« Cette pollution a bouleversé ma vie » : une Normande porte plainte contre sa commune après la mort d’une jument

Cette perte l’a anéantie. En mars 2023, l’une des juments de Séverine Deutsch meurt après plusieurs épisodes de coliques. La peine est d’autant plus forte que cette habitante de Champ-du-Boult (Calvados), dans le bocage virois, ne comprend pas ce qui a pu se passer. Le trouble va brutalement s’épaissir 10 jours plus tard quand Séverine découvre « un tiers des poissons morts » dans le petit étang de son jardin. Le hasard paraît alors exclu. Elle alerte la mairie pour s’assurer qu’il n’y a pas de souci d’assainissement. « Ils m’ont répondu que non, que le réseau d’eau pluviale passait bien à l’écart de chez moi ». La réalité va s’avérer différente.

« J’ai la preuve aujourd’hui que la moitié des maisons du bourg ne sont pas conformes et les raccordements de nombre d’entre elles sont même à risque pour la santé humaine et animale ! » assure-t-elle. Avant de lâcher : « les eaux pluviales du village et certaines eaux usées se déversent chez moi et notamment dans l’étang où mes animaux buvaient et où je prenais l’eau pour arroser mes légumes ! C’est un scandale absolu. Comme par hasard, dans la même période, j’ai fait une hernie infectieuse sérieuse, qui s’est soldée par une hospitalisation. Je suis persuadée que ces eaux polluées en sont aussi la cause ».

« Je suis devenue la sorcière du village »

Séverine Deutsch vient en conséquence de déposer deux plaintes, l’une pénale, l’autre administrative, d’autant qu’entretemps l’autopsie a révélé que sa jument était morte de salmonellose, une bactérie caractéristique des eaux usées.

« Je suis à bout, explique-t-elle en larmes. Cette pollution masquée a bouleversé ma vie. Je suis devenue la sorcière du village qui dénonce les choses alors que je m’entendais bien avec mes voisins. » Doublement touchée, elle qui venait de monter son activité de permaculture et différents ateliers à domicile, ne peut plus travailler. « J’ai évidemment tout arrêté sur mon exploitation. Je ne peux pas cultiver des légumes empoisonnés… » La mairie n’a, de son côté, pas répondu à nos sollicitations.