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Une condamnation historique contre les discriminations envers les personnes intersexuées


Les discriminations et violences dont sont fréquemment victimes les personnes intersexuées ont fait l’objet d’une condamnation historique ce jeudi au Conseil des droits de l’homme, même si près de la moitié des pays membres ont fait part de leurs réserves.

Les personnes intersexuées sont celles dont les caractéristiques physiques ou biologiques telles que l’anatomie sexuelle, les organes génitaux, le fonctionnement hormonal ou le modèle chromosomique, ne correspondent pas aux définitions classiques de la masculinité et de la féminité.

La résolution sur « la lutte contre les discriminations, la violence et les pratiques néfastes à l’égard des personnes intersexuées » a été adoptée à Genève par 24 voix des 47 membres du Conseil.

Si aucun pays n’a voté contre, les 23 pays qui se sont abstenus – les pays arabes, les grands pays à majorité musulmane comme l’Indonésie et la Malaisie et des pays africains – ont jugé que le Conseil n’était pas le bon forum pour ces débats.

Discrimination permanente 

« La résolution vise à sensibiliser au sort des personnes intersexuées », a déclaré l’ambassadeur d’Afrique du Sud, Mxolisi Nkosi.

« Les personnes intersexuées sont confrontées à une discrimination permanente dans divers domaines de leur vie, notamment dans le sport, la santé et l’éducation » et dans les cas extrêmes, cela conduit à des violences « telles que la castration forcée, la stérilisation forcée et même l’infanticide. »

Ces caractéristiques peuvent se manifester à la naissance ou plus tard dans la vie, souvent à la puberté.

Les experts estiment que jusqu’à 1,7 % de la population naît avec des caractéristiques intersexuelles, selon la page internet consacrée aux personnes intersexuées par Haut-Commissariat aux droits de l’homme.

« Telles qu’elles sont » 

« Le Conseil des droits de l’homme n’est pas la plateforme appropriée pour discuter de cette question complexe, surtout compte tenu des aspects médicaux », a affirmé le représentant du Qatar, s’exprimant au nom des pays arabes du Conseil. « Nous voulions remplacer les personnes intersexuées par une autre description : les personnes présentant des troubles du développement ******. Pour nous, c’est la description la plus scientifique et médicalement appropriée », a dit Abdulla Bahzad.

Deux arguments balayés par l’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont. « Les personnes intersexes arrivent au monde telles qu’elles sont et elles ont le droit d’être accueillies par la société au même titre que toute autre, à égalité de dignité et de droits », a-t-il déclaré. « Il ne s’agit pas de traiter d’une condition médicale, il s’agit de respecter le droit de personnes ». « On a parlé ici d’infanticides, qui restent une terrible et tragique réalité », a insisté le représentant de la France. « Aucun pays n’est totalement immunisé contre telle ou telle de ces pratiques néfastes. Tous ont le devoir de les combattre ».

Inconnu ou pas reconnu

Le Bangladesh s’est placé sur le terrain juridique.

Le terme « intersexe » est « inconnu dans les systèmes juridiques nationaux et les contextes sociaux de nombreux États membres » et pour lui la résolution « propose une définition vague et arbitraire des personnes intersexuées ». Pour la Malaisie également, le terme intersexe « n’est pas universellement reconnu » et lorsqu’il est traduit dans les langues locales, il devient parfois un terme désobligeant et « fait plus de mal que de bien ».

La Chine a souligné que la résolution devrait respecter les traditions des différents pays.

Le texte reconnaît que les personnes intersexuées « peuvent être confrontées à des formes multiples et croisées de discrimination dans tous les domaines de la vie ». Il exprime de graves préoccupations quant aux « violences et pratiques néfastes » auxquelles sont confrontées les personnes intersexuées, « y compris les interventions médicalement inutiles ou qui peuvent être reportées, qui peuvent s’avérer irréversibles ».

La résolution encourage aussi les États à redoubler d’efforts pour lutter contre « les stéréotypes, la propagation d’idées fausses et d’informations inexactes, la stigmatisation et les tabous ».



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