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Washington va vendre à Kiev des composants destinés aux systèmes sol-air Hawk pour 138 millions de dollars


Selon des confidences récemment recueillies par Politico, certains hauts responsables ukrainiens ont dit redouter « l’effondrement des lignes de front là où les généraux russes décideront de concentrer leurs offensives ». Leur pessimisme tient à plusieurs facteurs. À commencer par celui de la supériorité numérique – tant en hommes qu’en matériels – des forces russes. Pour y faire face, Kiev ne peut plus autant compter sur le soutien de ses partenaires occidentaux que par le passé… Et à cela s’ajoute les difficultés pour relever les troupes qui combattent en première ligne depuis maintenant plus de deux ans.

Certes, les F-16 promis l’an passé devraient bientôt arriver en Ukraine… Mais l’une des sources de Politico n’a pas caché ses doutes sur leur utilité. « Nous n’obtenons tout simplement pas les systèmes d’armes au moment où nous en avons besoins, ils arrivent lorsqu’ils ne sont plus utiles », a-t-elle dit en faisant allusion à ces chasseurs-bombardiers. « Chaque arme a son propre moment. Des F-16 étaient nécessaires en 2023. Ils ne le seront pas pour 2024 », a-t-elle ajouté.

Quant aux problèmes d’effectifs, la loi sur la mobilisation qui permettrait probablement de les résoudre est bloquée au Parlement ukrainien [Rada] pour des raisons « politiciennes ». « Nous n’avons pas seulement une crise militaire, nous avons une crise politique », a résumé l’un des officiers sollicités par Politico.

Dans ces conditions, « seuls notre courage et notre résilience ainsi que les erreurs des chefs militaires russes pourraient inverser la tendance », ont estimé ces hauts responsables militaires ukrainiens. « Mais s’appuyer sur les erreur russes n’est pas une stratégie », ont-ils dit.

D’où l’importance du soutien occidental, notamment en matière aérienne, à l’heure où les forces russes enchaînent les frappes contre les infrastructures critiques en Ukraine. La semaine passée, le président ukrainien, Volodymyr Zelenski, a estimé qu’il faudrait au moins vingt-cinq systèmes de type Patriot, dotés chacun de six à huit lanceurs, pour contrer les missiles et autres drones kamikazes lancés par la Russie. Mais encore faut-il qu’il y ait des pays susceptibles de fournir les batteries demandées par Kiev.

Sur ce point, le 9 avril, le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a déploré cette situation. « Les armées occidentales ont environ 100 batteries de missiles Patriot, et pourtant, nous sommes incapables de leur fournir les sept qu’ils demandent désespérément », a-t-il dit. « La situation en Ukraine est extrêmement difficile, la machine militaire russe tourne à plein régime. […] Nous devrions faire plus et plus vite afin de les aider à avoir les capacités dont ils ont besoin », a-t-il insisté.

Seulement, pour des raisons qui leur sont propres, certains membres de l’Union européenne [UE] ne peuvent pas se séparer de leurs systèmes de défense aérienne. Tel est par exemple le cas de la Suède, qui doit protéger l’île stratégique de Gotland, ou encore celui de la Pologne, dont l’espace aérien a récemment été une nouvelle fois traversé par un missile russe.

Quant aux États-Unis, ils ne peuvent rien faire tant que l’aide militaire de 61 milliards de dollars promise à Kiev est bloquée au Congrès. Et ce n’est pas l’envoi en Ukraine de 5000 fusils d’assaut AK-47, de lance-grenades et de plus de 500.000 cartouches de petit calibre qui étaient adressés aux rebelles houthis par l’Iran avant d’être saisis par l’US Navy qui changera quoi que ce soit…

Cependant, si leur aide militaire est bloquée, les États-Unis peuvent toujours vendre des équipements à l’Ukraine… C’est d’ailleurs ce qu’ils s’apprêtent à faire, après la publication d’un avis de la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], chargée des exportations de matériels militaires américains via la procédure dite FMS [Foreign Military Sales].

Ainsi, le 9 avril, cette dernière a recommandé au Congrès d’accepter la vente à l’Ukraine d’équipements pour remettre en état et maintenir en condition opérationnelle les systèmes sol-air MIM-23 pour un montant estimé à 138 millions de dollars.

Pour rappel, les forces ukrainiennes ont reçu de tels systèmes de la part de l’Espagne [six unités], des États-Unis et de la Suède. Étant que l’avis de la DSCA fait référence au système Hawk Phase III, il est possible qu’il s’agisse des batteries que Taïwan a récemment remplacé dans le cadre du programme Tien Kung [Arc céleste]. En effet, Washington avait récemment entamé des discussions avec Taipei en vue de les récupérer pour ensuite les céder à Kiev.

« L’Ukraine a un besoin urgent d’augmenter ses capacités de défense contre les frappes de missiles russes et les capacités aériennes des forces russes », fait valoir la DSCA. « L’entretien et la maintenance du système de missiles Hawk accroîtra la capacité de l’Ukraine à défendre son peuple et protéger son infrastructure nationale essentielle », a-t-elle ajouté, avant d’assurer, comme elle le fait dans quasiment tous ses avis, que cette « vente potentielle ne modifiera pas l’équilibre militaire fondamental dans la région ».





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