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Etoudi : isoler le président Paul Biya… la mauvaise idée de son entourage


Pour les analystes politiques, il est évident qu’un président isolé dans sa tour d’ivoire, où la vérité vécue par ses concitoyens ne s’incarne pas, devient un mauvais président.

Les exemples sont d’ailleurs légions. En France par exemple, pendant que l’affaire de l’Epad battait son plein, quand Nicolas Sarkozy envisageait tranquillement la nomination de son fils à cet organisme, aucun conseiller élyséen n’avait osé lui dire que cette promotion, concernant son fils, passait très mal dans l’opinion. La suite, on la connaît.

Il est vrai, chaque président a sa recette pour éviter d’être isolé. Toujours en France, d’autres témoignages font état de ce que François Mitterrand entretenait différents cercles d’intimes, qu’il mettait en rivalité. Il entretenait quelques amitiés avec de vieux amis, élus locaux, qu’il consultait régulièrement. Jacques Chirac quant à lui cherchait à susciter les critiques de son entourage, par l’humour.

En tête à tête, il supportait les réflexions très vertes de ses visiteurs du soir. Des amis fidèles, au franc-parler, comme Pierre Mazeau ou Jean-Louis Debré, qu’il rencontrait en toute décontraction, le dimanche soir à l’Elysée. Nicolas Sarkozy multipliait les déplacements hors des murs parisiens, plusieurs fois par semaine. François Hollande disposait d’une technique personnelle, c’était le Sms à ses proches collaborateurs. C’est dire si chaque président de la République utilise la technique qui lui est propre pour éviter de tomber dans le piège d’une toile d’araignée tissée autour de lui. L’on définit comme toile d’araignée, ce groupe d’hommes intelligents, mais cyniques qui ont, au fil des années, étudié les attitudes du président afin de mieux l’embrigader.

Et rares sont les chefs d’Etat qui ont réussi à se soustraire des toiles tissées par leurs plus proches collaborateurs, même si l’on est conscient qu’on s’est mis à dos tout le peuple. On a par exemple vu comment l’entourage de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, l’a pratiquement coupé de la réalité. C’est également les cas de Samuel Do jusqu’à sa mort, d’Idi Amine jusqu’à son exil, de Dadis Camara de la Guinée Conakry, ainsi que certains présidents des pays arabes où les populations sont descendues dans la rue. C’est la raison pour laquelle ceux qui ont compris ce que cet isolement pouvait engendrer, à l’instar de Léopold Sedar Senghor du Sénégal ou encore Nelson Mandela de l’Afrique du Sud, n’avaient jamais accepté cette solitude. Au Cameroun, une anecdote soutient que dans le cas d’Ahmadou Ahidjo, le tout premier camerounais avait été piégé par la toile d’araignée qui s’était tissée autour de lui.

C’est en effet cet entourage qui lui avait fait croire qu’il était atteint d’une maladie incurable. Et qu’il devait rapidement céder le pouvoir. Ce que fit naïvement le fils de Garoua. Lorsqu’il se rendit plus tard de la supercherie, la messe était dite. Plus futé, le président Sekou Touré de la Guinée, avait su à l’époque éviter cet isolement. Conséquence, toutes les tentatives pour le déstabiliser ont échoué jusqu’à sa mort. En réalité dans la plupart des cas, soutient-on, en tissant une toile d’araignée autour d’un chef de l’Etat, l’entourage présidentiel prépare déjà un homme qui émergera. C’est ce dernier qu’on appelle généralement «l’homme du président».

Il est le chef de file chargé d’isoler le président de la République. Avec son clan, ils mettront tout en œuvre pour que le chef de l’Etat épouse leurs idées et ne puisse plus s’en passer. Vous nous direz et Paul Biya ? Le président camerounais, à l’observation, tente tant bien que mal d’éviter cette solitude, même si des noms circulent dans son entourage pour l’isoler. Mais pour combien de temps va-t-il encore résister ?





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