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Wanteraktioun : le réconfort d’un foyer


Comme chaque année depuis 22 ans, la Wanteraktioun est le seul refuge de ceux qui n’ont pas d’abri. Rencontre avec une équipe dévouée.

Depuis le 23 novembre, les sans-abri trouvent au foyer de nuit du Findel, dans le cadre de la Wanteraktioun, un lit douillet propre et sec, un repas chaud et un toit, mais pas seulement. Ce sont aussi de l’assistance, de la bienveillance et des sourires qui les attendent.

70 bénévoles se relayent pour les accueillir ainsi qu’une vingtaine de professionnels. Parmi eux, quatre femmes de cœur : Cyrielle Chibaeff, chargée de direction, Rachel Olivero, coordinatrice du foyer de jour et co-coordinatrice du bénévolat, Diana Pereira, coordinatrice du foyer de nuit, et Roberta Dragonu, coordinatrice de terrain. Toutes parlent avec passion de ce quotidien si particulier.

Leur lieu de travail se compose d’un peu moins de dix dortoirs pour 250 couchettes. La plus grande pièce accueille à elle seule 56 places. À peine un peu plus d’un mètre sépare les lits superposés de trois étages entre eux.

On imagine aisément le sentiment de promiscuité que peuvent ressentir les bénéficiaires, une cohabitation pas toujours évidente, malgré la bonne humeur du personnel.

La promiscuité est importante dans les dortoirs et pas toujours évidente à vivre.

«Il y a des jours calmes et d’autres moins… C’est normal», expliquent les professionnelles qui travaillent également pour Caritas, la Croix-Rouge ou Inter-Actions. Trois entités regroupées au sein de l’ASBL Dräieck pour venir en aide aux personnes qui n’ont pas d’autres alternatives l’hiver.

Heureusement, le foyer n’est jamais complet. Environ 125 à 130 personnes occupent les lits, un chiffre qui varie «selon les températures et les jours de la semaine. Le week-end, il y a davantage de monde, car en semaine plusieurs bénéficiaires travaillent tout en étant en précarité.

Certains ne peuvent pas accéder à un logement, puisqu’ils sont en CDD ou en intérim. C’est le problème des loyers trop chers», expliquent à tour de rôle les coordinatrices qui travaillent le reste de l’année dans d’autres foyers. Elles connaissent donc parfaitement les problématiques qui accompagnent les personnes qui vivent dans la rue.

Respecter les choix

Elles les connaissent aussi personnellement et peuvent assurer leur suivi, car le but de ces structures est aussi de les sortir de la situation compliquée dans laquelle ils se trouvent. En attendant, ils dorment dans des squats, dans les villes, les campagnes ou même en forêt.

Le foyer du Findel est une solution d’urgence quand les températures dégringolent, avant que les bénéficiaires soient, si possible, dirigés ailleurs. Pourtant quelques irréductibles refusent cette main tendue. Ils ont leurs raisons, mais pas évident pour le personnel de les savoir dehors avec les risques que cela implique.

«C’est frustrant, même si cela fait également partie de notre métier d’accepter et de respecter leur choix, s’accordent à reconnaître les quatre professionnelles. Nous ne pouvons aider que les personnes qui veulent bien être aidées.»

L’une se souvient encore d’un sans-abri bien connu qui avait refusé d’être hébergé il y a quelques années. «Il dormait sous la neige. La police allait le voir toutes les deux heures pour s’assurer qu’il n’était pas mort.»

Le foyer de nuit, discret, se situe le long de la N1 rue de Neudorf.

L’un des freins pour accéder aux hébergements de secours, c’est souvent le fidèle compagnon qui est refusé dans beaucoup de foyers. Ce n’est pas le cas au Findel : «Ici les animaux sont acceptés, insiste Diana Pereira. Il y a des box pour les chiens et des muselières.»

Certains sans-abri fréquentent le foyer depuis son ouverture il y a trois ans et bénéficiaient de la Wanteraktioun bien avant. D’autres ne sont là que de passage. Pour Rachel et Diana, si davantage de petites structures existaient et pas uniquement dans le Sud et autour de la capitale, mais dans tout le pays, les dortoirs du Findel seraient bien moins remplis.

La précarité augmente et les bénéficiaires aussi, mathématiquement. La plupart d’entre eux sont luxembourgeois et partagent le dortoir avec des hommes de nationalités américaine, chinoise ou d’autres continents. Heureusement, plus de la moitié d’entre eux peuvent sortir de la rue grâce à des programmes de réinsertion, mais les listes d’attente sont longues.

À cette grande vulnérabilité s’ajoute le problème du covid. Des vaccinations ont été organisées pour les sans-abri en juin, décembre et janvier et beaucoup de sensibilisation a été réalisée et continue de l’être. Des distributeurs de gel hydroalcoolique sont situés à l’entrée des salles.

Les distances de sécurité sont respectées partout et dans les dortoirs un lit sur deux est vide pour limiter les risques. Comme dans le reste de la société, «les gestes barrières sont entrés dans les habitudes. Des tests sont proposés tous les jours et c’est souvent le public qu’on reçoit qui est lui-même demandeur dès qu’il y a le moindre symptôme. La santé, c’est tout ce qu’ils ont, alors ils sont précautionneux», rapportent ces femmes qui les côtoient tous les jours.

Pour Diana, Rachel, Roberta et Cyrielle, toute cette aide ne serait pas possible dans l’implication des partenaires, que ce soit les communes, les hôpitaux ou encore les conducteurs de bus. Bien sûr, les bénévoles sont l’une des pierres angulaires du système et «toute motivation est bonne à prendre» conclue Cyrielle.

Renseignements pour le bénévolat par courriel : benevolat@draeick.lu

Audrey Libiez

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