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pas de compromis en vue


Après deux ans de guerre totale, aucun compromis ne se dessine entre l’Ukraine, en grande difficulté, et une Russie revigorée par l’érosion du soutien occidental à Kiev.

Diplomates et analystes, à Moscou ou du côté de Kiev et ses soutiens, s’accordent au moins sur un point : 2024 sera encore une année de guerre. Et en l’état actuel du conflit, «il n’y a rien que les belligérants puissent négocier», sinon une «capitulation» de l’un ou l’autre, résume Fyodor Loukyanov, directeur du Conseil de politique étrangère et de défense, un centre de réflexion proche du Kremlin.

Pour Kiev, il est inconcevable de négocier tant que les troupes russes ne se sont pas retirées des territoires qu’elles occupent. Vladimir Poutine de son côté, assuré d’être reconduit pour un nouveau mandat au Kremlin lors de l’élection de mars, répète qu’une défaite de la Russie est «impossible» et joue la montre en observant l’affaiblissement du soutien occidental à Kiev.

«D’éventuelles négociations ne pourront intervenir que lorsque l’Ukraine sera en position de force sur le terrain», souligne un diplomate européen. Ce qui est loin d’être le cas. Deux ans après avoir résisté à l’invasion totale déclenchée par Moscou le 24 février 2022, puis repoussé les forces russes et libéré des territoires lors d’une contre-offensive spectaculaire à l’automne 2022, l’armée ukrainienne est «dans une situation extrêmement difficile» dans l’est et le sud, a reconnu le président Volodymyr Zelensky, après la prise par les Russes de la ville symbole d’Avdiivka, dans le Donbass.

En termes de ressources, la balance pèse en faveur de la Russie, qui peut, selon des sources ukrainiennes, envoyer 30 000 nouveaux soldats sur le front chaque mois, et dont l’économie est totalement entrée en mode guerre en 2023. À l’opposé, l’Ukraine, pour laquelle la guerre a commencé en 2014 dans le Donbass et avec l’annexion de la Crimée par la Russie, s’épuise et peine à mobiliser. Après deux années d’unité nationale sans faille, les différends politico-militaires s’exacerbent à Kiev, avec le départ du très populaire chef de l’armée Valery Zaloujny.

Trump, le scénario cauchemar

«La Russie commence à penser qu’elle peut gagner», estime l’analyste polonais Marek Mendiszak, du Centre for Eastern studies à Varsovie. «Ce sentiment de victoire est nourri par la chute du soutien militaire occidental et le contexte politique» aux États-Unis, suspendus à un éventuel retour de Donald Trump lors de la présidentielle de novembre. Pour Marek Mendiszak, le président russe peut être tenté de «laisser saigner l’Ukraine» en attendant l’élection américaine.

À Washington, personne n’envisage de négociations à court terme, ni publiquement ni en privé. «Je pense que Poutine ne fera pas un pas significatif de paix avant de voir le résultat de notre élection», confiait début décembre un haut responsable américain sous couvert de l’anonymat. Un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche angoisse les Ukrainiens et les Européens.

L’ancien président américain, qui a assuré qu’il était capable de mettre fin au conflit «en 24 heures» s’il était réélu, pourrait aussi couper l’aide à l’Ukraine. «Personne ne sait quelle serait la politique étrangère de Trump, à commencer par lui», souligne l’ancienne diplomate française Marie Dumoulin, de l’ECFR (European council on foreign relations), mais son imprévisibilité et sa complaisance passée vis-à-vis de Poutine laissent augurer du pire pour Kiev.

Principal soutien de Kiev avec plus de 110 milliards débloqués depuis 2022, Washington échoue depuis des mois à voter de nouveaux fonds pour l’Ukraine, en raison notamment de la pression de Donald Trump sur ses troupes, majoritaires à la Chambre des représentants. Et l’Europe, qui a fourni 28 milliards d’euros d’aide militaire, peine à remplir ses promesses, et ne pourra de toute façon pas combler à court terme une défaillance américaine.

En dépit des assurances de soutien répétées quotidiennement par les dirigeants des pays de l’UE, les signes de fatigue se multiplient. Malgré ce sombre tableau pour l’Ukraine, un changement de trajectoire reste possible, estime une source militaire occidentale, pour qui «l’Ukraine tient fermement dans une guerre qui n’a pas tourné à l’avantage de Moscou» et a remporté «des succès indéniables» en mer Noire et en Crimée annexée, où elle multiplie les attaques ces derniers mois.

«Les Européens ont la possibilité de se mettre en ordre de bataille», estime Marie Dumoulin, relevant la mobilisation «sans précédent» de l’UE après l’invasion en 2022. «On n’a pas le droit de baisser les bras. Une défaite de l’Ukraine est encore évitable.»


Les réactions au Luxembourg

Au Luxembourg, le Premier ministre Luc Frieden a salué «le courage du peuple ukrainien» et réaffirmé le soutien du Grand-Duché en terminant son intervention par «Slava Ukraini» («Gloire à l’Ukraine»).

La ministre de la Défense, Yuriko Backes, a elle aussi pris la parole pour rappeler le Luxembourg «restera aux côtés de l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra.»





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