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Monica Semedo réduite au silence


L’eurodéputée voulait tout déballer, mais les services du Parlement européen lui sont tombés dessus avec une promptitude qui surprend le porte-parole de Fokus, Frank Engel.

«C’est la première fois, dans mes souvenirs, qu’en l’espace de deux jours, le Parlement européen réagisse à une émission, diffusée, qui plus est, en luxembourgeois», témoigne Frank Engel, le porte-parole de Fokus. Il y a une dizaine de jours, accompagné de Monica Semedo, il assurait sur les ondes de 100,7 que toute la lumière serait faite sur les procédures qui ont conduit à prononcer une seconde sanction à l’eurodéputée. Sauf que, finalement, non, si elle parle, elle risque de se faire taper une troisième fois sur les doigts.

«Je ne veux pas battre le record de sanctions en un seul mandat», glisse Monica Semedo, en se risquant à un peu d’humour, et cela, personne ne lui interdit. En revanche, les services du Parlement européen lui ont sèchement rappelé qu’elle ne pouvait s’exprimer d’aucune manière sur l’affaire en cours. Si elle n’a jamais contesté sa première sanction, mettant en avant son inexpérience, elle ne peut accepter une seconde fois des faits de harcèlement envers son personnel.

«Je me demande où cette commission va chercher des reproches de harcèlement et comme le dit Frank Engel, devant un tribunal du travail, cela n’aurait aucune valeur», se défend Monica Semedo. Elle a le sentiment d’être victime d’un acharnement de la part du Parlement européen qui la muselle alors qu’elle ne demande qu’à «être transparente».

Une procédure «confidentielle»

On lui demande de respecter le principe de confidentialité, l’affaire étant toujours pendante devant la Cour de justice, saisie par l’eurodéputée pour un recours contre la seconde sanction prononcée.

«Toute cette procédure est qualifiée par le bureau de confidentielle et même de secrète, ce qui n’est pas choquant dans ces circonstances, pour protéger tous les protagonistes, mais on a des sanctions prononcées, sans motivations, en séance publique et le député est censé se taire, même si l’affaire a fait le tour de la presse», critique Frank Engel. L’ancien eurodéputé constate que Monica Semedo «est condamnée, mais dans l’incapacité d’expliquer à ses électeurs ce qu’il s’est passé».

La réponse adressée au Parlement à la suite de deux e-mails explique que l’eurodéputée luxembourgeoise ne peut pas se laisser détruire tout en se taisant. «Nous attendons une réponse, nous ne dévoilons pas de documents et si la conférence de presse leur a déplu, tant pis», lâche Frank Engel en ajoutant «que l’on était plus au temps de l’Inquisition».

Cependant, en bonne intelligence, le porte-parole de Fokus n’a pas envie de livrer bataille contre les services du Parlement «si ça peut être évité». «On n’est pas des crétins d’extrême droite», justifie-t-il.

De son côté, l’eurodéputée sommée de se taire, dit n’avoir «rien à cacher». Elle rappelle avoir évolué au sein d’une équipe pendant plus de quinze ans quand elle travaillait pour RTL. «Je ne suis pas autoritaire, mais chacun devrait faire son devoir», estime-t-elle.

Fokus peut espérer entendre les premières plaidoiries dans ce dossier en avril ou en mai.

Le DP au courant

Puis, il y a cet autre aspect de l’affaire qui dérange et qui surprend au sein de Fokus. Ses responsables ignoraient jusqu’à récemment que dès le début du mandat de Monica Semedo, un conseiller politique du DP avait été employé pour l’épauler. «Il était employé de Monica de 2019 à 2020, il a travaillé chez elle pendant des mois durant les incidents qui ont mené à la première plainte. Tout ce narratif du DP qui dit tomber des nues, ça ne fait plus de sens. Il a été placé par Corinne Cahen, le parti savait tout», en conclut Frank Engel.

Le secrétaire général de l’époque, Claude Lamberty, avait dit que l’affaire était close, après avoir entendu leur élue à Bruxelles. «Puis quelque chose a dû basculer pour que le parti désigne les faits comme graves et s’empresse de dire qu’il ne savait rien de la situation», analyse le porte-parole de Fokus.

Monica Semedo était «déboussolée», parce qu’elle n’y connaissait rien quand elle a débarqué au Parlement européen. «Mais d’après ce que je lis, ces assistants ne faisaient aucun effort et n’y connaissaient pas plus qu’elle, ils n’ont pas trop bougé. À la fin, ce n’est que logique qu’on se retrouve avec des appels de détresse à 21 h parce qu’un dossier n’est pas prêt», défend encore Frank Engel.

«Je veux expliquer beaucoup de choses, mais je n’ai pas le droit de le faire», se lamente l’eurodéputée. Surtout, elle a envie de passer à autre chose et d’aborder enfin la politique.



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