le formateur avant sa candidature aux élections législatives, estimait qu’il était essentiel pour le prochain gouvernement «de rétablir l’équilibre budgétaire et de réduire l’endettement, tout en investissant dans l’avenir du Luxembourg et notamment dans la double transition digitale et environnementale».

En 2022, les dépenses des administrations publiques représentaient 43,3 % du PIB, mais le gouvernement avait mis le paquet pour amortir les conséquences de la crise sanitaire. Avant cela, entre 2016 et 2019, l’augmentation des prestations sociales et de la rémunération des salariés du secteur public ont déjà pesé dans les dépenses publiques.

«En augmentant plus vite que la richesse produite par les actifs et les entreprises, cette tendance à la hausse des coûts ronge la soutenabilité des finances publiques, tout en menaçant le triple A, la compétitivité et l’attractivité du pays», prévenait la Chambre de commerce, en prédisant une pression élevée sur les finances publiques due aux prix de l’énergie, du niveau des taux d’intérêt et des changements structurels au niveau des recettes, comme l’érosion du tourisme à la pompe et les nouvelles réglementions fiscales internationales.

Réformer les pensions ?

Même si le Luxembourg peut se targuer d’avoir traversé les multiples crises sans trop de mal, en comparaison à ses partenaires européens, sa compétitivité doit être soignée.

«Son amélioration pourrait passer par une modernisation du secteur public comme l’efficacité des dépenses publiques, l’évaluation, l’ouverture des emplois publics, la digitalisation», suggérait la Fondation Idea. Dans la foulée, elle proposait aussi «une modernisation du régime de modération salariale en temps de crise visant à préserver à la fois la compétitivité-coût, le pouvoir d’achat et les finances publiques».

Les projections actuelles du gouvernement tablent sur un déficit des administrations publiques de l’ordre de 1,5 milliard d’euros (-1,7 % du PIB) en 2024, mais qui devrait se réduire graduellement d’ici à 2027. Cependant, l’autre grande inquiétude vient de la Sécurité sociale dont les réserves fondent chaque année un peu plus en raison du vieillissement démographique.

Pour l’exercice 2023 du budget de l’assurance maladie-maternité, les dernières estimations prédisent un déficit de l’ordre de 41,5 millions d’euros pour les opérations courantes et cette tendance au déficit se maintiendrait à moyen et long terme, selon les conclusions de la dernière quadripartite Santé.

Une discussion aura-t-elle lieu concernant une réforme des retraites? S’impose-t-elle? Sans doute vu que les pressions financières sur les systèmes de retraite existants «deviennent de plus en plus prononcées», selon la Chambre de commerce, chère à Luc Frieden.

D’ici 2050, il risque d’y avoir presque autant de bénéficiaires que d’actifs finançant le système. Certes, il y a des réserves importantes, qui en 2020 étaient presque cinq fois supérieures au niveau des prestations annuelles.

Son niveau devrait fortement se réduire et redescendrait au seuil minimum légal de 1,5 fois le montant des prestations annuelles dès 2041 avant de disparaître totalement en 2047, selon les analyses du patronat.

Il faudra donc de la croissance, et beaucoup de croissance pour maintenir le niveau de vie des habitants et les généreuses prestations de l’État.

🗳 Retrouvez tous nos papiers sur les élections législatives dans la rubrique dédiée



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