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Trésorerie de l’État : «Les chiffres sont minables»


L’économie tourne au ralenti, le secteur financier fait grise mine et tout indique que le pays risque bien d’entrer en récession. Les chiffres réclamés par les pirates sont parvenus à la Chambre.

On a reçu les chiffres, j’aurais bien aimé avoir une commission jointe, mais elle sera refusée», annonce d’emblée Sven Clement, le député pirate qui a exigé de connaître la situation de la trésorerie de l’État sur laquelle s’appuient les partenaires de la nouvelle coalition dans leurs négociations.

«Au vu des dernières données des comptes nationaux trimestriels, l’économie luxembourgeoise ne semble pouvoir éviter une contraction en 2023», relève le Comité économique et financier national (CEFN) dans sa note au formateur Luc Frieden distribuée aux députés. Les prévisions à court terme se sont nettement détériorées et le pays pourrait connaître une récession de -0,8 %, comme l’a rapporté hier RTL radio.

«Les chiffres sont minables, mais ils ne me surprennent guère car j’avais déjà alerté en avril sur mon compte Twitter que le FMI et la Banque mondiale tablaient sur une croissance de 1,1 % pour le Luxembourg alors que le Programme de stabilité et de croissance envoyé à la même période à Bruxelles par le gouvernement envisageait une croissance de 2,5 %», poursuit Sven Clement. Il estime que le gouvernement «a largement surestimé la résilience de l’économie et l’impact de ses mesures».

Les chiffres annoncés sont encore plus mauvais que le scénario le plus bas imaginé dans le PSC envoyé à Bruxelles.  «Je pense que la promesse de Luc Frieden d’une baisse généralisée des impôts restera au stade de promesse», craint le député, qui ne se dit pas surpris par les chiffres et qui peine à imaginer une croissance de 1,5 % l’année prochaine, même s’il serait «content» que cela se réalise ainsi.

«Ce qui est intéressant, c’est que même avec une récession du PIB à prix constant, on a quand même une croissance en volume du PIB de quasiment 10 % grâce à la faible inflation», se satisfait-il.

Un autre élu est tout aussi fâché contre les chiffres et c’est le ministre de l’Économie pour quelques jours encore, le socialiste Franz Fayot, qui a eu l’occasion de livrer le fond de sa pensée auprès de plusieurs médias, dont nos confrères du Tageblatt en premier lieu. Le nouveau gouvernement s’oriente vers l’austérité, s’est entendu dire le ministre, d’autant que le CSV comme le DP tiennent à plaire aux agences de notation et à conserver le «triple A» du Luxembourg.

Ce sera difficile vu les prévisions contenues dans la note de travail distribuée à Senningen avant d’atterrir à la Chambre des députés. La dette va continuer à progresser jusqu’à dépasser la barre fatidique des 30 % fixée par le gouvernement précédent. «La hausse de la dette publique en termes absolus s’explique pour l’essentiel par le recours à l’endettement pour financer les déficits accumulés au niveau de l’administration centrale», est-il indiqué dans le rapport du CEFN.

À politique inchangée, le solde nominal des administrations publiques se dégraderait davantage en 2024 et atteindrait un déficit de 2,3 milliards d’euros ou -2,7 % du PIB, soit proche du seuil de Maastricht de 3 % du PIB.

En termes d’évolution des soldes au niveau des sous-secteurs des administrations publiques, le déficit de l’administration centrale augmenterait de manière substantielle et s’élèverait à 3,3 milliards d’euros, alors que le surplus de la Sécurité sociale baisserait à 955 millions d’euros. Le déficit des administrations locales se réduirait et s’établirait à moins 27 millions d’euros.

La dette explose

Un premier emprunt de 4 milliards d’euros est déjà envisagé pour l’année prochaine, selon la note. «Le gouvernement a tout fait pour calculer des chiffres positifs. Ils ont redistribué 500 millions qui n’existaient pas, mais c’était un joli cadeau avant les élections qui a profité aussi bien aux socialistes qu’aux libéraux, nettement moins aux verts», observe Sven Clement. Il rappelle que le ministre Franz Fayot est encore ministre de l’Économie et qu’à ce titre, il a le Statec sous son aile. Le directeur de l’institut, Serge Allegrezza, avait déjà évoqué le risque de récession après la première discussion entre les deux délégations CSV et DP. La note en question date en effet du 16 octobre dernier.

«J’ai hâte de savoir comment ils vont financer la croissance, où ils vont prendre l’argent après avoir subventionné indifféremment le chauffage des piscines privées et le petit deux-pièces en distribuant généreusement l’argent sans faire de sélection», s’agace encore Sven Clement. «Maintenant que les caisses sont vides, on doit faire une politique anticyclique et les prévisions indiquent que la dette dépassera les 30 % du PIB dès 2025», rappelle-t-il en faisant référence à la note sur l’état des finances et du budget.

Plus précisément, la trajectoire de la dette publique continue de croître pour dépasser en 2026 le seuil de 30 % du PIB établi par le gouvernement sortant et atteindre 32,4 % du PIB en 2027, indique le CEFN.



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