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Selon le ministère des Armées, le char franco-allemand du futur devra être capable de tirer « jusqu’à 8 km »


Le mois dernier, sur la base aérienne d’Évreux, les ministre français et allemand de la Défense, à savoir Sébastien Lecornu et Boris Pistorius, ont de nouveau réaffirmé leur volonté de voir aboutir le programme MGCS [Main Ground Combat System – Système principal de combat terrestre]. Et cela malgré les doutes exprimés de part et d’autre du Rhin [nourris par les projets de chars Leopard 2AX et KF-51 « Panther »] et les désaccords entre les industriels concernés, dont Rheinmetall, Krauss-Maffei Wegmann et Nexter.

À cette occasion, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Pierre Schill, et son homologue allemand, le général Alfons Mais, ont signé une fiche d’expression commune des besoins [High Level Common Operational Requirements Document – HLCORD], ce qui n’était pas gagné d’avance au regard des différences entre les doctrines françaises et allemandes en matière d’emploi des blindés en général et des chars de combat en particulier. Cependant, aucun détail sur le contenu de ce document n’avait alors été livré…

Il aura donc fallu patienter quelques semaines pour en savoir un peu plus au sujet des attentes exprimées par les états-majors français et allemand au sujet du MGCS, qui consiste à développer un nouveau char autour duquel graviteront d’autres systèmes [blindés, drones, munitions téléopérées, robots, etc.] au sein d’un « cloud de combat ».

En effet, ce 9 octobre, le ministère des Armées a donné quelques détails sur cette « feuille de route », pour le moins ambitieuse…

« Bien plus qu’un engin blindé lourd traditionnel, le MGCS est pensé comme un système multiplateformes : un char proprement dit, équipé d’un canon gros calibre, accompagné d’autres modules complémentaires interconnectés [un blindé lourd équipé de missiles antichars puissants, un véhicule d’appui nativement robotisé doté d’armes laser, des drones et autres armements innovants] », résume d’abord le ministère.

Au passage, on notera que, s’il est question de « drones », l’apport potentiel des hélicoptères d’attaque n’est pas cité…

Comme attendu, le MGCS aura recours à l’intelligence artificielle, des algorithmes devant être mis au point pour assister les équipages via un « soutien au renseignement, à la planification, au commandement et à la coordination des feux ». L’objectif est aussi de raccourcir les délais pour la prise de décision au niveau du commandement. Mais, naturellement, « l’humain sera toujours dans la boucle », précise Martial Mornet, architecte capacitaire en charge du MGCS à la Direction générale de l’armement [DGA].

Quoi qu’il en soit, partager des informations tactiques en temps réel suppose une connectivité accrue entre les différents éléments du MGCS. D’où la nécessité d’un « cloud de combat intégré », afin de leur permettre de « traiter, stocker et distribuer instantanément des données tactiques et de coordonner leurs actions de façon semi-automatique pour combiner les effets sur l’ennemi ».

Ce point n’est pas une nouveauté… étant donné que le combat collaboratif et infovalorisé est l’une des raisons d’être de l’actuel programme SCORPION de l’armée de Terre.

« Le MGCS s’inscrit dans la droite lignée de l’approche collaborative infovalorisée initiée par le système Scorpion », souligne d’ailleurs la DGA. Mais il sera question de « créer un environnement de combat dans lequel les combattants comprennent, décident et agissent plus rapidement que l’adversaire pour être plus efficaces et mieux protégés ».

Quant aux capacités qu’il devra posséder, le char de combat du futur aura une portée de tir deux fois plus longue que celle du Leclerc ou du Leopard 2, soit 8000 mètres. « La force de frappe du MGCS sera décuplée », souligne le ministère des Armées.

A priori, cette exigence exclut le nouveau canon de 130 mm développé par Rheinmetall pour le MGCS [et le KF-51 Panther] puisque ses performances sont 50% supérieures à celles du canon de 120 mm qui arme actuellement le Leopard 2.

Reste à voir si l’Ascalon [de 140 mm], proposé par Nexter, sera en mesure de relever le défi. « S’ils nous demandent une portée de 8 km, c’est faisable », avait dit Dominique Bouchaud, le responsable de ce projet, dans les pages de l’European Defence Review, en juillet 2022. D’autant plus que ce canon pourra utiliser des munitions « intelligentes pour des tirs au-delà de la vue directe ».

Cela étant, l’Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis s’est déjà emparé de ce sujet, en menant des travaux sur des « technologies de tir disruptives » visant à « augmenter la vitesse de bouche des projectiles et à réduire les dispersions » ainsi que sur des briques technologiques destinées aux munitions guidées.

Par ailleurs, les éléments qui accompagneront le char « démultiplieront, par leur nombre, leur mobilité et leur simultanéité, leur capacité d’agression sur l’ennemi », constituant ainsi, explique Delphine Dufourd-Moretti, chargée des futurs systèmes de combat terrestre à la DGA, autant de dilemmes et d’effets de surprise pour les adversaires », ce qui compliquera d’autant leur « prise de décision ».

Mais pour tirer sur une cible située à 8 km de distance, encore faut-il pouvoir la localiser… Aussi, « l’écosystème du MGCS permettra une observation jusqu’à 10’000 mètres de distance, améliorant ainsi les capacités de repérage d’une cible et d’anticipation », avance le ministère. Ce qui suppose, probablement, l’emploi de drones aériens…

Enfin, la protection des équipages est un autre axe de développement. Et les travaux porteront notamment sur le « camouflage actif, le blindage renforcé et les contre-mesures ». « Conjuguée à la mobilité permise par la répartition des armements et équipements sur plusieurs plateformes distinctes [permettant ainsi de contenir leur masse], cette bulle contribuera de manière significative à la protection des combattants », conclut le ministère des Armées.

Photo : MGCS / DGA





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