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Artillerie : L’Estonie envisage de commander au moins 12 CAESAr auprès de la France


Selon les données de l’Otan, depuis l’annexion de la Crimée par la Russie, en mars 2014, l’Estonie a presque triplé ses dépenses militaires, celles-ci ayant été portées à 1,01 milliard d’euros en 2023 [ce qui représente 2,89 % de son PIB]. Mais pour le commandant des forces estoniennes, le général Martin Herem, cet effort est encore insuffisant. En marge d’un déplacement au Japon, la semaine passée, il a en effet déclaré que Tallinn devrait doubler son budget de la défense dans les deux années à venir afin de « stocker suffisamment de munitions pour un éventuel conflit avec la Russie ».

Une telle hypothèse a cependant été écartée par la communauté américaine du renseignement. « La Russie ne veut certainement pas d’un conflit militaire direct » avec l’Otan », a-t-elle en effet estimé dans une synthèse publiée le mois dernier. En revanche, a-t-elle ajouté, Moscou « poursuivra ses activités asymétriques en dessous du seuil d’un conflit à l’échelle mondiale ».

Mais l’Agence estonienne du renseignement extérieur [Välisluureamet/VLA] ne partage pas totalement cette analyse. « Pour l’Estonie, les réformes militaires menées par Moscou impliquent une augmentation significative des forces russes près de la frontière », a-t-elle constaté, dans un rapport rendu public en février. « Le Kremlin anticipe probablement un éventuel conflit avec l’Otan au cours de la prochaine décennie », a-t-elle continué.

« Le renforcement des capacités militaires russes à proximité de l’Estonie, dans les oblasts de Léningrad et de Pskov, résulte principalement de la transformation potentielle des unités existantes en divisions », a ensuite expliqué la VLA, pour qui les effectifs des « forces terrestres et aéroportées » russes pourraient ainsi « presque doubler ». Aussi, a-t-elle conclu, « se défendre contre une éventuelle attaque conventionnelle d’une telle armée nécessiterait que les forces alliées et les industries de défense soient nettement mieux préparées et mieux approvisionnées en munitions et en matériel qu’elles ne le sont actuellement ».

Quoi qu’il en soit, le renforcement des capacités militaires estoniennes est déjà bien engagé, en particulier dans le domaine de l’artillerie. Ainsi, Tallinn a commandé 36 obusiers K-9 Thunder de facture sud-coréenne et confirmé l’achat de six systèmes américains M142 HIMARS [High Mobility Artillery Rocket System].

Mais il n’est pas question de s’en tenir là car, en octobre dernier, l’État balte a lancé un nouveau programme visant à acquérir des obusiers supplémentaires, en vue de la création d’un troisième bataillon d’artillerie. Et de considérer plusieurs modèles, dont le CAESAr français, l’Archer suédois, le Zuzana slovaque, le Dita tchèque et le T-155 Yavuz turc.

Il n’aura pas fallu attendre trop longtemps pour connaître le choix de l’armée estonienne. Les bons rapports entre Paris et Tallinn et la hausse des cadences de production du CAESAr ont sans doute été déterminants… En effet, lors d’un entretien accordé par le quotidien Postimees, le 2 avril, le ministre estonien de la Défense, Hanno Pevkur, a fait savoir que l’obusier français venait d’être retenu pour « former un bataillon distinct qui sera sous le commandement direct de la 1ère division ». Il est question d’un achat de 12 pièces d’artillerie.

« Pour garantir que notre capacité à longue portée soit rapide et flexible, nous achetons des obusiers à roues supplémentaires. Quelle que soit la direction, quelle que soit la brigade ayant besoin d’un soutien en temps de guerre, elle le recevra. Vous ne pouvez pas beaucoup manœuvrer avec des chenilles », a commenté M. Pevkur, en faisant allusion aux K-9 Thunder.

À noter que la Lituanie a également commandé 18 CAESAr NG [nouvelle génération] en décembre 2022. Probablement que des mutualisations seront recherchées avec l’Estonie qui, par ailleurs, accueille un détachement de l’armée de Terre française sur son sol, dans le cadre de la présence réhaussée de l’Otan.

L’annonce du ministre estonien a été faite alors que son homologue français, Sébastien Lecornu, a évoqué une hausse significative des cadences de production du CAESAr chez Nexter, celles-ci devant être portées à 12 unités par mois, contre six actuellement. « C’est ce qui va montrer notre capacité à répondre aux besoins de l’Ukraine mais également à tous les partenaires européens, membres de l’Otan, […] qui sont en train d’acquérir des systèmes d’armes pour eux-mêmes contribuer à la défense et à la dissuasion collectives », a-t-il expliqué.





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