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Des milliers de tracteurs dans Berlin, la colère des agriculteurs à son apogée


Des milliers d’agriculteurs allemands sur leurs tracteurs ont bloqué le centre de Berlin ce lundi, mobilisés en masse contre les projets de suppression d’avantages fiscaux pour leur profession et appelant à la démission du gouvernement d’Olaf Scholz.

Ce rassemblement au cœur de la capitale allemande se veut le point d’orgue d’une semaine de manifestations nationales du monde agricole, dont le gouvernement craint qu’elles ne gagnent le reste de la société.

Devant la porte de Brandebourg, des milliers d’agriculteurs ont accueilli avec des huées le ministre des Finances Christian Lindner, le traitant de « menteur » et lui ordonnant de « dégager » alors qu’il prenait parole sur un podium.

« Ce gouvernement doit démissionner », affirmait Paul Brzezinski, 73 ans, un producteur de lait basé au sud-est de Berlin, résumant un sentiment qui semblait largement partagé.

Commencée il y a une semaine, la grande mobilisation des agriculteurs a pour origine l’annonce en décembre dernier d’une réduction des subventions au secteur en raison d’un rappel à l’ordre des juges constitutionnels portant sur les strictes règles budgétaires de l’Allemagne.

Face aux protestations du secteur, la coalition gouvernementale formée des sociaux-démocrates, verts et libéraux a quelque peu rétropédalé en début d’année, comme l’a souligné Christian Lindner dans son discours.

Le ministre, qui se dit proche des agriculteurs, car il est « chasseur », a lancé aux manifestants peu convaincus que « leur mobilisation avait déjà payé ».

« Manque de respect » 

Le gouvernement allemand a ainsi maintenu l’avantage en matière de taxe sur les véhicules pour la sylviculture et l’agriculture, qu’il voulait annuler. De plus, il a décidé de supprimer progressivement et non d’un coup l’avantage fiscal pour le gazole agricole « afin de donner aux entreprises concernées davantage de temps pour s’adapter ».

Des concessions sans effet sur la colère du monde agricole.

« Depuis des années, on est malmené. Mais là c’est le bouquet: jamais on a vécu un tel manque de respect », a déclaré Ute Rötz, productrice de céréales bio de 58 ans près de Magdebourg (est). À ses côtés, sa fille Frauke Rötz, 33 ans, brandit une pancarte : « nous ne sommes pas des pantins, nous méritons le respect ».

Selon une estimation provisoire de la police, « largement plus de 5 000 tracteurs » se trouvaient dans la capitale, bloquant les rues et faisant retentir leur klaxon.

Sur les véhicules stationnés le long de la grande avenue berlinoise Unter den Linden, beaucoup de slogans exprimaient leur défiance contre la coalition tripartite d’Olaf Scholz baptisée « feu tricolore » en raison des couleurs symbolisant les partis qui la composent.

« Éteignez le feu tricolore, ça suffit », était écrit sur l’un d’entre eux. Et sur un autre : « Le feu tricolore doit dégager ». Félicitant les manifestants pour leur « pacifisme », Christian Lindner les a invités « à discuter de la situation globale des agriculteurs en Allemagne ».

Extrême droite en embuscade

La mobilisation des agriculteurs renforce la pression sur le gouvernement dont le taux d’approbation n’a jamais été aussi bas. L’extrême droite, qui a le vent en poupe, particulièrement dans l’est du pays, cherche à tirer profit de la fronde des agriculteurs.

Dans un récent sondage réalisé pour le quotidien Bild, 64 % des Allemands ont déclaré qu’ils souhaiteraient un changement d’exécutif.

Différents secteurs, de la métallurgie à l’éducation en passant par les transports, ont organisé des manifestations ces dernières semaines, dans un contexte de croissance en berne et de hausse des prix. L’économie allemande s’est contracté de 0,3 % l’an dernier, selon les données communiquées lundi.

Les grèves des cheminots ont paralysé les transports la semaine dernière, tandis que les métallurgistes et les employés du secteur public ont organisé des débrayages en décembre pour réclamer des hausses de salaire.



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