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Von der Leyen sous pression des eurodéputés après un recrutement contesté


Les eurodéputés doivent se prononcer jeudi sur la nomination controversée d’un des leurs à un poste hautement rémunéré au sein de la Commission européenne présidée par Ursula von der Leyen, soupçonnée par certains de favoritisme.

Candidate à sa propre succession, la responsable allemande est mise en cause à deux mois des élections européennes (6 au 9 juin) qui déboucheront sur un renouvellement des têtes des principales institutions de l’UE.

L’affaire concerne la nomination fin janvier d’un émissaire chargé des petites et moyennes entreprises. Le poste a été attribué à l’eurodéputé allemand du Parti populaire européen (droite) Markus Pieper, quelques semaines avant un congrès à Bucarest début mars lors duquel le PPE a apporté son soutien à un second mandat de Mme von der Leyen.

« On a amadoué un député européen parmi les plus grands détracteurs d’Ursula von der Leyen » au sein de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), pilier allemand du PPE, dont elle est membre, dénonce l’eurodéputé écologiste Daniel Freund.

Cet élu allemand a déposé un amendement au Parlement européen qui appelle à « annuler » cette nomination.

Ce texte n’est pas contraignant. Mais, s’il était adopté, il affaiblirait Mme von der Leyen en pleine campagne électorale. Des eurodéputés de diverses tendances, y compris dans son propre camp, pourraient en profiter pour lui adresser un avertissement.

Markus Pieper a signé son contrat le dimanche 31 mars et doit prendre ses nouvelles fonctions le 16 avril pour un mandat de quatre ans. Le poste de grade 15, l’un des plus hauts de la hiérarchie européenne, devrait lui valoir une rémunération de 18.430 euros bruts par mois, selon la grille officielle.

« Toute nomination doit prendre en compte l’équilibre géographique et l’égalité des genres. Pas l’appartenance à un parti », a taclé mardi la tête de liste des libéraux (Renew) Valérie Hayer sur X.

Le vote est prévu dans l’hémicycle bruxellois vers midi.

Le soutien du PPE, qui devrait rester le premier groupe politique dans le prochain Parlement, ne garantit pas à Ursula von der Leyen d’être reconduite à la tête de la Commission.

Ce choix reste une prérogative des chefs d’État et de gouvernement de l’UE qui en discuteront après les élections de juin. Elle devra en outre être approuvée par une majorité au sein de la future assemblée.

La Commission européenne divisée 

Le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, ainsi que trois commissaires, le Français Thierry Breton, l’Italien Paolo Gentiloni et le Luxembourgeois Nicolas Schmit, ont réclamé une discussion au sein du collège des 27 commissaires, en questionnant « la transparence et l’impartialité » de la procédure de nomination de M. Pieper.

M. Schmit est lui-même le porte-drapeau des sociaux-démocrates aux élections européennes.

Le sujet a finalement été abordé lors d’une réunion du collège mercredi. L’échange « a duré une heure, les commissaires PPE prenant la parole tour à tour pour défendre Markus Pieper », a expliqué une source au fait des discussions.

« Thierry Breton et Josep Borrell ont évoqué le manque de collégialité et des problèmes flagrants de partage d’information de la part de Mme von der Leyen », a encore détaillé cette source.

La Commission n’a pas souhaité commenter. Le vice-président Maros Sefcovic a réaffirmé mercredi que l’institution avait « respecté les règles et les procédures » durant le processus de sélection.

Le 29 février, une douzaine d’eurodéputés de quatre groupes politiques (sociaux-démocrates S&D, libéraux Renew, La Gauche et les Verts) avaient déjà adressé une série de questions à Mme von der Leyen.

Ils s’interrogeaient notamment sur des informations selon lesquelles deux candidates, l’eurodéputée tchèque Martina Dlabajova du groupe Renew et Anna Stellinger de la Confédération des entreprises suédoises, avaient atteint le dernier stade de la procédure de recrutement en obtenant de meilleures évaluations que M. Pieper.

Le porte-parole de la Commission, Eric Mamer, a choisi une métaphore footballistique pour justifier la victoire de M. Pieper à l’issue des entretiens finaux. « Dans certains tournois de football, il y a une phase de poule après laquelle deux équipes passent au tour suivant, les compteurs sont alors remis à zéro pour la suite », a-t-il expliqué.



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