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A quoi jouent les juntes ?


Suspendus par la cedeao et enjoints de retourner le pouvoir aux civils dans les meilleurs délais, les putschistes ont décidé tout bonnement de quitter l’instance sous-régionale. Par un communiqué conjoint signé par les juntes du Mali, du Burkina Faso et du Niger, les différents régimes ont annoncé avoir pris la décision radicale de s’affranchir de l’organisme. A quelle fin, serait-on tenté de se demander.

De Charybde en Scylla, les pays sous domination des putschistes en Afrique de l’ouest ne voient pas encore le bout du tunnel. Le retour des civils au pouvoir n’est pas pour demain au vu des différentes décisions prises par les juntes depuis quelques temps. Alors que la Cedeao les mande de retourner le pouvoir à qui de droit et de faire une transition rapide, les militaires au Mali et au Burkina Faso ne posent aucun acte dans ce sens. Leurs homologues du Niger les emboitent si bien le pas.

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Sortir de la Cedeao pour s’affranchir des injonctions du retour à l’ordre constitutionnel

Au contraire, dans ces deux premiers pays, les voix discordantes qui parlent d’élection sont punies et parfois de façon extrême. Au Faso par exemple, beaucoup de personnalités hostiles au régime ont été soit enrôlées contre leur gré dans l’armée (le corps des Vdp), soit enlevées sans que leurs proches puissent les localiser. Pendant ce temps, au Mali, une réforme constitutionnelle a été votée le mois de mai dernier dont le principal objectif est pour la junte dirigée par Goita de maintenir le pays dans une transition sans feuille de route claire.

Ce référendum voté à 97% lui donne un tantinet de légitimité même si de plus en plus de voix d’opposants et de membres de la société civile y voient un refus de rendre le pouvoir aux civils. Pourtant le colonel Assimi Goita est clair dans ses priorités: d’abord la sécurisation du Mali dont on ne sait quand elle deviendra effective avec la lutte contre le terrorisme et les rebelles du nord, ensuite les élections. Une stratégie qui renvoie bien aux calendes grecques tout débat du retour à l’ordre constitutionnel dans le pays.

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La légitimité d’une décision en question

Le Niger, en transition depuis sept mois, est aussi à ranger dans l’enseigne de ces juntes qui ne veulent pas rendre le pouvoir. Evoquer les sanctions de la Cedeao pour justifier cette décision d’en sortir est juste une manière de ne pas parler des vrais problèmes. On ne peut pas s’attaquer des effets sans parler des causes, et là elles ont pour non la prise de pouvoir sans passer par les urnes et les velléités de le garder de façon indéfinie.

En interrogeant l’histoire, on se rendra compte que ce n’est pas la première fois que ces pays sont dans une période similaire. Pourtant, les différents régimes militaires ont toujours fait des efforts pour rendre le pouvoir aux civils, que ce soit au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Qu’il en soit autrement cette fois-ci pose donc problème. Cela d’autant plus que des militaires qui n’ont pas été élus n’ont aucune base légitime d’engager leurs pays dans une si grande décision. Sur un simple coup de tête, sans passer par la voie référendaire.

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