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En rejoignant l’Otan, la Suède met fin à son non-alignement militaire


L’adhésion de la Suède à l’Otan, qui se concrétise après le feu vert ce lundi 26 février du Parlement hongrois, met fin à 200 ans de non-alignement militaire pour le pays nordique.

Cette adhésion marque un changement profond pour la défense suédoise, qui s’inscrit désormais dans un collectif, et une évolution géopolitique majeure pour la région.

Pourquoi la Suède a décidé de rejoindre l’Otan ?

Après la fin des guerres napoléoniennes au XIXe siècle, la Suède a officiellement adopté une politique de neutralité.

Elle a évolué après la fin de la guerre froide en une politique de non-alignement militaire afin de se tenir à l’écart de tout conflit futur.

Si elle contribue aux forces internationales de maintien de la paix, la Suède n’a ainsi plus connu de guerre depuis le conflit contre la Norvège en 1814.

Malgré sa neutralité, elle a mené une intense activité diplomatique, plaidant pour les droits humains et se trouvant parfois surnommée « superpuissance humanitaire ».

Tout en restant à l’extérieur de l’Otan, elle s’est rapprochée de l’Alliance atlantique en rejoignant le Partenariat pour la paix en 1994 et le Conseil de partenariat euro-atlantique en 1997.

Une majorité de Suédois a longtemps été opposée à l’adhésion, vue comme un tabou par les sociaux-démocrates, principal parti suédois.

L’ancien ministre de la Défense social-démocrate Peter Hultqvist déclarait ainsi encore à l’automne 2021 qu’il pouvait « garantir » qu’il ne participerait jamais à un processus d’adhésion.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a marqué un tournant spectaculaire dans les partis et l’opinion et une nette majorité du parlement a voté en mai 2022 en faveur d’une demande d’adhésion à l’Otan.

Comment la Suède contribue à l’Otan ?

La Suède a longtemps investi massivement dans sa défense pour assumer sa neutralité avant de réduire ses dépenses après la fin de la guerre froide.

Son budget défense a recommencé à augmenter en 2014 après l’annexion de la Crimée par la Russie.

En 1990, ce budget représentait 2,6% du PIB, avant de se réduire jusqu’à 1,2% en 2020, selon le gouvernement, qui assure que l’objectif de l’Otan de 2% du PIB est à nouveau franchi en 2024.

En combinant ses différentes branches, l’armée suédoise peut aligner quelque 50.000 soldats, dont environ la moitié sont des réservistes.

Dans les airs, elle s’appuie sur plus de 90 avions de chasse JAS 39 Gripen, du fabricant suédois Saab, et elle dispose d’une flotte de guerre en mer Baltique qui comprend plusieurs corvettes et sous-marins.

Le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, a également déclaré en janvier que son pays était prêt à fournir des troupes aux forces de l’Otan en Lettonie.

« La Suède est prête à assumer ses responsabilités en matière de sécurité euro-atlantique », a-t-il déclaré lundi après le feu vert hongrois.

L’adhésion de la Suède – et de la Finlande – à l’Otan signifie également que la mer Baltique est désormais entourée de pays membres de l’Alliance, certains analystes la qualifiant de « lac de l’Otan ».

« C’est la dernière pièce du puzzle de la carte de l’Otan en Europe du Nord qui se met en place », estime Robert Dalsjö, analyste à l’Agence suédoise de recherche sur la défense (FOI).

Quelles sont les implications pour la défense suédoise ?

La Suède doit désormais inscrire sa politique dans un cadre collectif, soulignent les experts.

« La Suède a longtemps travaillé en partant du principe de devoir résoudre la tâche seule », explique Jan Henningson, également chercheur à l’Agence suédoise de recherche sur la défense.

« Nous allons maintenant devoir apprendre à travailler en équipe. Et nous devrons nous adapter au fait que nous ne nous préparons pas à défendre uniquement le territoire suédois, mais aussi le territoire allié », relève de son côté Dalsjö.

Dans un contexte où la Finlande ou les pays baltes seraient des champs de bataille, la Suède devra se positionner comme pays de transit pour les troupes de l’Otan.

L’adhésion bouleverse également sa conception traditionnelle des rapports de force en cas de conflit potentiel.

« Traditionnellement, nous pensions que nous étions un petit État et que celui qui nous attaquait était beaucoup plus grand », relève Henningson.

Mais en ce qui concerne l’économie et la démographie, « l’Otan est bien plus grande que la Russie », ajoute-t-il. « Nous ne sommes plus David sous aucun aspect ».

Ce qui est à l’avantage de Stockholm, selon ses responsables militaires.

« Il s’agira d’une force assez impressionnante avec, espérons-le, la puissance combinée de 32 pays, de la Turquie au sud jusqu’au Svalbard » au nord, a déclaré le chef de l’armée suédoise, Jonny Lindfors, au journal Dagens Nyheter en décembre.



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