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Taïwan dévoile le « Hai Kun », son premier sous-marin de conception locale… mais doté de systèmes américains


S’il put acquérir deux sous-marins de la classe « Zwaardis » [ou Hai Lung] de conception néerlandaise dans les années 1980, le ministère taïwanais de la Défense fit chou blanc auprès des pays susceptibles de lui en livrer d’autres, ces derniers étant alors soucieux de ménager la Chine… et son vaste marché intérieur. Aussi, en décembre 2014, il s’adressa à son industrie de l’armement pour en concevoir, en notifiant, d’abord, des contrats d’études d’une valeur totale de 94 millions de dollars au Ship and Ocean Industries R&D Center, à CSBC Corporation Taiwan et à l’Institut national Chung-Shan pour la science et la technologie.

Seulement, la base industrielle et technologique de défense taïwanaise ne possédait pas les savoir-faire nécessaires pour construire un sous-marin en partant de zéro, c’est à dire sans compétences dans les domaines des matériaux, de l’acoustique, des capteurs, etc.

Mais cela n’empêcha nullement Taipei de lancer le programme Hai Lung 2, avec l’objectif de doter sa marine de huit nouveaux sous-marins à propulsion diesel-électrique. Pour Taïwan, disposer d’une telle flotte est crucial afin d’être en mesure, le cas échéant, de briser un blocus imposé par Pékin, voire de mettre en échec une tentative de débarquement de l’Armée populaire de libération [APL] sur son littoral.

La construction du premier sous-marin taïwanais – le Narwhal [ou « Hai Kun »] – débuta en 2020… Ce qui pouvait sembler très rapide au regard des capacités industrielles de l’île. Mais cela n’aurait évidemment pas été possible sans des aides extérieures, à commencer par celle fournie par les États-Unis, l’administration du président Trump ayant autorisé des transferts de technologie massifs à cette fin.

D’autres pays donnèrent un coup de pouce à Taïwan, comme le Royaume-Uni qui, entre 2018 et 2022, accorda plus de 50 licences d’exportation pour du matériel sensible [composants, logiciels, etc.] destiné aux futurs sous-marins taïwanais pour une valeur totale de plus de 300 millions de livres sterling. Et le groupe britannique QinetiQ était particulièrement concerné.

Probablement que Taipei a reçu d’autres appui… mais dans la plus grande discrétion. Mais d’après Reuters, des ingénieurs et des sous-mariniers à la retraite auraient été recrutés aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie, au Canada, en Inde, en Corée du Sud ou encore en Espagne pour travailler sur ce programme.

Quoi qu’il en soit, trois ans après le début de sa construction, le sous-marin Hai Kun a été officiellement dévoilé le 27 septembre, juste avant sa mise à l’eau, au chantier naval CSBC Corp., à Kaohsiung.

Ce « sous-marin est une réalisation importante de notre engagement concret dans la défense de notre pays. […] Il s’agit également d’un équipement important pour nos forces navales dans le développement de stratégies de guerre asymétriques », a commenté Tsai Ing-wen, la présidente de Taïwan. « Pendant longtemps, construire localement des sous-marins était considéré comme une ‘mission impossible’ », a-t-elle ensuite rappelé. « Mais aujourd’hui, un sous-marin conçu et construit par notre propre peuple est sous les yeux de tous – nous l’avons fait », s’est-elle félicitée.

D’un coût de 1,5 milliard de dollars, le « Hai Kun » affiche un déplacement de 2500 à 3000 tonnes, pour une longueur de 70/80 mètres. A priori [les détails à ce sujet demeurent confidentiels], il serait équipé d’un système de combat fourni par Lockheed Martin et armé de torpilles Mk-48 Mod 6 et de missiles anti-navires Harpoon Block II.

Les essais de ce premier sous-marin taïwanais de conception locale devraient débuter le 1er octobre prochain… Et son admission au service actif est prévue en 2025. Dans le même temps, la construction d’un second exemplaire aurait d’ores et déjà commencé, l’objectif pour la marine taïwanaise étant de disposer d’un total de quatre bâtiments [en comptant les deux « Zwaardis »] en 2027.

Photo : Ministère taïwanais de la Défense





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