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une voix pour la paix


Martine Kleinberg est d’origine juive, mais laïque. Surtout, elle ne défend pas la politique actuelle d’Israël, mais peine à recruter des membres pour son association «Jewish Call for Peace».

Les affiches ont jalonné le parcours de la manifestation organisée le 2 décembre dernier à Luxembourg. Le Comité pour une paix juste au Proche-Orient (CPJPO) a découvert des messages les assimilant au Hamas.  «Il y a une photo de deux membres bien identifiables sur les photos qui illustrent les affiches», confie Martine Kleinberg. On peut y lire «Le Hamas est déjà là, le CPJPO appelle à la violence», «détruisons Tel-Aviv» et «Avec le sang, avec notre âme, nous te vengerons.»

Membre de cette organisation pacifique qu’est le CPJPO, Martine Kleinberg, qui en a été la présidente durant quelques années, a également créé le mouvement «Jewish call for peace», en toute discrétion. Pourquoi? «Pour des raisons organisationnelles», répond sobrement sa présidente de confession juive, mais quelque peu isolée dans sa communauté. «Il est plus que jamais important que des voix juives s’élèvent pour dire que tous les juifs ne sont pas pour Israël et la politique de Benyamin Netanyahou.»

Un positionnement difficile

La création de sa récente association en 2021 répond à une demande pressante de l’Union juive française pour la paix (UJFP). «Évidemment, en France, ils sont plus nombreux et dans notre petite communauté au Luxembourg, où tout le monde se connaît, il est plus difficile de mobiliser», admet-elle. Elle a rencontré beaucoup de membres de la communauté juive, mais elle a vite compris que ce n’était pas facile de se positionner quand la majorité est «pro-israélienne», comme elle le constate.

Elle ne veut pas donner le nombre des adhérents. «Il faut oser se positionner publiquement et des gens n’aiment pas ça, mais ce qui est intéressant, c’est que nous avons un nouveau membre arrivé il y a un an au Luxembourg et cela ne lui pose aucun problème», explique celle qui avoue en recevoir «des vertes et des pas mûres», de la part de la communauté juive qui la traite comme une paria.

Affiches diffamatoires

Les affiches qu’elle a découvertes sur le parcours de la manifestation en faveur d’un cessez-le-feu, «sont de véritables appels à la haine». Elles sont diffamatoires, selon le CPJPO qui a déposé une plainte. «De mon côté, je n’ai rien entrepris, une démarche en justice, ça me fatigue», lâche Martine Kleinberg, avec beaucoup de lassitude dans la voix.

Elle reconnaît que lors d’une précédente manifestation, des éléments incontrôlables, comme cela arrive souvent, ont eu des propos malheureux. Des manifestants arabophones ont mis de l’huile sur le feu, ce que condamnent en premier lieu les organisateurs qui ont eu une traduction des slogans malvenus. «Les affiches placardées ensuite en ville ont assimilé des photos de membres du CPJPO, dont moi-même, à ces propos déplacés et c’est clairement de la diffamation», répète-t-elle.

Elle a prononcé un discours de paix le 2 décembre dernier en détournant le slogan qu’elle juge «très ambigu», «From the river to the sea, Palestine will be free», qui laisse entendre la disparition de l’État d’Israël. Elle l’a détourné en proclamant :  «From the river to the sea, everyone will be free.»

«Tous les juifs ne défendent pas Israël et sa politique actuelle»

Martine Kleinberg est d’origine juive, mais laïque. Elle ne fréquente la synagogue qu’en de rares occasions pour y accompagner sa mère. Ce fut notamment le cas fin septembre pour Yom Kippour (la fête du Grand Pardon). Ce jour-là, le service de sécurité de la synagogue a essayé de lui en interdire l’accès. «Je crains que le service de sécurité ait des comportements inadmissibles», juge-t-elle. Elle a été témoin d’une scène, le soir où le consistoire avait organisé une veillée pour les otages, qui lui a glacé le sang. Une dame qui essayait de traverser la place Clairefontaine a été stoppée net par ce même service de sécurité, mais elle n’a pas voulu faire d’histoire quand les deux policiers en faction sont venus lui demander si tout allait bien.

Pour Martine Kleinberg, ce sont précisément ces comportements qui alimentent l’antisémitisme. Et si elle a créé sa petite association, «c’est pour les déranger, car tous les juifs ne défendent pas Israël et sa politique actuelle, même si la plupart n’osent pas le dire ouvertement».

Les affiches étaient encore en place, Grand-Rue, en fin de semaine dernière, comme nous avons pu l’observer. Comme une plainte a été déposée, ce sera aux enquêteurs de la police grand-ducale de retrouver les colleurs qui se montrent très discrets.



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