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Simple oubli ou Alzheimer ? Un neurologue de 82 ans nous dit comment savoir



Notre cerveau commence à décliner tout doucement à partir de 45 ans. C’est inévitable. Petit à petit, les capacités de réflexion, de mémoration, d’analyse et de compréhension déclinent. On parle de déclin cognitif. Ce phénomène peut se manifester par un déclin progressif de la mémoire et des fonctions exécutives.

C’est ce phénomène qui peut conduire à la maladie d’Alzheimer, la forme la plus connue de démence. Heureusement, tout le monde ne développe pas cette maladie neurodégénérative, loin de là !

Mais alors, quand devons-nous nous inquiéter ? A quel moment les pertes de mémoire deviennent-t-elles problématiques ? Un neurologue, âgé de 82 ans, Richard Restak, auteur de Comment prévenir la démence : un guide d’expert sur la santé cérébrale à long terme (éd. Penguin Random House), partage pour nos confrères anglais du Guardian ses explications.

Là où il faudrait s’inquiéter, c’est si vous sortez du magasin et n’arrivez plus à vous souvenir comment vous êtes venu

Plus nous prenons de l’âge, plus nous avons des responsabilités lourdes. A mesure que nous vieillissons, nous voyons aussi nos proches plus âgés contracter des maladies et la démence en fait partie. Face à toute cette charge mentale, nous pouvons avoir l’impression de perdre des capacités mentales : oublier les clés, le nom d’un animal, d’une personne…

Or, comment savoir si cette fragilité est le reflet d’un déclin cognitif lié à l’âge ? Est-ce les premiers signes de notre propre démence imminente ou simplement une phase trop éprouvante dont on se relèvera ? Serait-ce simplement un oubli normal ?

Le neurologue Richard Restak, se veut rassurant. Du haut de ses 82 ans, il est bien placé pour dire que « tout au long de la vie, le stress provoque une diminution des fonctions cérébrales normales. Vous avez des difficultés de mémoire, vous cherchez des noms… Il y a des gens qui sortent des centres commerciaux et qui sont incapables de se souvenir où ils ont garé la voiture. Et bien, c’est juste un oubli normal ».

En revanche, selon le neurologue, là où il faudrait s’inquiéter, c’est si vous sortez du magasin et n’arrivez plus à vous souvenir comment vous êtes venu (en bus, en voiture, en taxi ?).

Professeur de clinique à l’Université George Washington, il rappelle qu’un léger déclin cognitif ne doit pas inquiéter s’il survient avec l’âge. Il se remémore un dîner il y a de nombreuses années au cours duquel il a été présenté à une douzaine de nouvelles personnes. « Je n’ai eu aucune difficulté à me souvenir des noms, or, je ne suis pas sûr de pouvoir refaire ça aujourd’hui ».

Il rappelle que la mémoire est basée sur des images, pas sur des mots. Ce qui explique pourquoi nous avons tendance à ne pas mémoriser les prénoms et cela n’a rien d’inquiétant.

Les oublis qui concernent des sujets « inintéressants », qui ont peu d’impact, ne sont pas inquiétants

Selon le neurologue, il est également question d’attention, plus que de mémoire. Si vous avez en tête des sujets plus intéressants que le parking où vous garez votre voiture, il se peut qu’après vos courses vous ne sachiez plus où cette dernière se trouve. « Il est plus difficile de prêter attention à des choses inintéressantes », ajoute-t-il.

Les problèmes de mémoire qui doivent inquiéter concernent des sujets plus impactants. Un professeur de psychologie clinique du vieillissement et de la démence à l’Université d’Exeter témoigne de sa propre expérience au sein du Guardian : « Mon expérience a été de dire à ma mère que j’allais faire un grand déménagement de Cambridge vers le nord du Pays de Galles et que j’avais trouvé une maison. Et le lendemain matin, elle n’en avait aucun souvenir. Ensuite, j’ai su avec certitude que ce n’était pas un simple oubli normal ».

Autre oubli inquiétant : vous montez dans votre voiture et vous ne vous souvenez plus comment utiliser toutes ces commandes. « Ce sont ces moments critiques qui doivent vous amener à consulter un médecin ».

Si vous subissez des pertes de mémoire aussi marquantes ou des changements cognitifs qui ne sont pas normaux, commencez par consulter votre médecin généraliste.

Que faire au quotidien pour prévenir les pertes de mémoire (ou les retarder le plus possible) ?

Il faut comprendre aussi que toutes les pertes de mémoire ne sont pas toujours liées à la démence. Des symptômes cognitifs peuvent être générés par des maladies cardiaques, qui affectent le flux sanguin vers le cerveau.

Mais ne commencez pas à paniquer si vous vieillissez et que vous ne parvenez pas à retrouver le nom de l’acteur d’un film que vous venez de voir.

Le Dr Restak évoque alors des solutions qui pourraient vous aider à limiter les problèmes de mémoire. « Essayez de réduire le stress et la fonction cognitive s’améliorera. »

Si vous ne pouvez pas vous débarrasser des sources de stress, essayez de prendre davantage soin de vous. Il y a peut-être moyen de dormir plus ou de faire des pauses dans la journée ? Mais ne vous avisez pas d’en faire le moins possible car stimuler le cerveau est aussi bénéfique pour la mémoire : travailler, lire, écrire, compter, rencontrer du monde maintient le cerveau agile et réduit le risque de démence.

« Le cerveau reste très malléable tout au long de la vie, et une réserve cognitive peut être constituée dès l’enfance et à tout moment au cours des 70 prochaines années », poursuit le neurologue de 82 ans. Continuez à faire de nouvelles choses : apprenez des langues, faites de la musique, restez à la pointe de la technologie, lisez des livres, allez au cinéma, faites des puzzles… N’arrêtez jamais de faire travailler votre cerveau !



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