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Nouvelle guerre au Cameroun : une lutte sans relâche contre le discours de haine

La Journée internationale de lutte contre les discours de haine est célébrée tous les 18 juin. Cette année, la célébration dans un caractère de sensibilisation ne s’est pas faite ressentir. Elle est quasiment passée inaperçue au Cameroun pourtant le gouvernement s’est officiellement engagé dans la lutte contre les discours haineux. Malgré des actions ternes pour susciter la prise de conscience, le législateur est allé plus loin en adoptant une disposition de loi réprimant tous ceux qui seront reconnus coupables d’infraction de discours de haine ou de discours tribal. C’est l’occasion pour nous de remettre le sujet au goût du jour. Au regard de l’échange que la Conseillère spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la prévention du génocide, Alice Wairimu Nderitu, a eu avec le presse le 17 juin 2022 en prélude à cette célébration. Selon l’ONU « les tendances alarmantes sont à l’augmentation des discours de haine, du racisme, de la xénophobie, de la misogynie et de la haine dans le monde ». Preuve s’il en est besoin que nous devons tous faire de la lutte contre les discours de haine une lutte sans relâche. A cet effet, dans le plan d’action de l’ONU que nous devons chacun à son niveau mener, il est question de « mobiliser les entreprises, les leaders, le monde de la technologie et des médias sociaux » dans ce combat. Surtout que la stratégie en cours de mise en œuvre dans l’ensemble du système des Nations Unies, pour être efficace, dépend de l’engagement de nombreux acteurs, notamment les gouvernements, la société civile, les entreprises, les médias et les champions individuels. Or, en raison de l’absence de définition internationale, la caractérisation de ce qui est considéré comme propos haineux est parfois controversée et contestée en fonction des contextes mondiaux.

Ainsi, les discours de haine qui n’atteignent pas le seuil d’incitation à la discrimination, à l’hostilité et à la violence pour lequel il existe des normes juridiques sont difficiles à combattre, et restent donc largement répandus en ligne et hors ligne. C’est pourquoi, en l’absence d’une définition académique, les Nations Unies plaident pour que les parties prenantes concernées, adoptent sa définition : « Le discours de haine est tout type de communication par la parole, l’écrit ou le comportement qui attaque ou utilise un langage péjoratif ou discriminatoire en référence à une personne ou un groupe en raison de ce qu’ils sont, sur la base de leur religion, de leur appartenance ethnique, de leur nationalité, de leur race, de leur couleur, de leur ascendance, de leur **** ou d’autres formes d’identité ». Elle est complète et fournit des orientations sur la manière de s’attaquer au discours de haine de manière globale. C’est dire si le discours de haine peut être très dangereux et contribuer à un environnement de dénigrement, de marginalisation, de discrimination et même de violence. Il ne fait pas de doute que la ligne de démarcation entre le discours de haine et le discours tribal est très mince. Ils sont les sources des guerres tribales, ethniques, raciales et religieuses qui conduisent allégrement aux génocides. Evidemment, lorsque le discours de haine commence par des stéréotypes, les gens peuvent le considérer comme inoffensif au départ, mais ce n’est pas toujours le cas. Nous devons nous en préoccuper car il n’existe aucun génocide qui n’ait été précédé d’un discours de haine, aucun génocide qui n’ait été accompagné d’un discours de haine. C’est pourquoi, la tolérance zéro devrait être de règle pour tout ce qui contribue ou est à l’origine des discours de haine ou des stéréotypes ethniques, raciaux ou religieux. Il serait loisible que les autorités camerounaises s’approprient la stratégie et le plan d’action des Nations Unies sur le discours de haine. Cela va permettre de définir un cadre pour s’attaquer au discours de haine de manière holistique, depuis les causes profondes et les griefs qui le motivent jusqu’à son impact sur les victimes et les sociétés.

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