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Coup d’Etat : très rusé, voici pourquoi Paul Biya voudrait modifier la constitution camerounaise

Nous avons appris il y a quelques jours que Paul Biya a instruit les préparatifs du congrès du RDPC : « À l’approche de la présidentielle 2025 dont certains conseillers du chef de l’État Paul Biya suggèrent qu’elle soit anticipée pour se tenir en 2024, Paul Biya a instruit le secrétaire général du Comité central du RDPC, Jean Nkuete de préparer la tenue de cette réunion ».

Ayant accédé au fauteuil présidentiel à la suite de la démission de son prédécesseur Ahmadou Ahidjo, Paul Biya règne sans partage à la tête du Cameroun depuis 1982.

En faisant une étude comparative des différentes Constitutions du Cameroun, du Gabon, du Tchad et de la République Démocratique du Congo, le journal La Nouvelle Expression a constaté l’existence de nombreux facteurs qui pourraient justifier une 14ème modification de la Constitution camerounaise. Ceci au-delà du mandat présidentiel ou de la réhabilitation de la magistrature suprême à perpétuité ; même si le pays n’a jamais connu de transition au sommet par la voie des urnes. Entre autres raisons d’une probable modification de la Constitution au pays de Paul Biya, il y a l’âge des électeurs, le scrutin à deux tours, l’âge d’un candidat postulant à la Présidence de la République, la durée de la prise de fonction du président de la République élu, une fois la proclamation des résultats de l’élection.

La présente constitution du Cameroun, au titre premier parlant de l’Etat et de la souveraineté, l’alinéa 3 de l’article 2 indique : «le vote est égal et secret ; y participent tous les citoyens âgés d’au moins vingt (20) ans». Plus loin, il est stipulé que le Président de la République est élu pour un mandat de sept (7) ans. Il est rééligible. Le scrutin est à un tour. Les candidats aux fonctions de Président de la République doivent être des citoyens camerounais d’origine, jouir de leurs droits civiques et politiques et avoir trente – cinq (35) ans révolus à la date de l’élection. Le Président de la République élu entre en fonction dès sa prestation de serment.

Alors qu’en République démocratique du Congo (Rdc), sont électeurs et éligibles, dans les conditions déterminées par la loi, tous les Congolais de deux sexes, âgés de dix-huit (18) ans révolus et jouissant de leurs droits civils et politiques. Dans l’article 70 de la Constitution congolaise, le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq (5) ans renouvelable une seule fois. A la fin de son mandat, le Président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu. Le scrutin est à deux tours. L’article 72 souligne qu’un candidat à l’élection du Président de la République doit posséder la nationalité congolaise et être âgé de 30 ans au moins. Le Président de la République en Rdc élu entre en fonction dans les dix jours qui suivent la proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle.

Comme en Rdc et contrairement au Cameroun, la Constitution du Tchad fait savoir que le suffrage est universel, direct ou indirect, égal et secret. Sont électeurs dans les conditions déterminées par la loi tous les Tchadiens des deux sexes âgés de dix-huit (18) ans révolus et jouissant de leurs droits civiques et politiques. Ici le Président est élu pour un mandat de 5 ans au suffrage universel direct. Il est rééligible une seule fois. Peuvent faire acte de Candidature aux fonctions de Président de la République, les Tchadiens des deux (2) sexes remplissant les conditions suivantes : être Tchadien de naissance, né de père et de mère eux mêmes tchadiens d’origine et n’avoir pas une nationalité autre que tchadienne; avoir trente cinq (35) ans au minimum et soixante dix ans (70) au maximum. Le candidat doit en outre verser un cautionnement dont le montant est fixé par la loi. L’élection du président de la République a lieu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.

Si on s’attarde sur le fait qu’au Tchad ne peut être Président de la République qu’un citoyen âgé de 35 ans au minimum et de 70 ans au maximum, et s’il fallait modifier la constitution camerounaise en ce sens, alors il est évident que le Chef de l’Etat, âgé de 83 ans ne se présenterait plus à la Présidentielle de 2018. Au Gabon, sont électeurs, dans les conditions prévues par la loi, tous les Gabonais des deux sexes, âgés de dix-huit (18) ans révolus, jouissant de leurs droits civils et politiques. Sont éligibles à la présidence de la République, tous les Gabonais des deux sexes jouissant de leurs droits civils et politiques, âgés de quarante (40) ans au moins.

Au Cameroun, il reste incertain si Biya se présentera pour un huitième mandat consécutif ou si le parti investira un autre candidat, avec des rumeurs évoquant son fils Franck Biya comme possible successeur.

Quoi qu’il en soit, le temps nous éclairera sur ces spéculations. Sa présence accrue dans les arcanes du pouvoir et son influence grandissante au sein du RDPC suscitent interrogations et suppositions. Mais est-il le digne héritier d’un tel empire politique ?

L’annonce officielle d’une tournée régionale du Secrétaire général du Comité central met le feu aux poudres. Les tensions internes se ravivent, les appétits se dévoilent, et les alliances se forment et se déforment. L’heure est aux manœuvres stratégiques et aux ambitions présidentielles.

Et il faut dire que l’actualité africaine de ces trois dernières années se caractérise particulièrement par deux principaux facteurs, en l’occurrence la résurgence des coups d’État militaires et une conjoncture économique internationale pas très favorable pour les économies nationales pour lesquelles la plupart des gouvernants peinent à adresser des solutions efficaces et durables.

Depuis le mois d’août 2020, sept pays africains parmi lesquels six issus de l’espace francophone et un de l’Afrique anglophone ont connu des putschs. Il s’agit, par ordre de déflagration, du Mali, du Tchad, de la Guinée Conakry, du Soudan, du Burkina Faso, du Niger et du Gabon. Le point focal de la coalition « Tournons la page » au Cameroun résume les causes de tous ces coups de force en cinq points:

« 1. La longévité et la confiscation du pouvoir
2. Le tripatouillage de la constitution et du code électoral
3. L’extrême pauvreté des populations abandonnées à elles-mêmes
4. Le bâillonnement des populations privées de leurs droits et libertés
5. Le trucage des élections ».

Alors, ces coups d’État survenus dans les sept pays africains parlent-ils au Cameroun ?

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