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États-Unis : une femme enceinte assassinée dans la communauté Amish


Un cadre austère, peu de fioritures, le silence. Lundi après-midi, c’est dans ce décor maintes fois fantasmé à la télévision et au cinéma qu’une jeune femme a été découverte morte, dans sa maison du canton de Sparta, une terre amish de l’État de Pennsylvanie (nord-est des États-Unis). Ce serait la deuxième fois, connue, qu’un homicide est commis dans cette communauté chrétienne très pieuse et pacifiste, célèbre pour son rejet de nombreux aspects du monde moderne.

Rebekah Byler avait 23 ans, elle était enceinte. Son corps a été retrouvé dans le salon de sa maison, à quelques kilomètres de Spartansburg, par son mari Andy. Avec une amie de la famille, ils ont appelé les secours à 12h36, pour dire qu’ils avaient trouvé la future mère inconsciente. Elle présentait des marques de coupure au cou et à la tête. Les deux jeunes enfants de Rebekah Byler étaient dans la maison, située sur une route isolée au milieu de terres agricoles.

Appel à témoignage

La police d’État a déclaré jeudi à l’Associated Press que l’enquête et l’autopsie avaient donné à la police une idée de ce qu’aurait pu être l’arme du crime, mais qu’elle ne l’avait pas en sa possession. Deux mandats de perquisition ont été émis à la demande de la police, concernant la maison et les dépendances, visant tous les « couteaux, lames, instruments coupants » et d’autres objets qui pourraient intéresser l’enquête.

La police n’a pas précisé comment Rebekah a été tuée, elle a en revanche admis n’avoir, pour l’heure, aucun suspect. Elle a lancé un appel à témoignage et propose 2 000 dollars de récompense pour « toute information susceptible de conduire à une arrestation et/ou à la résolution du crime ».

Des dizaines de membres de la communauté se sont réunis jeudi soir pour une veillée en mémoire de Rebekah Byler, venant en voitures tirées par des chevaux. Ils n’ont fait aucun commentaire. Lindsey Smith, présidente de l’auxiliaire féminin du service d’incendie volontaire de Spartansburg, a déclaré que tout le monde était « triste et choqué ». « Nous sommes inquiets pour nos Amish », a-t-elle glissé, affirmant que les relations entre Amish et non-Amish sont bonnes, les groupes se mélangeant à l’occasion d’activités bénévoles. « Ils constituent une grande partie de notre communauté » et « nous soutiennent beaucoup », a-t-elle ajouté.

Le peuple Amish, venu d’Europe aux XVIIIe et XIXe siècles, double tous les 20 ans et vit vieux. L’été dernier, selon le recensement du Young Center for Anabaptist and Pietist Studies du Elizabethtown College en Pennsylvanie, ils étaient 384 380, répartis dans 32 États américains, quatre provinces canadiennes et en Bolivie. Il n’existe plus de communauté en Europe.

Révélations dans une enquête journalistique

Rendus célèbres par le film « Witness », les Amish, pacifistes et non prosélytes, mènent une vie simple au service de Dieu. Ils parlent un dialecte allemand issu de leurs origines alsaciennes. Ils n’ont pas ou peu le téléphone – certaines communautés ont accès à plus de technologies -, se déplacent à cheval ou en calèche, ne font pas appel au système médical ni à la sécurité sociale américaine, ils ne votent pas, ont leurs propres écoles, ne prennent ni le train ni l’avion. Les générations s’éduquent selon des principes forts de solidarité familiale et communautaire.

La délinquance n’y a en principe pas cours. En 1993, Edward Gingerich avait été le premier homme Amish connu arrêté pour avoir battu sa femme à mort. Il avait été condamné par la justice de Pennsylvanie à une maigre peine de prison, 5 ans, en raison de son déséquilibre mental. Depuis la découverte du corps de Rebekah Byler, aucun homicide n’avait été recensé. En 2020, une enquête journalistique avait mis en avant les crimes sexuels et incestueux commis et tus dans les communautés Amish de sept États des États-Unis. Dans un documentaire diffusé en mai dernier, des femmes ayant fui leur communauté ont aussi révélé les abus dont elles avaient été victimes.



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