Au Luxembourg, l’afflux de réfugiés s’accentue

Les pays de l’UE, plus la Norvège et la Suisse, ont enregistré au premier semestre une hausse de près de 30 % des demandes d’asile. Au Luxembourg, l’augmentation est d’environ 14 %.

«Nous sommes de retour au niveau de la grande crise migratoire de 2015», constatait en février le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, au moment de présenter le bilan 2022 en matière d’asile, d’immigration et d’accueil. Avec un total de 2 268 demandes de protection internationale, le Grand-Duché s’est en effet rapproché des 2 447 requêtes enregistrées en 2015. La tendance reste à la hausse, comme viennent le confirmer les chiffres du premier semestre 2023, à la fois à l’échelle européenne qu’au niveau luxembourgeois. 

Ce amrdi,  l’Agence de l’UE pour l’asile (EUAA) a annoncé une hausse de 28 % des demandes d’asile enregistrées dans les 27 États membres, auxquelles s’ajoutent la Norvège et la Suisse (UE+). Quelque 519 000 personnes ont cherché à trouver refuge en Europe. Il s’agit du total le plus important depuis les années 2015 et 2016.

«D’après les tendances actuelles, les demandes pourraient excéder un million d’ici la fin de l’année», note l’EUAA dans son rapport semestriel. L’an dernier, 955 000 requêtes avaient été enregistrées dans l’UE+, ce qui constituait déjà une augmentation de 51 % des demandes d’asile par rapport à 2021. En 2015-2016, lors de l’afflux de réfugiés en Europe provoqué notamment par l’enlisement du conflit en Syrie, le nombre de demandes d’asile avait atteint 1,3 million (en 2015) et 1,2 million (en 2016).

Au Luxembourg, l’évolution est moins importante, mais en prenant en compte la tendance enregistrée depuis le début de cette année 2023, un nouveau pic de demandes d’asile pourrait être atteint. Lors du premier semestre, le nombre de requêtes a augmenté de 13,75 %. D’ici à fin décembre, le cap des 2 500 demandes pourrait être dépassé, soit plus que le chiffre record de 2015.

Jusqu’à fin juin, les services de la direction de l’Immigration avaient enregistré 1 067 demandes d’asile, contre 938 en 2022 et 500 en 2021. En juillet, 189 requêtes sont venues s’ajouter. Le dernier bilan disponible fait état de 1 256 demandes d’asile pour cette année 2023, contre 1 115 lors de la même période en 2022. En raison de la pandémie de coronavirus et des confinements qui ont suivi, les bilans annuels avaient chuté à 1 165 demandes en 2020 et 1 250 demandes en 2021.

Dans la comparaison européenne, le Grand-Duché pèse peu. Le millier de requêtes comptabilisées au premier semestre équivaut à peine à 0,2 % du total des 29 pays formant la zone UE+. L’Allemagne a reçu le plus de dossiers : 30 % du total, et près de deux fois plus que l’Espagne (17 %) et la France (16 %). Par contre, les foyers d’accueil au Luxembourg étaient quasiment saturés fin 2022 donc l’afflux continu de demandeurs d’asile constitue malgré tout un lourd défi pour l’État et les communes. Pour rappel : sur les 7 000 lits disponibles, près de 94 % étaient occupés au 31 décembre dernier. Les réfugiés de guerre en provenance d’Ukraine (lire ci-contre) sont inclus dans ce total. 

Dans les pays de l’UE+, les Syriens, Afghans, Vénézuéliens, Turcs et Colombiens sont les principaux demandeurs d’asile, comptant pour 44 % des requêtes. Au Luxembourg, les Syriens arrivent également en tête des demandes d’asile (37,9 % depuis janvier contre 13 % pour l’UE+). Derrière arrivent les Érythréens (14,3 %), les Afghans (5,8 % contre 11 % dans l’UE+), les Vénézuéliens (3,7 % contre 7 %) et les Turcs (3 % contre 7 %). Les Marocains arrivent en 7^e position au Grand-Duché avec 2,8 % contre 3 % dans l’UE+. 

Un autre chiffre est mis en avant par l’Agence de l’UE pour l’asile. Elle souligne qu’en raison de cette hausse, de nombreux pays européens «sont sous pression pour traiter les demandes», et que le nombre de dossiers en attente de décision a augmenté de 34 % par rapport à 2022.

Quelque 41 % des demandes en première instance ont reçu une réponse positive.

Au Luxembourg, près de 800 décisions ont été prises depuis début janvier. Jusqu’à fin juin, 278 demandeurs d’asile se sont vu accorder le statut de réfugié. Sur le seul mois de juillet, 102 autres demandeurs ont été reconnus comme réfugié. Sur l’ensemble de cette année 2023, le Grand-Duché a ainsi attribué à 380 personnes la protection internationale, avec à la clé un droit de séjour.