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Canon de 130 ou de 140 mm ? Finalement, le futur char franco-allemand pourrait donner lieu à deux versions


Depuis mai 2020, le Système principal de combat terrestre [MGCS – Main Ground Combat System], qui vise à développer un nouveau « système » de char de combat dans le cadre d’une coopération franco-allemande, est resté bloqué à phase 1 de l’étude de définition de l’architecture du système [SADS Part 1], confiée à un groupement industriel [ARGE, pour Arbeitsgemeinschaft], formé par KDNS France [ex-Nexter], KNDS Deutschland [ex-Krauss Maffei Wegmann] et Rheinmetall.

En raison, notamment, de quelques désaccords sur les choix technologiques, d’une défiance à peine cachée par certains députés allemands, qui voulaient le lier au projet de Système de combat aérien du futur, et d’un déséquilibre engendré par l’arrivée de Rheinmetall, le programme, lancé en 2017, n’a en effet pas évolué comme prévu.

Aussi, en juillet 2023, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, et son homologue allemand, Boris Pistorius, sont tombés d’accord pour le remettre à plat tout en faisant passer les aspects opérationnels avant les intérêts des industriels. Ce qui s’est traduit par l’élaboration d’une fiche d’expression des besoins commune à l’armée de Terre et à la Heer.

En outre, à l’issue de longues négociations, un protocole d’accord portant sur la phase 1A du MGCS sera signé à Paris, le 26 avril. Un « contrat détaillé devrait être prêt » au début de l’année de 2025, a précisé M. Pistorius, lors d’un entretien croisé avec M. Lecornu, publié par la Frankfurter Allgemeine Zeitung.

À cette occasion, le ministre français a insisté sur les enjeux du MGCS, quitte à prendre quelques libertés avec les faits. « Nous ne développons pas simplement le char du futur mais le futur du char que nous voulons imaginer ensemble », a-t-il dit. La France et l’Allemagne prendront ainsi de l’avance sur les États-Unis, qui « n’ont toujours pas commencé à réfléchir à l’avenir du char Abrams » ainsi que sur la Russie, qui a « connu quelques échecs » avec le T-14 Armata.

Pour rappel, si le dernier né des chars russes n’a effectivement pas été directement engagé dans les combats en Ukraine et qu’il a dû faire l’objet « d’ajustements », le groupe américain General Dynamics Land Systems a dévoilé, en 2022, l’Abrams X, un démonstrateur de char de nouvelle génération, doté d’un groupe motopropulseur [GMP] hybride, d’un tourelleau téléopéré de 30 mm , d’un système de protection active, d’un canon XM360 de 120 mm, d’un système d’ouverture distribuée [DAS] et d’une nouvelle gamme de capteurs électro-optique/infrarouge. Enfin, il aura la capacité de mettre en œuvre des systèmes robotisés [MUM-T, pour Manned Unmanned Teaming].

Quoi qu’il en soit, le MGCS n’est pas seulement un char de combat mais une « famille de systèmes ».

« Bien plus qu’un engin blindé lourd traditionnel, le MGCS est pensé comme un système multiplateformes : un char proprement dit, équipé d’un canon gros calibre, accompagné d’autres modules complémentaires interconnectés [un blindé lourd équipé de missiles antichars puissants, un véhicule d’appui nativement robotisé doté d’armes laser, des drones et autres armements innovants] », avait en effet résumé le ministère des Armées, en octobre dernier. Et de préciser qu’il devra être en mesure d’atteindre des cibles situées à 8 km de distance.

D’où l’importance du canon dont sera équipe ce char franco-allemand du futur. Cette question a d’ailleurs été au centre des désaccords qui ont miné ce programme depuis bientôt quatre ans, étant donné que deux options se font face : celle défendue par Rheinmetall, qui repose sur un nouveau canon de 130 mm L/51, « combiné à un chargeur automatique de pointe », et celle proposée par KNDS France, qui développe le concept ASCALON [Autoloaded and SCALable Outperforming guN], basé sur un canon de 140 mm.

Quel sera le choix acté dans le protocole d’accord que s’apprêtent à signer MM. Lecornu et Pistorius ?

Ces dernières semaines, KNDS France n’a fait aucune communication sur le concept ASCALON. En revanche Rheinmetall, par la voix d’Armin Papperger, son PDG, ne s’est pas privé de faire l’article de son canon de 130 mm, en insistant sur les « progrès significatifs » accomplis lors de son développement. Et il n’est pas question de s’arrêter en si bon chemin car ce système doit équiper son char KF-51 « Panther », qui, pour le moment, n’a suscité l’intérêt que de la Hongrie… mais dans une configuration reposant sur le canon lisse de 120 mm L55A1.

En attendant d’en savoir davantage sur le contenu du protocole d’accord [MoU] concernant la phase 1A du MGCS, les rumeurs vont bon train. Notamment outre-Rhin. « Selon des milieux bien informés, le MoU prévoirait la création éventuelle d’une co-entreprise associant quatre partenaires », dont KNDS France et Thales du côté français et KNDS Deutschland et Rheinmetall du côté allemand, a récemment avancé le site spécialisé Hartpunkt. Et celui-ci de préciser que le programme serait organisé, à l’image du SCAF, selon « huit piliers », dont le contenu reste à définir.

Quant au type de canon, ces mêmes milieux « bien informés » ont indiqué qu’aucun accord n’avait été encore trouvé, si ce n’est qu’il serait question de mettre au point une tourelle permettant « l’intégration à la fois du canon français de 140 mm et du canon de 130 mm développé par Rheinmetall ». Une telle solution aurait le mérite de satisfaire tout le monde, quitte à faire une entorse au principe d’interopérabilité.





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