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Finalement, la Belgique est disposée à livrer des chasseurs-bombardiers F-16 à l’Ukraine


Cet été, après avoir obtenu le feu vert de Washington, trois pays européens – le Danemark, les Pays-Bas et la Norvège – ont fait connaître leur intention de livrer une partie de leurs anciens chasseurs-bombardiers F-16 à la force aérienne ukrainienne afin d’aider cette dernière à faire face à l’invasion russe . Et au total, il serait question d’environ 80 appareils.

Membre de cette coalition « F-16 pour l’Ukraine », la Belgique fit savoir qu’elle n’était pas en mesure d’en faire autant et que sa participation ne pouvait se limiter qu’à la formation des pilotes de chasse ukrainiens, même si ses F-16 doivent être progressivement remplacés par des F-35A commandés auprès de Lockheed-Martin.

« Nous voudrions pouvoir le faire mais nos appareils ont simplement trop d’heures de vol, et on ne peut envoyer en Ukraine des appareils que nous ne pouvons plus utiliser nous-mêmes », avait ainsi expliqué le général Frédéric Goetynck, chef du département des ressources matérielles de la Défense belge, le 4 septembre. « Personne ne prendra la décision politique » de livrer des équipements « dont la carrosserie comporte des fissures », avait-il cru bon d’ajouter…

Seulement, un mois plus tard, à l’occasion d’une visite à Bruxelles du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, le Premier ministre belge, Alexander De Croo, a finalement ouvert la voie à une livraison de F-16 à Kiev à partir de 2025. Mais en y mettant une condition. « Cela dépendra de la position du gouvernement [belge, ndlr] qui sera en place à ce moment », a-t-il dit.

Alors qu’elle estimait, il y a quelques jours encore, qu’il était « impossible techniquement de livrer certains chasseurs-bombardiers en fin de vie », la ministre belge de la Défense, Ludivine Dedonder, s’est défendue d’avoir changé d’avis. « Je ne sais pas fournir d’avions de combat à court terme car ils sont utiles à sécuriser notre espace aérien », a-t-elle dit, à l’antenne de la RTBF, le 11 octobre.

« Ce que nous proposons, c’est la maintenance des F-16 et des moteurs, la formation des pilotes ukrainiens, la formation des techniciens et la possibilité, à partir de 2025, de livrer des F-16. On est sur la logique que j’ai toujours défendue : pas [de livraison] immédiatement mais à partir de 2025 au fur et à mesure que nous recevons les F-35 », a ensuite expliqué Mme Dedonder à la presse.

Le Maintien en condition opérationnelle [MCO] des futurs F-16 ukrainiens est un point capital. Il devrait ainsi être assuré par Sabena Engineering [ex-Sabca] et Patria BEC. Par ailleurs, la Belgique accueillera, « d’ici la fin de l’année », une cinquantaine de techniciens ukrainiens pour une « formation en collaboration avec [son] industrie de défense et de sécurité », a précisé la ministre belge de la Défense.

Reste à voir combien de F-16 pourront être livrés à l’Ukraine, sachant que Bruxelles avait justifié leur remplacement par des F-35A en expliquant qu’ils allaient bientôt arriver au bout de leur potentiel, estimé à 8000 heures de vol.

Cependant, cette évaluation fut contestée en 2017, dans une étude remise par… Lockheed-Martin. En effet, ce document expliquait que les F-16 d’outre-Quiévrain avaient suffisamment de potentiel pour rester en service jusqu’en 2029. « L’avion moyen peut voler au ­delà des 8.000 [heures de vol]. En moyenne, l’avion peut rester en service pendant six ans de plus », avait-elle avancé. Mais ses conclusions avaient été rejetées par les responsables belges.

« Il y a encore des Spitfire qui volent! », s’était exclamé Steven Vandeput, alors ministre de la Défense. « Vous pouvez laisser un ancêtre voler cent ans de plus. La question est de savoir ce que vous pourrez encore tirer de ces F-16. Cette étude porte sur la carrosserie, pas sur l’ensemble du système d’armement », avait enchéri le colonel Harold Van Pee, le responsable du programme Air Combat Capability [ACCAp] de la Défense belge.

Par ailleurs, M. Zelensky n’a pas quitté Bruxelles les mains vides. En effet, M. de Croo a promis d’octroyer à Kiev un chèque de 1,7 milliard d’euros, soit l’équivalent du montant des taxes sur les intérêts produits par les avoirs russes gelés dans les banques belges.

Photo : Ministère belge de la Défense





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