à la uneInternationalSanté

Peut-on vraiment attraper froid ? Oui, répondent les infectiologues


On pensait que le « coup de froid » était une simple croyance populaire. Mais une étude venue des Etats-Unis semble lui donner raison. Explications du Pr Anne-Claude Crémieux, infectiologue à l’hôpital Saint-Louis à Paris et du Dr Benjamin Davido, médecin infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré (AP-HP) à Garches.

L’automne signe l’arrivée de l’hiver et du froid, avec des températures de plus en plus basses. Et qui dit froid dit retour de cette fameuse phrase : « attention, tu vas attraper froid« .

Sur le même sujet

Comment fonctionne notre système immunitaire ?

Or, si le froid est désagréable : « Ce n’est pas lui qui vous rend malade, mais l’infection par un virus », explique tout simplement la Professeure Anne-Claude Crémieux, infectiologue à l’Hôpital Saint-Louis, à Paris. Autrement dit, c’est lors d’un contact rapproché avec ou une personne malade ou en touchant un objet ou un support sur lesquels se trouve un virus ou une bactérie, que l’on se contamine.

Le froid impacte notre système immunitaire

« Le froid favorise certaines maladies », explique la Pre Crémieux, « parce qu’il engendre une irritation de la muqueuse respiratoire. » Une irritation qui prépare donc le terrain pour d’éventuelles infections : la muqueuse respiratoire -qui sert de barrière naturelle- étant fragilisée, elle joue moins bien son rôle, laissant une porte d’entrée aux bactéries et virus.

Mais autre explication aux coups de froid vient d’être avancée par des scientifiques dans une étude publiée dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology. Et elle trouve son origine dans le nez !

Des scientifiques de la Harvard Medical School et de la Northeastern University au Canada ont exposé en laboratoire des échantillons de tissus du nez à trois virus différents, dont le SARS-CoV-2.

  • Lorsque la température est « normale », l’immunité fonctionne : l’intrusion du virus dans le nez engendre la sécrétion de vésicules extracellulaires nasales qui neutralisent le virus.
  • Lorsque la température est abaissée à 4°C, mimant ainsi un air froid, les vésicules moins nombreuses (-42%) et moins fonctionnelles peinent à bloquer l’élément étranger.

« Nous avons découvert un nouveau mécanisme immunitaire dans le nez, qui est constamment bombardé, et nous avons montré ce qui compromet cette protection« , a explique le Dr Benjamin Bleier, auteur principal de l’étude.

En quoi est-ce important ? Cela démontre que notre système immunitaire est moins performant quand le corps ne parvient plus à assumer ce que l’on appelle l’homéostasie, mécanisme qui lui permet de se maintenir à température interne constante malgré les fluctuations extérieures et lorsque cela aboutit à ce qu’il se retrouve en hypothermie.

Le masque reste encore la meilleure protection contre les virus

« L’étude est intéressante parce qu’elle montre l’influence de la température extérieure et des variations saisonnières sur l’immunité » souligne le Dr Benjamin Davido, médecin infectiologue au sein du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Raymond-Poincaré (AP-HP) à Garches.

« Mais pour avoir une idée plus complète de leur impact, il aurait été utile aussi que les chercheurs réalisent la même expérience cette fois-ci en augmentant la température de cinq degrés pour simuler une météo très chaude, afin de voir quelle répercussion une hyperthermie aurait eue sur la sensibilité des vésicules extracellulaires. Puisque, lorsqu’il y a des canicules, on préconise de se confiner comme en hiver, cela aurait été instructif.

Ce qu’il faut également comprendre en creux dans cette étude, c’est que, pour ces chercheurs, le masque reste la meilleure desprotections contre les virus quand les récepteurs de ces vésicules extracellulaires sont dépassés. On a alors une barrière physique à défaut d’avoir une barrière chimique. Pour ma part, je défends son port dans les périodes particulièrement froides, qui sont les plus à risque, chez les personnes fragiles. Je ne prône pas la loi du tout ou rien. »

La science ignore encore pourquoi les virus aiment le froid

Les virus circulent beaucoup plus l’hiver. Très bien, mais pourquoi ? « L’hiver, nous sommes beaucoup plus souvent à l’intérieur. Et comme nous l’avons vu avec l’épidémie de Covid, les virus se transmettent plus facilement dans les milieux clos« , explique la Professeure Crémieux, avant de confesser une certaine impuissance : « Mais de façon plus générale, on ne sait pas fondamentalement pourquoi les périodes de froid favorisent autant dans la circulation des virus. Ça s’est d’ailleurs aussi révélé pendant cette épidémie : non seulement le caractère saisonnier d’un virus est difficile à prévoir, mais on ne sait pas encore le lier à des caractéristiques structurales ou fonctionnelles du virus. Ça reste quelque chose de très mal connu. »

Quoi qu’il en soit, cet hiver comme tous les autres, il nous faudra lutter contre la maladie en répétant les gestes sanitaires que nous connaissons aujourd’hui tous par cœur, mais aussi en évitant les fortes variations thermiques (les fameux « chaud-froid ») qui déstabilisent l’organisme en diminuant nos défenses immunitaires. Alors ne surchauffez pas votre intérieur, aérez quotidiennement votre intérieur pour renouveler l’air et superposez les couches de vêtements.

Source :

  • Cold exposure impairs extracellular vesicle swarm–mediated nasal antiviral immunity, The Journal of Allergy and Clinical Immunology, 6 décembre 2022



Source link

Please follow and like us:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

RSS
Follow by Email
YouTube
Pinterest
LinkedIn
Share
WhatsApp