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Franck Biya passe à la vitesse supérieure : Voici comment les ministres se rangent

Né au lendemain de l’élection présidentielle de 2018, le Mouvement franckiste pour la paix gagne du terrain. Son ambition est claire : porter Franck Emmanuel Biya au pouvoir. Officiellement, le concerné ne les approuve ni ne les désapprouve. Un silence qui délie la langue des opposants.

Le public ne retenait de lui que sa filiation : Franck Biya est le fils du président. Pendant 40 ans, le Camerounais lambda n’était pas à mesure d’en dire plus sur celui que tous appellent « Franck Biya ». Sa discrétion tranche avec la fanfaronnade à laquelle les « fils de » ont habitué le public. Grosses voitures exposées par-ci, soirée arrosées de champagne par-là… Franck Biya s’est toujours tenu à bonne distance de cet exhibitionnisme.

Il a en plus, tenu à passer ses 40 premières années loin de la politique. Il n’a jamais occupé un poste dans la soixantaine de gouvernements formés par son président de père. Même pas un strapontin de Directeur général d’une entreprise publique. Bref il a choisi d’évoluer en marge de ce panier à crabes qu’est la politique. Mais là c’était avant. Car depuis quelques années, Franck bien a pris l’engagement de sortir de l’ombre.

Il s’affiche de plus en plus. Dernière sortie en date ? La fête de l’unité au Boulevard du 20 mai à Yaoundé. Dans le premier carré présidentiel, la présence de Franck Biya ne pouvait passer inaperçue. Il était à côté de Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence de la République, lui-même suivi par Mvondo Ayolo, ci-devant ministre Directeur du cabinet civil de la présidence de la République.

Quelques mois avant, Franck Biya avait fait les choux gras de la presse. C’était le 06 novembre 2021. Le fils devenu entretemps conseiller avait choisi le jour anniversaire de l’ascension de son père au pouvoir pour rendre visite à Nabil Njoya, nouveau Sultan des Bamoun. Simple hasard de calendrier ?

Non ; répond Valère Bessala interrogé par Bouba Ngomena au cours de l’émission Le Débrief sur Canal2 International deux jours après cette visite fort commentée. Pour cet administrateur civil, la visite de Franck Biya n’est pas le fruit du hasard. Il s’agit d’une opération de marketing politique pour faire comprendre qu’il est là et peut faire l’affaire, a expliqué le président du parti Jouvence.

Lui-même n’a jamais donné une explication sur sa décision de sortir de l’ombre où il est néanmoins resté pendant 40 ans. Un silence qui laisse libre cours à toutes les spéculations. «Paul Biya prépare son fils », « Franck Biya veut prendre la place de son père», « Franck Biya futur président »… Le sujet intéresse désormais les grandes chancelleries et est en débat dans les états-majors des partis politiques.

Les Mouvement pour la renaissance du Cameroun en a d’ailleurs fait l’un des axes de sa stratégie. Le parti de Maurice Kamto a longtemps dénoncé le « Non au gré à gré » qu’il présente comme la transmission du pouvoir à un proche du président de la République sans se référer aux mécanismes constitutionnels ou en les retaillant à la mesure d’un dauphin.

L’appel de la jeunesse

Cultivant le silence comme son père, Franck Biya ne dit rien. Les spéculations peuvent monter et descendre, le jeune quinquagénaire reste impassible. « Laisse parler les gens », semble être la devise qu’il emprunte à un célèbre orchestre. Toujours est-il qu’au lendemain de la présidentielle 2018, de nouveaux éléments s’ajoutent à ce qui prend les allures d’un puzzle dont les parties se rassemblent par la magie du temps. Outre les sorties publiques, Franck Biya, de sources médiatiques, a reçu les officiers supérieurs de l’armée dans sa résidence de Yaoundé.

Entre temps, on assiste à un activisme constant de certains jeunes qui se revendiquent du Mouvement franckiste. Réunions, saturation médiatique, les franckistes comme ils se font appeler, font feu de tout bois. Ils tiennent une page Facebook intitulée « Franck Biya pour 2025 ». Au 25 juin 2022, elle affichait 75 000 abonnés. Son objectif est clair : « la jeunesse Camerounaise souhaite voir M. Franck Emmanuel Biya devenir président en 2025 ».

Teasing politique ?

Toujours est-il que pour voir cette ambition se réaliser, les frankistes mouillent le maillot y compris sur le réseau social où ils reprennent les actions de leur futur champion. C’est ainsi que les photos de Franck Biya au Boulevard le 20 mai dernier ainsi que celles où il assiste à l’anniversaire du président y figurent en bonne place. Après l’Appel du peuple, place à l’Appel de la jeunesse.

Selon les communicateurs du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), Jacques Fame Ndongo en tête, Paul Biya s’est présenté à l’élection de 2011 pour répondre à l’Appel du peuple. Les nombreuses pétitions rassemblées et publiées par la Société de presse et d’édition du Cameroun (Sopecam) sous le titre Appel du peuple ont, d’après les militants du parti au pouvoir, constitué le déclencheur de la candidature du président.

En langage non technique, le peuple a trop insisté et le président a accepté et s’est présenté à cette élection. Suivant le même schéma, Franck se verra-t-il obligé de se présenter à la présidentielle de 2025 pour ne pas décevoir les milliers de jeunes qui le voient comme le meilleur choix pour cette échéance ? Seul l’avenir le dira.

En attendant, rien n’interdit à cet homme qui a atteint la majorité électorale de se présenter à une élection présidentielle au Cameroun. Il y est né et y résident depuis plus d’une décennie. Ce qui veut dire que sa candidature ne présente aucune anomalie sur le plan juridique. Au peuple d’en décider selon les offres politiques à proposées. Pour l’instant, à moins de relever du teasing, la candidature franckiste relève des conjectures ou des procès d’intention.

Né au Cameroun en 1971, Franck Biya y suit sa scolarité notamment aux collèges Vogt et la Retraite. Il étudie ensuite à l’Université de Californie du Sud (USC) de 1989 à 1994, où il obtient un Bachelor double cursus en sciences politiques et en économie.

De 1997 à 2004, Franck Biya devient partenaire de l’entreprise d’exploitation forestière I.N.G.F. En 2004, il fonde la société d’investissement Venture Capital plc. Dans le cadre du sauvetage de Camtel, l’une de ses sociétés financières rachète des titres de créances Camtel en 2005 puis les revend avec plus-value en 2006 au gouvernement. Une grosse polémique s’en suivra.

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