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Otan : Un F-16 américain a abattu un drone turc au-dessus de la Syrie


Le fait que l’Otan repose sur le principe de défense collective ne constitue pas une garantie suffisante pour empêcher les tensions entre alliés. N’ayant pas encore trouvé une issue à leurs différends territoriaux, notamment en mer Égée, la Grèce et la Turquie en sont un exemple. Ainsi, en 1996, un F-16 turc fut même abattu par un Mirage 2000 grec. Cependant, tout fut mis en oeuvre pour maintenir le secret autour de cet incident, Ankara et Athènes ayant officiellement invoqué une « défaillance technique » pour l’expliquer. La vérité ne sera connue qu’en 2003, grâce à des fuites parues dans la presse.

Plus récemment, l’illumination de la frégate française Courbet, alors sous commandement de l’Otan, par le radar de conduite de tir du navire turc TGS Oruçreis en Méditerranée centrale, n’arrangea évidemment pas l’état des relations entre Paris et Ankara. Et l’enquête sur cet incident fut mise sous le boisseau, car jugée trop sensible. L’Alliance veille à l’unité entre ses membres… même si elle est de façade.

Cela étant, un autre incident – sérieux – entre deux membres de l’Otan vient de se produire… en Syrie.

Ainsi, le 5 octobre, un drone turc – a priori un Anka, de type MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] exploité par le Millî İstihbarat Teşkilatı [MIT, service de renseignement turc] – a été abattu par un F-16 de l’US Air Force au-dessus de la région d’Hassaké [nord-est de la Syrie], après être entré dans une zone d’opération restreinte [ROZ] mise en place pour protéger les troupes américaines déployées auprès des Forces démocratiques syriennes [FDS], dont les milices kurdes syriennes [YPG] constituent l’épine dorsale.

Depuis un attentat perpétré le 1er octobre à Ankara [et qui a fait deux blessés], la Turquie multiplie les frappes aériennes contre le Parti des travailleurs du Kurdistan [PKK, classé parmi les organisations terroristes par les États-Unis et l’Union européenne, ndlr] dans le nord de l’Irak. Et elle en fait de même en Syrie, contre les positions du Parti de l’Union démocratique [PYD], dont sont issues les YPG. Et cela parce qu’elle considère que cette formation est liée au PKK.

Seulement, au regard du rôle qu’elles ont tenu [et qu’elles tiennent encore] contre l’État islamique, les FDS sont soutenues par les États-Unis, qui ont déployé environ 900 militaires à leurs côtés.

Selon le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder, des drones turcs ont enchaîné les frappes aériennes autour de Hassaké à partir de 7h30 [heure locale], y compris à l’intérieur de la ROZ. L’un d’eux s’est approché à moins d’un kilomètre des positions américaines. Considéré comme menaçant, il a donc été abattu par un F-16, vers 11h40, malgré les avertissements [une douzaine selon l’Associated Press] lancés à la partie turque [mais sans doute ont-ils été adressés au mauvais interlocuteur…].

« La décision d’abattre le drone armé d’un allié a été prise en vertu du droit à la légitime défense et à la nécessité de prendre les mesures appropriées pour protéger les forces américaines », a expliqué le général Ryder. « Nous n’avons aucune indication que la Turquie ciblait intentionnellement les forces américaines », a-t-il cependant ajouté.

En Syrie, les forces américaines ont déjà abattu des drones hostiles… mais il s’agissait d’appareils de facture iranienne. Et depuis le début de la guerre en Ukraine, elles ont fait état, à plusieurs reprises, du comportement jugé « agressif » des avions de combat russes à leur endroit.

Quoi qu’il en soit, le chef du Pentagone, Lloyd Austin, et le nouveau chef d’état-major intérarmées américain, le général Charles Q. Brown, se sont ensuite entretenus avec leurs homologues turcs afin d’affirmer l’importance qu’ils attachent à la relation entre les États-Unis et la Turquie mais aussi pour souligner « l’importance de respecter strictement les protocoles en vigueur et la communication à travers les canaux usuels d’armée à armée ».

Reste à voir comment la Turquie va réagir… alors qu’elle tarde à donner son feu vert à l’adhésion de la Suède à l’Otan, qu’elle lie par ailleurs à l’achat de 40 F-16 Viper auprès des États-Unis. Si l’administration Biden y est favorable, ce n’est pas le cas du Congrès…

Photo : Mustafa Karabas TUSAS – CC BY-SA 4.0





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