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Des MiG-31K russes, armés de missiles hypersoniques Kinjal, vont « patrouiller » au-dessus de la mer Noire


Le 18 octobre, depuis Pékin, et alors que le son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, venait de confirmer la livraison – et l’utilisation – de missiles balistiques tactiques américains MGM-140 ATACMS [Army Tactical Missile System], le président russe, Vladimir Poutine, a annoncé que des MiG-31K, capables de mettre en oeuvre l’arme hypersonique Kinjal, allaient patrouiller au-dessus de la mer Noire.

« Sur mes instructions, les forces aérospatiales commencent des patrouilles permanentes dans la zone aérienne neutre au-dessus de la mer Noire et nos avions MiG-31 seront armés de missiles Kinjal. Ils sont connus pour avoir une portée de 1000 kilomètres à Mach 9 », a en effet déclaré le chef du Kremlin. « Ce n’est pas une menace », a-t-il ajouté.

Selon les explications qu’il a données [et telles que les a rapportées l’agence officielle Tass], M. Poutine a dit avoir pris cette décision par rapport à l’implication « de plus en plus importante » des États-Unis en Ukraine. « Tout cela se produit dans le contexte du conflit au Moyen-Orient [entre Israël et le Hamas, ndlr]. Ils ont envoyé deux groupes aéronavals [formés autour des USS Gerald R. Ford et USS Dwight D. Eisenhower, ndlr] en mer Méditerranée », a-t-il dit.

Ce n’est pas la première fois que la Russie lie ses MiG-31K à la présence de groupes aéronavals déployés par des membres de l’Otan en Méditerranée orientale. En juin 2021 et en février 2022, elle avait envoyé des appareils de ce type en Syrie, alors que les porte-avions HMS Queen Elizabeth et Charles de Gaulle était annoncés dans cette région.

Cela étant, l’allusion de M. Poutine aux deux porte-avions américains en Méditerranée orientale est curieuse dans la mesure où, sauf à violer l’espace aérien de la Turquie, ils sont hors de portée des Kinjal russes.

En revanche, les pays riverains de la mer Noire peuvent se sentir concernés. C’est le cas, évidemment, de l’Ukraine, où le Kinjal a été utilisé pour la première fois dans un contexte opérationnel. Cette arme, décrite comme « stratégique », n’a cependant pas eu d’effet notable sur la suite de la guerre.

« La mise en service de missiles hypersoniques [Kinjal] a bien eu lieu. Si leur emploi a été très médiatisé, leur efficacité opérationnelle n’est pas encore à maturité », avait ainsi relevé le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA], lors d’une audition en février dernier. Cependant, avait-il continué, « nous ne pouvons ignorer l’apparition de cette menace » car « un jour, la pleine capacité opérationnelle sera atteinte ».

En outre, pour l’état-major ukrainien, les patrouilles de MiG-31K au-dessus de la mer Noire ne changeront rien. « D’un point de vue technique, les caractéristiques du missile Kinjal permettent à la Russie de le lancer sur le territoire de l’Ukraine depuis le nord et l’est, la mer Noire est juste une autre possibilité. De plus, l’aviation russe patrouille déjà quotidiennement l’espace aérien là-bas », a fait valoir le colonel Iouri Inhat, le porte-parole de la force aérienne ukrainienne.

Autre pays concerné : la Moldavie, qui a amorcé un rapprochement avec l’Union européenne [UE] et l’Otan. Depuis le début de la guerre en Ukraine, son territoire a été survolé à plusieurs reprises par des missiles russes. Et ses rapports avec Moscou sont d’autant plus exécrables qu’il est régulièrement la cible d’opérations d’influence et que, en février, le chef du Kremlin a abrogé un décret marquant l’engagement de la Russie à respecter l’intégrité du territoire moldave.

Enfin, les pays du flanc oriental de l’Otan peuvent se sentir visés par l’annonce de M. Poutine. Comme par exemple la Roumanie, où des munitions téléopérées russes ont été retrouvées après des raids contre les ports fluviaux ukrainiens de Reni et d’Izmail. D’ailleurs, l’espace aérien roumain fait actuellement l’objet d’une surveillance renforcée, avec le déploiement temporaire de trois Rafale F3R de l’armée de l’Air & de l’Espace [qui viennent donc s’ajouter à une batterie de défense aérienne française Mamba] et celui de F-16 du 52nd Fighter Wing de l’US Air Force.





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