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Des rumeurs persistantes font état d’un grave incident survenu à bord d’un sous-marin nucléaire chinois


Le 22 août, une rumeur selon laquelle un sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] chinois aurait été victime d’un grave incident en mer Jaune a commencé à circuler sur les réseaux sociaux, après avoir été lancée, via X/Twitter, par le compte « Lude Media« , animé par un ressortissant chinois installé aux États-Unis [du moins, c’est ce qu’indiquent les renseignements de sa page Youtube].

Ainsi, celui-ci avança que le sous-marin n°417 [ce qui correspond à un SNA de type 093, admis au service en 2017] avait été pris au piège par une barrière d’ancrage, précisément à 8h12, le 21 août. Cela aurait provoqué une « dépressurisation » du navire, qui put cependant faire surface à 14h04 alors que ses réserves en oxygène étaient épuisées. Et Lude Media de préciser que 55 marins y auraient laissé la vie et qu’un rapport venait d’être adressé au président chinois, Xi Jinping, ainsi qu’à la Commission militaire centrale.

Ce récit avait de quoi susciter quelques interrogations… Le choc avait-il été si violent au point de provoquer une « dépressurisation » du sous-marin et d’épuiser ses réserves en oxygène, alors qu’il a été conçu pour naviguer pendant des semaines en immersion? Cependant, que des sous-mariniers aient pu périr par asphyxie était possible : en 2008, le SNA russe K-152 Nerpa fut victime d’un incident provoqué par le déclenchement accidentel du système anti-incendie dans deux de ses compartiments, ce qui avait entraîné une émission de gaz toxiques [du freon, en l’occurrence], fatale à 20 membres de son équipage.

Quoi qu’il en soit, cet incident présumé se serait donc produit le même jour où le président Xi devait se rendre à Johannesburg pour assister au forum des BRICS [Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud]. Or, il ne sembla pas être « dans son assiette », son ministre du Commerce, Wang Wentao, l’ayant remplacé au pied levé pour prononcer un discours en son nom. Un fait « inhabituel », releva alors RFI.

Et l’attitude du président chinois ne fit que renforcer la rumeur au sujet du sort du sous-marin n°417… comme le fit d’ailleurs le blog « China Front », le 28 août. Et celui-ci donna d’autres détails au sujet de cet incident présumé, en allant jusqu’à donner l’identité de trois officiers qui se trouvaient à bord, dont celles du commandant Xue Yongpeng et du colonel principal He Xianzhong, et en précisant que l’équipage avait été intoxiqué par des émissions de sulfure d’hydrogène. Seulement, cette publication, hébergée par Blogspot, a subitement disparu par la suite.

Comme c’est souvent le cas en de pareilles circonstances, d’autres rumeurs sont venues s’ajouter à la première. Ainsi, l’une d’elles, relayées par le site d’informations Info 51, hébergé au Canada, a évoqué l’essai d’une munition qui aurait mal tourné.

Cependant, la rumeur lancée par Lude Media ayant indiqué que l’incident avait eu lieu dans le détroit de Taïwan, Taipei fit rapidement savoir que ses forces armées n’avaient collecté aucune preuve permettant de la corroborer.

Quant au ministère chinois de la Défense, il lui aura fallu dix jours pour démentir les « rumeurs sur l’accident d’un sous-marin dans le détroit de Taïwan » et parler de « fausses nouvelles ». Ce qui semble très long pour contrer une éventuelle opération de désinformation…

On en était resté là quand, le 4 octobre, le quotidien britannique « The Daily Mail », adepte du sensationnalisme, a relancé la rumeur en disant avoir obtenu un rapport « confidentiel » du renseignement britannique au sujet d’un incident survenu à bord d’un SNA chinois. Rapport que la Royal Navy n’a pas souhaité commenter… au motif justement qu’il est « classifié ».

Cependant, le document en question reprend les éléments avancés par Lude Media et China Front. Mais il apporte de nouvelles précisions : l’incident aurait eu lieu en mer Jaune, au large de la province chinoise du Shandong et le SNA se serait retrouvé bloqué par une « chaîne et une barrière d’ancrage utilisées par la marine chinoise pour piéger les sous-marins américains ».

Si un tel rapport existe, pourquoi le renseignement britannique l’aurait-il fait fuiter via un quotidien connu pour son contenu sensationnaliste, dont la véracité est souvent sujette à caution?

Par le passé, la marine chinoise a perdu deux sous-marins. En 1959, un submersible appartenant à la classe « Malyutka » qui venait de lui être cédé par l’Union sovétique fit naufrage après une collision avec une frégate. Puis, en avril 2003, le sous-marin n°361, de type 035, avec 70 marins à bord, fut victime d’une panne mécanique fatale. Et Pékin mit plusieurs semaines pour reconnaître officiellement la catastrophe. Par la suite, des sanctions furent prises à l’encontre de plusieurs responsables militaires, dont le commandant de la flotte de la mer du Nord.

Faut-il y voir un lien avec cette rumeur concernant le sous-marin n°417? Toujours est-il que depuis que celle-ci circule, au moins deux responsables militaires chinois ont disparu de la circulation, dont Li Shangfu, nommé ministre de la Défense il y a à peine six mois, et l’amiral Wang Dazhong, le commandant de la flotte de la mer du Nord…





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