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un client refuse de payer et se bat avec le personnel


Apparemment dans un état second et armé d’un grand cutter, Eduino a terrorisé le personnel de la Cannathèque, dans le quartier de la gare, avant de donner du fil à retordre aux policiers.

«Mon client aurait mieux fait de se casser une jambe ce jour-là», a constaté Me Luci hier matin face à la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «Il s’est tenu à carreaux pendant quinze ans jusqu’à ce dérapage dû à la spirale négative dans laquelle il était tombé et dont la seule issue pour lui était la prison.» Le contraste entre l’homme qui s’est présenté à la barre et celui décrit par les policiers et ses victimes présumées est saisissant. Eduino, 41 ans, apparaît calme et posé alors que le 10 novembre dernier, il a terrorisé le personnel de la Cannathèque, dans le quartier de la gare, et donné du fil à retordre aux policiers qui l’ont interpellé.

Le prévenu, lui, prétend ne plus se souvenir des faits et s’est excusé à de nombreuses reprises pour sa conduite qui ne lui ressemble pas. «J’étais à la rue à l’époque et je consommais pas mal de stupéfiants et d’alcool», explique-t-il. «J’ai conscience que ce que j’ai fait est terrible.» Eduino aurait refusé de payer les articles qu’il avait demandés. «Des feuilles à rouler, des filtres et du CBD pour vingt euros», précise Christophe, le gérant. «Il n’avait pas l’air dans un état normal.» Pour éviter les ennuis, le personnel lui a demandé de quitter les lieux sans payer. «Il est revenu et a voulu prendre d’autres articles», indique Amir, un des vendeurs. «Il est revenu trois ou quatre fois avant l’arrivée de la police.»

Entretemps, Eduino aurait asséné un coup de poing à Amir sur le seuil et brandi un grand cutter pendant une bousculade à l’intérieur de la boutique située rue de Reims. «C’est l’unique fois en cinq ans que nous avons connu un tel épisode», explique Christophe. «Des figures du quartier lui ont à deux reprises demandé de nous laisser tranquilles parce que nous sommes réglos.» Amir, qui s’est interposé, prétend s’être brisé la main alors qu’il était à terre avec Eduino. «Il n’avait pas consommé que du CBD ce jour-là», constate le président. «Le CBD a un effet calmant.»

Y a-t-il eu vol ou pas?

Les policiers ont bien essayé de découvrir la nature des produits consommés par le prévenu, mais Eduino «s’est opposé à tous les tests», indique un commissaire adjoint. «Pendant les six ou sept heures passées avec lui, il n’a absolument pas coopéré», ajoute un de ses collègues. «Il nous a insultés de flics corrompus et menacés de mort. Ses propos étaient incohérents et son comportement dangereux.» «Il a entre autres dit à mes collègues qu’il allait leur tirer des balles dans la tête avec leur arme de service» et que «s’ils le forçaient à se déshabiller lors de la fouille corporelle, c’était pour voir son **** parce qu’ils étaient homosexuels», cite le commissaire adjoint.

Les policiers du quartier de la gare à Luxembourg ont beau être rompus à toutes les situations, certaines continuent de les surprendre. Deux d’entre eux se sont portés partie civile et ont réclamé 500 euros chacun au prévenu. La représentante du parquet a, quant à elle, requis une peine de 18 mois de prison à l’encontre du quadragénaire pour vol, coups et blessures volontaires ayant entraîné une incapacité de travail, menaces par gestes et outrage par menace envers les représentants des forces de l’ordre.

Des réquisitions aussitôt contestées par Me Luci. Pour l’avocat, le vol n’a pas lieu d’être. «Un vol implique une soustraction frauduleuse. Cela implique un rôle actif de l’auteur et la victime doit être passive. Or dans le cas présent, la victime a remis les articles à Eduino. Plus tard, on l’encourage même à les prendre et à partir», argumente-t-il. «Il faut également une intention dans le chef de l’auteur, mais mon client se trouvait dans un état tel qu’il est difficile de déduire une intention de sa part.»

«On ne peut pas lui reprocher de s’être défendu»

Il balaye également les accusations de coups et blessures en réfutant les versions «divergentes» des témoins et de la victime. Il prie le tribunal de se fier aux images de vidéosurveillance de la boutique pour juger son client. Des images qui ne montrent ni le coup de poing, ni la bagarre au sol sur le trottoir. Seulement la bousculade à l’intérieur et son client, «immobile, le cutter dans la manche de son blouson» avec «les autres qui lui collent aux basques». Des preuves suffisantes à ses yeux qu’il n’y a pas eu de menaces et que le personnel de la boutique ne devait pas se sentir si apeuré que cela, sinon il aurait gardé ses distances.

Amir avait témoigné avoir essayé de garder Eduino à distance avec un coup de pied, puis en utilisant une lampe à pied. «Ils ne disent peut-être pas tous la même chose, mais ils ont dit l’essentiel : Amir a reçu un coup de poing et on ne peut pas lui reprocher de s’être défendu.»

Le prononcé est fixé au 22 février prochain.



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